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Gevende › Ev

cd • 9 titres • 43:02 min

  • 1Çelik Çomak3:52
  • 2Refik4:00
  • 3Nem6:29
  • 4Nayu4:22
  • 5Okyanus Düğünü4:09 [adaptation du Canon de Pachelbel]
  • 6Anonim5:06
  • 7Gözağrı4:06
  • 8Sermest3:43
  • 9Şeker6:37

extraits vidéo

informations

Produit par Sinan Sakızlı. Enregistré à Stüdyo Baykuş.

line up

Ahmet Kenan Bilgiç (chant, guitares électriques et acoustiques, e-bow), Ömer Öztüyen (alto, choeurs), Can Ömer Uygan (trompette, choeurs), Okan Kaya (basse, cümbüş, melodica, guitares acoustique, choeurs), Gökçe Gürçay (batterie, choeurs)

Musiciens additionnels : Arda Yiğit Bulut (enfant narrateur 9), Cenk Erdoğan (tuneless guitar 4), Çetin Erlik (percussions 2), Ertan Şahin (tuba 1, 2), Gülşah Erol (violoncelle 4, 5), Izzet Kızıl (percussions 1, 8, 9), Murat Ferhat Yegül (trombone 1, 2, 6, ney 3), PinRada (didgeridoo 8), Serdar Pazarcıoğlu (keman 8), Sinan Sakızlı (saxophones alto & soprano 1, 6, guitare acoustique 9)

chronique

  • fusion prog/jazz/classique orientale

Parfois, on ne comprend pas les paroles. Souvent, le sens est subordonné au son. Même en parlant Turc couramment, impossible de saisir ce que Ahmet Kenan Bilgiç raconte. Parce qu’il raconte avec des mots qui n’existent pas. Une glossolalie orientale qui fait de Gevende la formation la plus singulière sortie de l’underground d’Istanbul dans les années deux-mille. Si ce n’était que ça. Gevende trace des traits d’union entre la musique classique turque et les orchestres de bal balkanique. En outre, ça joue comme un groupe de rock progressif contemporain avec une touche de fusion jazz électrique. Impossible de les situer sur une quelconque carte. Comme « Ev » signifie « maison », entrer chez eux c’est lâcher prise sur ce qu’on croit savoir sur les gitans et les musiciens du Divan. De toute façon la Turquie est un immense bordel. La musique de Gevende aussi. Après quelques mots de bienvenue, en Turc, c’est la plongée dans la spirale balkanique de l’inconnu, des cuivres et des cordes qui entrent en éruption, des rythmes qui se cassent et se concassent, d’une trompette aérienne qui signe le son du groupe, de percussions en onomatopées. Ça clignote dans tous les sens les clings et les clangs, ça vire d’Andalousie à l’Anatolie sur des rythmiques entrainantes dictées par ce chant à la langue venue de nulle-part, la chorale du joueur de trompette de Hamelin pour trainer les convives vers un pays apocryphe, groovant sur des styles enchassés avec une agilité déconcertante. La fête n’étant pas toujours de mise, des volutes de cordes classiques laissant place à des atmosphères plus sourdes, plus dramatiques, batterie compliquée, guitares acérées, la silhouette de la plus grande période du roi pourpre se laisse entrevoir dans les strates soniques de Gevende, tout comme un certain jazz scandinave glacial. Oh, non, ce n’est pas toujours la fête chez ces drôles d’oiseaux-là, survolant les plaines d’Anatolie où on peut encore entendre les ondes portées des instruments traditionnels glissant le long des dissonances de guitares électriques et les soupirs de la trompette. Un chaos ré-organisé en monumental et intimidant amas de rock progressif oriental. Même le folk est rendu intrinsèquement étranger, baigné qu’il est par cette langue indéchiffrable et par des arrangements soudain grandioses, digne d’être joué dans un temple, ou la crypte d’un ordre cosmique secret. Salut à la tradition classique de l’Occident, une ré-interprétation du Canon de Pachelbel, un peu la tarte à la crème du genre, entame un moment la singularité du voyage, mais les polyphonies cérémonielles de « Anomin », annonçant un violon pleurant comme sur les rives de la Mer Noire, ré-enclenchent la magie du vagabondage, bientôt foudroyé par la beauté de cuivres scintillants, puis leur violence non contenue sur « Gözağrı » où se succèdent solo sur solo. Sur « Sermest », les scansions progressives de la rythmique ouvrent la voie à la folie vocale du chanteur-guitariste, lâchant la bride aux marques les plus excentriques des seventies (le roi pourpre, Miles, un certain orchestre voué à une déesse indienne), avec une énergie vitale et une maestria affolante. Le repos sera trouvé dans un mélancolique mélodica, une voix d’enfant narrant une histoire que seul les Turcs pourront comprendre cette fois, peut-être tirée d’un film. Retour à la maison ? On dirait bien, avec ce saz si familier, si chaleureux, ce balancement marin qui berce les corps hyper-actifs des étranges compagnons de Gevende. Un retour dans leur bien étrange maison.

note       Publiée le mercredi 7 décembre 2016

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    je mettrais bien le SC3 pour changer en recommendation; assez zornien sur les parties moins orientales. et assez sudamericain, aussi. une petite derniere veloutée et magnifique, Radikal Satan et Augustus pablo jamme au ralenti en regardant le ciel place taksim. Un melange qui passe deja bien.

    Note donnée au disque :       
    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    Alléchant, intriguant.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Merci ! J'espère faire envie aussi sur le suivant, qui est une tuerie.

    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    Hé, ça donne vachement envie ! Très belle chronique.