Hermano › ...Only a Suggestion

Jamais deux sans trois. John Garcia, post-Kyuss, 3.0. Gros riffs grésillants. Rythmique d’asphalte surchauffée. Quelques pillow-lava qui dégorgent des guitares. Meet the new boss, same as the old boss. Le coyote ne bouge pas d’un pouce. Pourquoi il changerait ce mexicano un peu indien, quand on est le patron, c’est les autres qui s’adaptent. Alors, une troupe de bandidos, et c’est reparti le stoner. Reste à voir les compositions. Atmopshère ? Chaleur, lourdeur, la bibine dans la gourde. Et cette voix, toujours la même, que l’âge ne semble pas affecter. Un pur grand cru de la vallée de Napa. Alors les compos ? Moins acérées que Unida. Plus stoner en fait, à la grande joie de ceux qui aiment leur hard du côté du désert, plus pistes poussièreuses que ruban lisse sur lequel glisser les grosses cylindrées. Plus coulis de coups de soleil que de coups de latte, comme l’était la formation précédente de Garcia. Ca tape toujours, mais à coups de rayons lumineux qui font voir des oasis incertains au loin quand ils viennent heurter la surface. Un peu plus psychédélique, un peu moins hardos. A mi-chemin entre les coups de dents d’Unida et les rouleaux compresseurs compressés caniculaires de Slo Burn. Un juste milieu, mais sans tiédeur. Avec des « Yeah ! » comme seul Garcia peut en balancer sans être ridicule, à son âge. Le tout, c’est de sortir des engins qui pourront s’inscrire dans une continuité de grands morceaux. Alors, « Senõr Moreno’s Plan », c’est pas du grand stoner, avec son intro d’orgue et de piano qui drone avant la nuée de riffs météoriques ? Kyuss est mort, mais y a de beaux restes, faudrait pas croire que tout tenait sur un certain guitar-hero rouquin ou sur un batteur laid-back. Garcia c’est el jeffe, el patron, si si senõr. Pas entouré de manchots non plus, on leur demande pas de faire autre chose que le style du boss, que du classique, rien de fourré. D’ailleurs, à l’époque où ces titres sont enregistrés, Unida reste le projet principal de Garcia, celui qui aurait du le re-propulser au sommet. Manque de bol. Reste donc Hermano pour les jours où il ne bosse pas en centre vétérinaire (son job alimentaire pendant les années de disette musicale), et pour palier au manque du plus grand groupe de l’univers, dont les membres éclatés semblent ne jamais vouloir en remettre une couche (de lave). Alors vas-y groovy « 5 to 5 », pas là pour faire le malin, Senõr Garcia n’a pas besoin d’enfiler un masque pour faire rugir le Tonnerre au dessus des haciendas, relever ce « Nick’s Yea » à base de tabasco, sans parler de l’effet irrémédiablement sexuel de la voix du coyote qui perce la chape comme en quarante, bien mâle et bien rugueuse. Comment il fait pour être aussi bon quelque soit la formation qui l’accompagne ? Aucune idée. Mais c’est sûr, cet homme du désert est un animal.