Oh oui, c’est compliqué de s’injecter du noir quand le monde entier sourit autour de nous, mais, OK, je remets mon masque de plongée et je regarde la pochette de ce disque : un gars avec deux flingues, qu’il fait passer à travers ses joues et sa bouche. Eh, pourquoi pas ! Sous la contrainte, pourquoi pas, « allez, dans ton nez, et après dans ta bouche, dans ton nez, et après, dans ta bouche ». Putain. Alors Pal, c’est un groupe fondé en France, le pays de la rage, et il distille dans son fond de bong des bouts de metal répétitif, avec des guitares très metal, très matheuses, puis très sludge, puis très noise, et même avec des bouts de black, et balance surtout un malaise qui prend aux tripes dès le début du disque. Donc vous aurez tout, les éviscérations samplées, la voix hurlée, les oscillations entre des riffs power metal du genre Pantera beyond ze couscous et des coups de tête dans l'ampli comme si on se trouvait en Norvège au mauvais endroit, à Brooklyn au mauvais moment. La jeunesse s’emmerde, se fond, petit à petit dans les trous de la nationale 9, on arrive les cigales chantent, les bidons d’huile trainent au bord de la route, bienvenue en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées-Sud ouest de tout, là où le soleil brille et où l’ennui se drape dans l’ombre, la haine n’a plus besoin de tristesse ou d’objectif. Petit à petit, ces groupes français comme Fange ou Cult of Occult ou Pal nous dressent les cheveux et font tourner les viscères. A conseiller donc à toute personne ressentant avec ou sans flingue à portée de main cette sensation de se faire fouiller le corps par le metal froid, sous contrainte donc, mais tout en se plaignant, un regard sur le fond du puits, les jambes qui tremblent. Ça se passe comme ça quand 16 fois tous les jours l’Unsane fiction devient une réalité trop banale.