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Hajime Mizoguchi › Jin-Roh

cd • 22 titres • 52:09 min

  • 1A Monologue2:50
  • 2Jin-Roh Main Theme (Opening Version)2:37
  • 3Dark Star2:06
  • 4Sting0:37
  • 5Mad Black0:47
  • 6Damp0:19
  • 7Gray Black1:09
  • 8Blue Clouds3:01
  • 9Silence & Wind1:19
  • 10Fragrance Rain1:09
  • 11Latest Flame3:01
  • 12Curse2:50
  • 13Pride2:51
  • 14Unit One2:51
  • 15Long Destiny0:57
  • 16The Force3:41
  • 17Keel3:12
  • 18Angel1:34
  • 19Shadow of Rainbow1:36
  • 20Seal2:41
  • 21The Top4:37
  • 22Grace ~ Jin-Roh Main Theme ~ Omega7:18

informations

line up

Yoko Kanno (piano, chant (crédité à Gabriela Robin)), Hajime Mizoguchi (composition, violoncelle), Yoichi Okabe (percussions), Hitoshi Watanabe (basse), Tsuneo Imahori (guitare électrique), Masayoshi Furukawa (guitare acoustique), Keishi Urata (synthétiseurs), Masatsugu Shinzaki Group (cordes), Czech Philharmonic Orchestra, Mario Klemens (chef d'orchestre)

chronique

« Et le loup dévora le petit chaperon rouge… ». Dans la fiction, c’est toujours la fin qui compte le plus. Comment en terminer. Où exactement couper, casser le fil du récit. Pas une minute trop tard, pas un plan superflu, pas un mot de trop. Où doit se faire le noir, à quel timecode doit débuter la musique. A cet égard, la fin de Jin-Roh, "La brigade des loups" en français, film d’animation de Hiroyuki Okiura, collaborateur de Mamoru Oshii qui en signe le scénario, est une des plus saisissantes dont je me souvienne. Dans cette uchronie où le Japon est devenu un pays ultra-sécuritaire, où différentes unités de polices se noyautent dans leur lutte commune contre les « terroristes », c’est ainsi qu’on nomme toute résistance en situation autoritaire, les jeunes filles cachent des bombes sous leurs capuchons. Un peu comme lors de la bataille d’Alger, sous l’innocence et la fragilité apparente se cache une arme de destruction. Et les loups alors ? Les loups sont les hommes bien sûr, les hommes de l’ordre. De quel ordre, rien n’est moins sûr. Et sous leur carapace, reste-t-il une part d’humanité ? Sous le conte du loup et chaperon rouge, une grande mélancolie, la tentation d’un amour impossible, le prédateur fragilisé qui tombe pour la soeur d’une poseuse de bombe qui s’est faite exploser devant lui. Derrière les grandes manoeuvres politiciennes, les coups et les manipulations, un cocon peut-être de sentiments vrais. Mais rien n’est moins sûr. D’ailleurs les contes pour enfants étaient terrifiants, dramatiques, sanglants, avant que Disney, ce vieux facho dans l’âme, ne les enveloppe d’une niaiserie dégoulinante. Le scénario d’Oshii, toujours aussi porté sur les questions politiques et métaphysiques, est tempéré dans son austérité par l’histoire d’amour improbable qui nait entre l’homme-loup et un petit chaperon rouge, dans un monde triste qui n’est pas sans évoquer l’autre côté du rideau de fer, on sait que Oshii affectionne cette Europe de l’Est où il ira tourner son "Avalon". Ca ne peut pas bien se finir. Reste à savoir à quel point. Et surtout sur quelle note conclure. La fin, cette fin impitoyable, terrible, qu’accompagne une mélodie sourde de tristesse, c’est la voix de Yoko Kanno, sous son pseudonyme europhile de Gabriela Robin, qui d’un souffle en tire des larmes inéluctables. Et c’est son compagnon Hajime Mizoguchi, les deux ont déjà travaillé ensemble sur "Vision of Escaflowne", qui compose et arrange toute la bande-originale, dont ce thème principal qui d’un coup explose de sa mélancolie définitive, violoncelle aérien dont les notes s’envolent avec sourde gravité alors que les percussions impriment leur rythme affligé. Bientôt s’y accolent guitare tranchante et choeurs évoquant une atmosphère balkanique, avant de se noyer dans une lamentation orchestrale. Un thème suffisant pour marquer cette conclusion au fer rouge. Juste ce qu’il faut pour ne pas permettre au spectateur de reprendre son souffle, de faire son deuil de l’humanité à laquelle il a, bien naïvement il faut le dire, voulu croire le temps de quelques rendez-vous interlopes entre le loup et le petit chaperon. Le spleen du violoncelle de Mizuguchi plane sur tout le film, parfois en motifs plus illustratifs resserrés sur quelques dizaines de secondes, souvent dans un style oppressant, très sombre, accompagné ou non des cordes de l’Orchestre Symphonique Tchèque. Les quelques percées de lumière, mais toujours teintées d’une tristesse qui sourd, viennent avec une guitare acoustique caressante et des harmonies de cordes plus sereines, aussi du piano de Yoko Kanno, sur « Blue Clouds ». Le ton particulièrement atmopshérique des morceaux, ne recherchant jamais l’emphase même dans les moments les plus dramatiques, fait que la bande-original s’accroche beaucoup à ses images. Il en ressort malgré tout quelques temps forts mélodiquement, quand revient le thème principal cette fois au piano vite doublé de cordes sublimes sur « Pride », on y retrouve la touche du couple sur certains morceaux de Macross Plus. Quelques synthétiseurs apportent parfois une sensation plus orientale et hypnotique, impossible de ne pas penser à certaines compositions de Joe Hisaishi, avec un sens aigu de l’ambiance, qu’elles accompagnent les scènes intimes d’introspection ou celles de violence qui ne tardera pas à se déchainer. Reste que ce qui compte avant tout, c’est la fin. Où comment alors que la narration touche à sa conclusion, des nappes synthétiques et une voix éthérée, comme déjà dans l’autre monde, vient poser son linceul rouge sur le petit chaperon. Et comment éclate une sorte de tempête, de complainte pour l’humanité dévorée par son vieux loup intérieur. Car il faut toujours savoir comment en finir.

note       Publiée le samedi 24 février 2018

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    Dead26 Envoyez un message privé àDead26

    Bien longtemps que j'ai pas ressorti ce cd ni maté cet anime depuis un cycle sur Arte je sais plus quand. Bien belle musique dans mes souvenirs, violoneuse un peu à la Hisaichi oui. Une ost qui s'apprécie encore mieux juste après visionnage de l’œuvre. En dehors c'est ambiance feutrée quasi indissociable des images. Y.Kanno, ce nom. Quelques musiques d'anthologie dans mes souvenirs et aussi pour des films je crois..

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
    avatar

    Ah tiens, j'écoutais cette BO il y a encore quelques heures - juste après avoir posé ma chro de celle de Ghost In The Shell... Belle partition oui, sans doute très inspirée des musiques romantiques (au sens historique, XIXème siècle/début XXème un peu) et peut-être, oui, d'une sorte d'Orient du Milieu (mitteleurasia ?) imaginaire mais pas gaiement fantaisiste. Et quelle fin, ouais, ce film, ouch. (Quel film, aussi... M'avait bien cueilli, vu en salle - à sa sortie (au moins française) il me semble).