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Tallis      lundi 14 octobre 2019 - 14:50
Saïmone      samedi 2 avril 2016 - 13:00
Klarinetthor      vendredi 1 avril 2016 - 21:26

cd • 17 titres • 60:23 min

  • 1Meydan Sizindir3:39 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 2Yaz Gazeteci Yaz2:45 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 3Mehmet Emmi3:21 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 4Nasırlı Eller3:38
  • 5İnce İnce3:42 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 6Yine Haber Gelmiş4:54 [reprise de Neşet Ertaş]
  • 7Yaylalar3:48
  • 8Dam Üstüne Çulserer3:47
  • 9Dost Uyan3:02 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 10Gitme4:12 [reprise de Neşet Ertaş]
  • 11Niye Çattın Kaşlarını3:15 [reprise de Neşet Ertaş]
  • 12Kızıl Dere3:41 [reprise de Aşık İhsani]
  • Bonus tracks
  • 13Utan Utan2:52 [reprise de Muhlis Akarsu]
  • 14Karaoğlan4:00 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 15Eco'ya Donder Beni2:57
  • 16Selda & Kardaşlar - Anayasso3:03
  • 17Nem Kaldı3:47 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]

informations

Enregistré à Studio Şat, Studio Elektronik et Yeni Studio.

Les titres bonus 13 à 15 sont extraits de l'album suivant, les 16 et 17 de deux single datant de 1974.

line up

Selda (chant, guitare acoustique), Cahit Berkay (saz 12), Zafer Dilek (production), Mehmet Gözüpek (batterie 1 à 3-5-7-9 à 11-17), Seyhan Karabay (basse 16), Arif Sağ (bağlama), Hüseyin Sultanoğlu (batterie 16), Fehiman Uğurdemir (guitares, saz, claviers 1 à 3-5-7-9 à 11-16-17), Özkan Uğur (basse 1 à 3-5-7-9 à 11-17), Engin Yörükoğlu (batterie, percussions 12), Attila Özdemiroğlu (arrangements, vibraphone, violon, flute, trombone 4, 8), Şanar Yurdatapan (arrangements, basse 4, 8), Cezmi Başeğmez (batterie 4, 8), Hurşid Yenigün (guitare 4, 8), Metin Çotal (piano, orgue, trombone, 4, 8)

