Difficile de donner une définition du raism tant est qu’il y en ait une; amusez-vous donc à traduire les notes de la pochette pour voir (‘The church of raism has comme to perpetuate the mulatto trident and disclose a runic underground poised in pincers, to exorcise the senescent sack, to usurp the catamenial diocese and vandalise the hidebound human trough whilst extolling pansexual necrolatory', etc, etc). On doit ce terme à l’écrivain ésotérique James Williamson (de son nom de plume James Havoc) qui a publié en 1989 un livre traçant une chronique des meurtres présumés commis par Gilles de Rais portant ce titre. Fêtard et alcoolique notoire, versé dans les arts occultes et le sexe, le mystérieux personnage paraît haut en couleur et ‘gère’, non sans un certain humour noir, la maison d’édition Creation Books. Comme Guts of Darkness n’est nullement un site littéraire bien que la chronique y soit reine, la présence de cet homme étrange tient donc à l’unique album de son groupe, Church of Raism, mené en compagnie de Rose McDowall (décidément à chaque fois de la partie quand il s’agit de bizarreries), Robert Young (Primal Scream) et Martin Duffy (Primal Scream, the Charlatans…). Amis de Current 93, Coil ou Nurse with Wounds, soyez les bienvenus, c’est à vous que s’adresse ce disque, extrêmement dépouillé et expérimental dans sa conception. Court (pas même une demi-heure pour huit compositions, la dernière atteignant presque les douze minutes à elle-seule), il se présente avant tout comme une collection de pièces tordues, grinçantes, maladives, qui ont tout d’une B.O. pour un film de la Hammer version X tourné sous LSD (‘Shade sickness’, ‘Crimes against pussycat’). Peu de musique au sens mélodique du terme, exception faite de ‘Assassination of liberty’, petit interlude au piano, ‘Night scar’ chanté par Rose et évoquant très très fort ses collaborations avec Current 93, la confrontation du chant innocent avec des sonorités grinçantes sur fond d’indus folk, idem sur ‘Venus mass immemmorial’. N’oublions pas que Havoc est écrivain, la récitation joue donc un rôle important également, la musique servant de prétexte et de support à la lecture (‘Ditchfinder’, Caustic descent’). ‘Dogstar pact’ va plus loin encore dans une forme ritualisée, avec percussions, une voix psalmodiant qui n’est pas sans rappeler celle de Aleister Crawley mais n’étant pas un spécialiste, je ne pourrais le jurer. Très peu d’éléments, subtilement mêlés, conduisent à des ambiances jamais franchement terrifiantes, ni même dérangeantes, et pourtant... Nous sommes loin de l’extrémisme de Current 93 ou de l’expérimentalisme total de Nurse with Wounds, plutôt quelque part à la croisée des deux…Le surréalisme fait chair, l’occultisme sexuel sous drogues.