Il fait moite et ça sent le clochard là dedans. Des cuirs, de la sueur, des plafonniers qui marchent au hasard. A ma droite un type avec des favoris commande une Suze. La patronne, tout droit sortie du film Seul Contre Tous, me file un demi pas bien cher. J’essaye d’engager la conversation avec une fille aussi balèze que le camion garé devant, sans succès. Je me sens comme un extra terrestre là dedans, avec ma chemise qui ressort du col de mon pull en V. Et putain, j’ai pris une douche y’a une heure. Par dépit, je me colle devant la scène (disons le bout de carrelage où traîne un paquet de pédale et une batterie famélique), où un gosse de quatre ans fait le mariole avec des gens qui semblent prendre trop de drogues. Une gonzesse débarque avec une basse et un clodo se colle derrière la batterie. Sans trop rien dire, un gros parpaing m'atterri simultanément sur la gueule et les épaules. Un mur de distorsion écrasant sur un rythme intégralement teubé d’une lenteur impossible. C'est ça aussi, le Terminus bar : le dernier PMU avant la fin du monde ; quand tu arrives tu le regrettes, quand tu repars t'as envie de revenir. A ce moment précis, Monarch n’est plus qu’un duo, et ils font des reprises de Things Viral - ce que confirme l’album dont je suis en train de vous parler, qui combine le drone doom ultra sick mega lent avec des plages interminables d’arpèges malades infra caverneux du fond là bas. L’expérience live Juciferienne s’ouvre sur des perspectives pop que je n’avais alors pas bien perçu : des mélodies (oui, vous avez bien lu) simples, jouées simplement à une vitesse hors du temps, et sur une basse plus grave que grave. Le chant hurlé ou heavenly (inaudible lors de l’expérience réelle) n’invite ni à la torture ni au voyage, ni à quelque chose de fantasmatique. Il ponctue, simplement ; donne un peu de relief, sans plus - plus, ce serait inutile de toute façon. Bismuth (oui, moi aussi j’y ai pensé), et c’est assez formidable pour être précisé, apporte un peu de fraîcheur à ce style archi balisé et fermé (coucou Bunkur) tout en étant implacablement classique. Merde alors, à quoi ça tient ? Au son, épais et bourré d’effets, excessif et pourtant bizarrement… limpide ? (James Plotkin au mastering) Au bon goût de ne pas trop en faire ? Je ne sais plus quel internaute refaisait la blague du bon chasseur et du mauvais, à propos du drone doom, du “drone” en général ; sauf qu’ici, vous êtes à genoux la tête collée sur le bout du canon de la chevrotine. Bon ou mauvais, ça va être difficile de vous rater.