Musiciens additionnels : Kardaşlar, Moğollar, Dadaşlar, Dün Bugün Yarın

chronique

Selda Bağcan est avant tout une folkeuse. Guitare sèche avec voix, et quelle voix, et les chansons des grands maîtres les plus véhéments et d’une certaine tradition. Elle en met un paquet sur galettes de vinyle, 45 tours uniquement. Elle croise aussi Moğollar, les fondateurs de l’Anatolian Pop telle qu’elle se développe dans les années soixante-dix, mais elle n’y viendra que progressivement, par petite touches, une collaboration avec Kardaşlar sur la route, jusqu’à ce premier album. Et là, Selda Bağcan va s’engouffrer dans une brèche ouverte et y donner un bon gros coup de patte. Des reprises d’Aşık Mahzuni Şerif et de Neşet Ertaş principalement, comme le veut la tradition folk, des chanteurs contestataires portés à bout de voix par cette incroyable petite femme qui n’a pas peur d’en prendre plein la gueule (ce qui ne manquera pas d'arriver dans les années à venir). Avec la crème de la scène d’Istanbul : Zafer Dilek à la production, le virtuose du bağlama Arif Sağ, deux membres de Moğollar sur un titre et puis en backing-band d’exception, les fameux Dadaşlar habituellement dévoués à Ersen Dinleten, portés par un musicien visionnaire, Fehiman Uğurdemir, véritable Zelig de l’Anatolian Pop aussi vu aux côtés de Cem Karaca et Barış Manço, incroyable guitariste psyché également intéressé par les nouveaux sons de synthés analogiques. Autant dire que tout est réuni pour marquer le coup. A l’image du premier album de Moğollar, la pochette ne pourrait pas beaucoup plus induire en erreur. Des chansons guitare en bois/voix, il n’y en a pour ainsi dire pas ici. Les trois titres en ouverture tonnent le ton. D’abord grosse reverb sur le chant puis riffs trempés dans l’acide, le folk d’Aşık Mahzuni Şerif est plongé dans un bain psyché dont il ressort transfiguré pour alpaguer la jeunesse turque, penétrer dans son cerveau et en faire surgir un devenir révolutionnaire. Sans oublier, dès le deuxième morceau, les synthés qui ouvrent en bondissements le grand bal de la T-funk ! Oui, le rapprochement est pour le moins tiré par les cheveux mais quand même, cette putain de rythmique qui invite à onduler son cul entre chaque logorrhée lancé par une Selda au chant moins technique que de pure énergie, énergie à l’inflexion de pure insurrection, n’a-t-elle pas quelques chose à voir avec le funk futuriste de certains noirs américains, eux aussi tournés vers l’espace ? Et les ponctuations de basse bien lourde et hard sur l’irrésistible Mehmet Emmi, entre deux soli de bağlama, c’est pas du coup de poing sur la table ? La quintessence du rock psyché oriental, oui, avec une vocaliste pas prêt à lâcher une once de terrain, avec son armée de riffs déchirant le ciel d’Istanbul. Autres accompagnants, autres ambiances, tel ce « Nasirli Eller » tout enveloppé de cuivres et de cordes, au premier abord pop assez kitsch qui attirera les commentaires les plus chargés de préjugés (le premier qui dit loukoum ou turkish delights se prend un pain), mais ne serait-ce cette fin de refrain assez tragique et accompagnée d’étranges bourrasques cosmiques, spage-age pop peut-être, mais dont la grandiloquence presque sci-fi fait contraste avec ce qui l’a précédée et ce qui va suivre. Et mes aïeux jusqu’à la septième génération, ce qui suit c’est le riff des riffs psyché, celui-là même qu'on retrouve entre autre sur l’ouverture de « The Ecstatic » de Mos Def, c’est Fehiman Uğurdemir qui dégaine et tire pile entre les deux yeux, laissant place nette pour l’interprétation habitée, squattée, du « İnce İnce » de Mahzuni Şerif, celle qui fait de la complainte un chant de combat. Qui l’entendra ne serait-ce qu’une fois ne l’oubliera jamais. Et comme pour marquer le coup, Selda reprend ensuite un morceau de Neşet Ertaş dans une version au plus près de l’originale, bağlama et chant comme un souffle de désespoir, de souffrance expurgée aux vents, le contraste n’en est que plus saisissant, la beauté, la puissance de son chant d’autant plus évidente. Elle n’a pas besoin de l’Anatolian Pop pour se cacher derrière, elle l’utilise simplement parce que c’est alors une force musicale progressiste, le rock venu de l’Occident, les nouvelles techniques électroniques, le futur appartient à la jeunesse, elle ira ainsi de l’avant, montrant une voie à suivre. Quoi dire encore ? Que les gémissements synthétiques de « Yaylalar » sont à rendre fou tellement, rétrospectivement, on se demande pourquoi Dr. Dre ne les a pas samplé quand il concoctait « The Chronic ». Que la mélancolique pop orchestrale de « Dam Üstüne Çulserer » offre un contrepoint parfait à tout ce qui a précédé, que ses débordements de claviers lui confèrent encore aujourd’hui une étrangeté spatiale. Qu’il y a encore plus de riffs acérés à venir, tranchant le folk traditionnel de sonorités irisées, que Selda n’aura de cesse de faire trembler sa voix pour faire trembler les âmes, que les expérimentations de Dadaşlar tendent parfois vers un mélange improbable entre Hawkwind et Parliament. Qu’à la fin de l’album, la chanteuse évoque la mort de Mahir Çayan et ses compagnons, militants d’extrême-gauche, sur un tapis tressé par les deux membres alors subsistants de Moğollar, un folk turc moderne qui la ramène vers des rives plus acoustiques, desquelles se dessineront son album suivant sorti dans la foulée et dont sont issus les trois morceaux suivants sur la réédition de 2006. Il sera bien assez tôt de les évoquer alors. Reste deux autres bonus, eux indispensables, tirés de single sortis deux ans plus tôt : « Anayasso » brûlot politique enregistré avec Kardaşlar, soit le groupe précédent de Fehiman Uğurdemir, où la voix de Selda se fait d’une douceur inhabituelle, accompagnée par son choeur masculin, et une version incroyable de « Nem Kaldı », encore un classique de Mahzuni Şerif également repris par Cem Karaca, à nouveau ou plutôt déjà avec Dadaşlar, avec un ce fond de guitare funky à mort, impossible de dire autrement. Quoi ajouter encore ? Rien. Juste écouter encore cette voix que rien ne fera plus taire.

