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Ersen › Ersen
- 2008 • Finders Keepers Records FKR016CD • 1 CD
cd • 16 titres • 59:15 min
- 1Moğollar - Ternek2:37
- 2Ersen & Kardaşlar - Güneşe Dön Çiçeğim3:41
- 3Kozan Dağı3:57
- 4Beni Hor Görme Kardeşim4:00 [reprise de Aşık Veysel]
- 5Ersen ve Dadaşlar - Güzele Bak Güzele4:02
- 6Ersen & Kardaşlar - Yine Seni Tanirim4:45
- 7Garip Gönlüm3:34
- 8Ersen & Kardaşlar - Metelik3:32
- 9Sor Kendine2:58
- 10Ersen ve Dadaşlar - Dostlar Beni Hatırlasın3:47 [reprise de Aşık Veysel]
- 11Dertli Kaval3:47
- 12Ersen ve Dadaşlar - Gazan Mübarek Olsun4:00
- 13Ersen & Kardaşlar - Cakmağı Çak3:28
- 14Ersen ve Dadaşlar - Bir Ayrılık Bir Yoksulluk Bir Ölum4:20 [adaptation de Karacaoğlan]
- 15Ersen ve Dadaşlar - Gafil Gezme Şaşkın3:31 [adaptation de Pir Sultan Abdal]
- 16Ersen ve Dadaşlar - Zalım3:16 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
informations
Je suis pas chien, je vous file l'ordre dans lequel il faut mettre les titres pour apprécier à sa juste mesure la discographie de Ersen : 1, 11, 4, 3, 9, 7, 13, 2, 8, 6, 14, 10, 15, 5, 16 et le numéro complémentaire, 12.
line up
Ersen (chant, violon 1), 3 Hür-El (4, 11), Cahit Berkay (instruments à cordes 1, 7, 9), Ünol Büyükgönenç (guitares électriques et acoustiques, mandoline 2, 6, 8, 13), Ayzer Danga (batterie 7, 9), Kılıç Danışman (claviers, arrangement de cordes 5, 10, 14, 16), Zafer Dilek (bağlama 3), Mehmet Gözüpek (batterie 5, 10, 14, 15, 16), Seyhan Karabay (basse, 2, 6, 8, 13, basse, guitare acoustique, iklig 3), Taner Öngür (basse 1, 3, 7, 9, 10 14), Murat Ses (clavier 1), Hüseyin Sultanoğlu (batterie, bongos 3), Cengiz Teoman (batterie 2, 6, 8, 13), Fehiman Uğurdemir (production, guitare électrique, saz électrique, claviers 2, 5, 6, 8, 10, 12, 13, 14, 15, 16), Özkan Uğur (basse, guitare, saz 5, 15, 16), Engin Yörükoğlu (batterie 1)
chronique
- anatolian pop géniale
Ce qui est fascinant en se plongeant dans la discographie des années soixante-dix de Ersen Dinleten, composée uniquement de singles, c’est qu’elle constitue un véritable voyage à travers l’Anatolian Pop et son évolution, à laquelle il va activement participer. C’est l’aspect génial avec cette compilation, par ailleurs un peu tracklistée avec le cul. C’est pas parce qu’à l’époque on faisait des compiles de singles dans le désordre qu’il faut faire pareil quand on pond ce genre d’édition. Peut-être la peur que le hipster moyen attiré par le joli sticker sur la pochette ne s’ennuie si on ne sort pas directement les gros riffs psychés et funky promis sur l’étiquette (qui racole n’importe comment en usant du terme « arabesque » qui n’a strictement rien à foutre là). Ersen, c’est encore plus bordel que n’importe quel autre chanteur de l’époque, alors autant y mettre de l’ordre. Avec sa voix de velours, il aurait normalement du connaitre une carrière de crooner de charme et on n’en parle plus. Mais très vite ses goûts vont se tourner vers tout ce que l’Anatolian Pop comporte de plus ambitieux, croisant la route des plus importantes formations de la scène, enregistrant avec chacune d’elles une poignée de singles. De fait, sa musique va évoluer d’un folk-rock illuminé en tant que vocaliste pour Moğollar à un son beaucoup plus psychédélique avec Kardaşlar, le groupe fondé par Cem Karaca, pour arriver à une musique aux accents funk et prog avec de grosses couches de synthés analogiques alors qu’il constitue son propre groupe, le légendaire Dadaşlar, émanation directe du précédent et backing-band sur le premier album de Selda, dont le multi-instrumentiste Fehiman Uğurdemir, maitre du riff acide et acéré et bidouilleur de synthés, sera son partenaire le plus précieux au fil des ans. Des grincements de son violon sur « Ternek » jusqu’à la soul progressive de « Gazan Mübarek Olsun », la musique d’Ersen Dinleten n’aura cessé de muter, de prendre toutes