‘Jugé par Dieu’, ‘Des flingues et des poignards’…Voilà qui n’augurent pas de paisibles auspices. Veil of Light est un one-band suisse crée par M (nous n’en saurons pas plus si ce n’est qu’il ne s’agit pas de Matthieu Chedid fuyant les impôts) qui joue une cold wave particulièrement hantée et tranchante sur ce EP, quelque part entre Suicide, Joy Division et les Cure pornographiques. Suite à ma première ligne, je trouve d’ailleurs que l’album suit une progression; ‘Judged by God’ est un morceau au beat sec évoquant un Joy Division égaré dans un brouillard aux effluves toxiques, avec vocaux sombres, lointains, spectraux, en quête peut-être d’un rai de lueur que même quelques fugaces synthés ne parviennent pas à libérer. Plus dur encore, ‘Guns and knives’ s’axe sur une rythmique évoquant volontiers Suicide mais avec des éclairs tranchants de guitare et de fausses accalmies…Et toujours ce chant au loin. La menace atteint son pic, la suite de la chanson flirte carrément ouvertement avec le goth. ‘Talisman’ porte bien son nom et sa place tant il est plus mélancolique et apaisant, comme si une forme de magie était la protection face à la violence et la cruauté évoquées lors de la première face du disque. On songera volontiers aux Cure, ceux qui errent entre ‘Faith’ et ‘Pornography’, car M s’inspire mais sait arranger les choses à sa manière, marquer les influences du sceau de sa propre identité avec un véritable panache. Un EP à l’image de sa couverture, empli de violence, de douleur, mais non dénué d’un espoir de lumière…4,5/6