note       Publiée le vendredi 1 avril 2016

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Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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Il reste un exemplaire à 334€ de l’édition originale. Un vendeur australien. État pas terrible en plus. « Plays better than it looks ». Quel délire !

Ils ont tous dû être réédités en plus ces disques.

Message édité le 27-08-2022 à 10:57 par Rastignac

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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450€, bah ils se font pas chier pour un vinyle Türküola d'époque j'imagine ! Mais non, faut pas passer son tour, nul besoin de parler turc pour être saisi (est-ce que je parle turc moi ? Bon enfin un chouia plus à l'époque de la chro c'est sûr). Tu peux aller voir aussi du côté de Erkin Koray, Barış Manço ou Moğollar (samplé par Amon Tobin sur Out From Out Where, d'ailleurs), cette scène était incroyablement riche. Même sans en saisir tous les aboutissements ni la poésie (beaucoup de poésie dans les paroles), la musique reste universellement accessible, comme en témoigne le succès d'un groupe comme Altın Gün aujourd'hui. Sinon pour cet album, les amateurs de vinyles devraient plutôt se pencher sur la réédition récente de Pharaway (sans les bonus track donc, collé ici un peu à la zob par Finders Keepers, un label, euh, cf plus bas).

Message édité le 26-08-2022 à 20:59 par (N°6)

Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Un vinyle d'une chanteuse Turque de 1976 vendu 450€ sur Discogs ça m'a déjà étonné. Mais quand je trouve par hasard quelques jours plus tard la critique de l'album sur Guts alors là faut que j'écoute ce miracle. Nous ne sommes plus en 1976 et je ne parle pas Turque donc il m'est difficile d'apprécier cette musique. Mais il est probable que ce fût un choc pour les concitoyens de Selda en découvrant sa voix à l'époque. Pour ma part, c'est un peu trop éloigné de ma culture, je passe mon tour bien que l'écoute soit tout à fait agréable.

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Oui, je me demande si le pressing d'origine était meilleur que la réédition assez approximative par Finder Keepers (label de voleurs, cf la discussion plus bas). Après, j'avoue que comme Yine Haber Gelmis (on attend toujours de pouvoir écrire les caractères spéciaux dans les coms) est le seul morceau interprété de façon traditionnelle, ça fait presque comme un voile métaphorique, genre chanson venue du fond des temps (alors que bon pas du tout, Neset Ertas était bien un asik contemporain). L'avoir vu en concert il y a quelques années avec Boom Pam, un groupe de Tel-Aviv recréant les instrus explosives de l'époque, restera un de mes plus grands souvenirs.

Tallis Envoyez un message privé àTallis

Bon, pour ce qui est de la qualité sonore, on repassera (c'est particulièrement pénible sur le très dépouillé Yine Haber Gelmi? ). Pour le reste, cet album bute. Et quelle voix de guerrière !

Note donnée au disque :