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Fratoroler › What!

  • 2016 • SynGate CD-r FR05 • 1 CD

cd • 4 titres • 68:23 min

  • 1Okklusion 17:15
  • 2Lapsang Souchong 13:24
  • 3Scoville 21:35
  • 4Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch 16:09

informations

On peut avoir des informations supplémentaires sur cet album, de même qu'entendre des extraits, en visitant le lien Bandcamp suivant: https://syngate.bandcamp.com/album/what

line up

Frank Rothe et Thomas Köhler (Synthétiseurs Access Virus, Waldof Q et Kurzweil K 2500, séquenceurs Schrittmacher et clavier Memotron)

chronique

Fratoroler est devenu ce genre de groupe, un peu comme Perge ou Arcane, dont on attend impatiemment la suite des évènements. Depuis Reflections, paru en 2010, ce projet qui réunit Thomas Köhler et Frank Rothe, la moitié de Filter-Kaffee, ne cesse de progresser avec une série d'albums dont le point de maturité fut atteint avec le fascinant Nano paru en 2014. “What!” est un 5ième album. Un album qui transcende les 4 premiers parce que Fratoroler effleure subtilement les essences du néo-Krautrock tout en restant bien encadré dans ses racines de Berlin School rétro. Et ceux qui aime le genre seront ravi d'entendre 4 longs titres qui change subtilement de peau, même de leur phase minimaliste, où les séquences dominent des ambiances qui cherchent à fuir les origines de la Berlin School.
Et que serait un album, une musique de Fratoroler sans ces ouvertures nébuleuses où les sons perdent un peu de leur virginalité? C'est donc dans une ambiance industrielle où les souffles et bourdonnements règnent parmi des cognements et les frissonnements des chaines que s'ouvre "Okklusion". Une pulsation quelque peu sournoise s'élève de ce tintamarre d'usine, de même que des percussions babyloniennes. L'introduction cogite entre une approche cinématographique et une autre plus électronique à mesure que le synthé lance une longue nappe plaintive qui larmoie autour d'accords penseurs d'un clavier. Et une splendide ligne de séquences des années vintage s'échappe autour des 130 secondes. Le mouvement est fluide et vif, oscillant à bonne vitesse sous les caresses d'une harmonie flûtée et d'une autre ligne de séquences avec des ions secs qui strient le rythme électronique de "Okklusion". Nous sommes dans les territoires d'une Berlin School rétro réinventée avec de beaux effets électroniques, notamment des gaz de vapeurs, des harmonies et des brumes de Mellotron ainsi que des percussions crotales qui ornent le rythme délicatement nuancé de "Okklusion". Le synthé lance des solos aussi ensorceleurs que les flûtes de ces charmeurs de serpents soniques qui envahissent trop souvent nos émotions. Et plus on avance et plus "Okklusion" tombe un peu dans le Krautrock avec des riffs de guitare, une lourdeur métallique et des tonalités psychotroniques qui le sort de son lit Berliner électronique. Un très bon titre qui nous met les oreilles en appétit! "Lapsang Souchong" offre une approche plus minimaliste, après ses 2 minutes d'ambiances carboniques, avec une ligne de séquences qui fait dandiner 6 ions paisibles devant une autre approche de séquences qui tintent comme des clochettes en céramique. Calme, le mouvement n'en demeure pas moins séduisant à l'oreille avec cette ligne de rythme statique qui répond à ses ombres, qui monte et descend sous des effets électroniques, des accords de guitares pensifs et des solos de synthé très aériens. On reste facilement dans un état d'hypnose pour une bonne dizaine de minutes.
Un long titre proposé en 4 phases évolutives, "Scoville" présente une longue intro d'ambiances où rôdent quelques percussions crotales, comme un serpent qui émiette son squelette, dans un cosmos rempli d'effets électroniques, de woosh et de vents creux. Un mouvement de séquences fait sautiller des ions un peu après la barre des 6 minutes. Aussitôt, le rythme prend forme avec une pulsation sourde et résonnante qui pilonne un rythme statique sous les chants d'un synthé hybride et de ses harmonies autant nasillardes que symphoniques, rappelant les trompettes des années vintage de Tangerine Dream. Le mouvement pulsatoire n'est plus statique. Il offre une structure de galop une minute plus tard. Suivant une évolution qui épouse la courbe de notre désir les ions se déchaînent tranquillement dans une figure délicieusement anarchique, créant une rythmique toujours aussi statique mais furieusement entraînante si nos doigts suivent l'imagination d'un rodéo d'un troupeau de chevaux sauvages que l'on dessine dans notre tête. Les ambiances qui cernent ce mouvement difficile à décrire sont soutirées aux années d'or de la MÉ, notamment les formes d'harmonies crépusculaires de la période Ricochet et Phaedra de l'on sait qui. "Scoville" atteint son point de saturation autour des 13 minutes, empruntant un corridor d'ambiances assez près de sa longue ouverture, voix et effets électroniques de magma bouillonnant en plus. Un autre mouvement de séquences, plus fluide et plus vivant, apparait 90 secondes plus loin, plongeant "Scoville" dans un mouvement de rythme électronique plus contemporain, tant au niveau des séquences que des ambiances et des chants de synthé. Après son introduction d'ambiances louches et glauques nourries de nappes flottantes et de vents sombres où se vautrent des voix étouffées, des bruits électroniques et d'autres bruits sortis des enfers "Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch" (“What!”) propose une structure minimaliste qui marche sur le lit des abysses. Une ligne de séquences étale 3 ions qui sautillent lourdement et sournoisement dans une structure d'ambiances mortuaires idéales pour le genre de film où le maniaque sème la terreur auprès d'une victime errant dans un couloir sans issues. Ça fait aussi bien Redshift que John Carpenter avec un mouvement très noir dont la vélocité s'accroit avec l'ajout d'une autre ligne de séquences plus limpide et plus musicale qui tinte et sautille dans une structure de rythme très en contraste avec l'approche minimaliste primaire. Et si le rythme change quelque peu, les ambiances sont toujours aussi noires, toujours aussi aux portes de l'effroi.
Pour ce subtil mélange de MÉ cinématographique noire et de Berlin School trempée dans le néo-Krautrock, “What!” sera un album dominant en 2016. Fratoroler remplit nos oreilles et nos sens d'une musique qui refuse les compromis en surfant hors des limites de genres musicaux qui attirent nos passions. Et c'est le plus grand charme de “What!”; verser dans l'inattendu tout en restant près de l'identité que l'on lui a connu. Un grand album qui vous séduira encore et toujours à chaque écoute!

note       Publiée le vendredi 20 mai 2016

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