Darkened Nocturn Slaughtercult › Necrovision

Un jour, en France, devant une télévision. Je zappe et je mate la 5 et je tombe comme par hasard sur un reportage franco-allemand. Un groupe joue sur scène, c’est du black metal avec du corpse paint, et une sorte de fantôme japonais au micro, toute blanche de cheveux et de linceul, la bouille, gorge, et le reste repeinte de sang frais bien rouge. QWA ? Je tape sur mon computer et je retrouve des informations et comme un fou j’achète tout, directement au producteur (allemand), une boutique qui en plus de vendre des manuels occultes, des bougies de l’encens et tout vend les CDs dudit groupe au nom aussi, allez quasi aussi imprononçable que les chaussettes de l’archiduchesse pour un pauvre français n’ayant pas saisi l’opportunité formidable de vivre dans un pays anglo-saxon. J’ai depuis longtemps ruminé leurs albums, parus à un rythme régulier depuis plus de dix ans, mais pour tout vous dire, celui qui revient le plus souvent au fourneau c’est celui-ci. Par sa variété, sa puissance évocatrice, même si niveau invention d'eau chaude on reste dans la catégorie d’un black metal très tradi - enfin, si on peut parler de tradition pour du temps aussi court que ça... bref. Mais il y a sur Necrovision, enfin il y a dans ma tête à chaque fois que j’écoute ce disque comme une espèce de film qui se met en branle, je vois Brigitte balancer des flammes grises du haut de la montagne, y a l’armée des morts qui répond en écho, un peu comme si la nana aux dragons du Game of Thrones jouait mieux, avait la tronche de skeletor, et se retrouvait en guest star dans Evil Dead 3, si vous aimez les films (et les dragons). Je ponctue cette chronique de quelques remarques pleines de cuir et d’épée car, en plus de l’évident pouvoir occulte que ce disque a (faut voir mes petits poils quand mes viscères dansent la chamade en même temps que les coups de poignets du guitariste), il y a bien sûr deux pieds dans un imaginaire extrêmement puissant, mettant l’accès au verbe au centre de tout : la puissance, l’incinération de soi en offrande à une chose transcendante, le déplacement des masses dans une direction - celle qu’on a choisi pour eux, car « tel est notre bon plaisir ». Noir d’chez noir, parfois un peu linéaire, épique, armé d’une rythmique tétanisante, d’une voix dont la déliquescence est assez hypnotisante, ponctué de sons synthétiques illustrant éclairs et infrabasses telluriques, cette necrovision est donc bien le bon vieux film noir et fantastique que vous aimez regarder le soir depuis tout jeunot, ici mis en musique - et évidemment mis en scène dans les concerts qu’ils peuvent jouer quand l’administration ne râle pas trop sur les dangers hygiéniques possibles indus par l’hémoglobine dégagée sur scène. Une de mes découvertes les plus attachantes de ces derniers années, dans la catégorie « je trouve sans chercher » ET "black metal".