les formes par lesquelles l’Anatolian Pop va se transformer, au point que le cliché voudra que Ersen soit un caméléon, analogie renforcée par les changements de look parfois improbables qu’il arborera au cours de la décennie. Mais malgré tout, sa singularité reste forte, ponctuant parfois son chant velouté si reconnaissable de percussions vocales telle une human beatbox, sans jamais prendre totalement le pas sur l’instrumentation, à l’image du très percussif « Dertli Kaval » enregistré avec le trio 3 Hür-El , tour de force de folk-rock épique. La face B « Beni Hor Görme Kardeşim » démontre elle aussi la créativité des frères Hurel, alors sur le point d’enregistrer leur premier album. Ersen collabore également avec l’inévitable Zafer Dilek pour un « Kozan Dağı » absolument magique, puis à nouveau avec la nouvelle mouture de Moğollar sur deux titres qui portent la marque indélébile des inventeurs de l’Anatolian Pop, à mi chemin entre la tradition et un folk-rock psychédélique débridé, Cahit Berkay ressortant son bağlama sur « Garip Gönlüm ». Et puis vient le temps de la rencontre avec Kardaşlar et Fehiman Uğurdemir, qui ne le lâchera désormais plus. Enormes riffs psychés, volutes fumeuses et multicolores sur « Cakmağı Çak », rythmique de transe mid-tempo sur « Güneşe Dön Çiçeğim » où on retrouve les fameux bruits de bouche de Ersen, tel un proto-Mike Patton, et encore plus d’acide dans les guitares. Le temps d’un autre single avec Kardaşlar, Ersen creuse cette veine carrément psychée, à l’image de Edip Abkayram avec Dostlar, Uğurdemir confirmant son statut de guitar hero le plus psychotrope de la scène, alors que la rythmique de « Yine Seni Tanirim » se fait de plus en plus frénétique, habitée d’une urgence que seule vient contrer un refrain tout de soie bordé, la voix de Ersen se baladant sur des tapis (volants) avec une grâce de serpent. Et puis dans la seconde partie du morceau, l’air de rien, ce tremblement carrément funk qui ne fera que s’affirmer alors que le chanteur et son guitariste formeront Dadaşlar, formation variable où bientôt débarque Kılıç Danışman qui va rajouter une couche de claviers à la musique de la formation, de plus en plus portée vers les sons synthétiques. C’est le choc de « Bir Ayrılık Bir Yoksulluk Bir Ölum », adaptation hard-psych et funk du poète du 17eme Karacaoğlan, tuerie absolue où les choeurs masculins du groupe accompagnent le refrain et son riff brûlant comme la braise. C’est dès lors que Ersen part dans des contrées encore inexplorées en Turquie, en touchant à chaque fois au génie, « Dostlar Beni Hatırlasın », reprise cette fois du troubadour Âşık Veysel sous forme de tournerie funky-prog-orientaliste est proprement hallucinante, évoquant à la fois le groove de Led Zep et le mysticisme des Doors. Nulle exagération ni comparaison hasardeuse, suffit de prêter l’oreille à ce chanteur d’exception et aux arrangements de fou d’un groupe qui ose absolument tout, passant d’un soli de bağlama électrique à une dérive de clavier digne de Keith Emerson avec une fluidité et une cohérence totale. Il reste encore quelques titres du même acabit, « Gafil Gezme Şaşkın », adaptation de Pir Sultan Abdal où la performance vocale de Ersen est à tomber sur le cul, entre nappes de claviers grisantes et gros riffs psychés à l’arrache. Inutile de détailler plus la merveilleuse balade prog « Güzele Bak Güzele », autant conclure avec une reprise de Mahzuni Şerif, impossible de passer outre même pour Ersen dont la musique restait globalement apolitique, riche en superbes arrangements de cordes (surement de là que vient l’attribut déplacé « arabesque » sur la pochette). Allez, on va pas y aller par quatre chemins, cette compilation est un des quelques albums essentiels pour quiconque s’intéresse un minimum à l’Anatolian Pop. Sağolun efendimlerim.
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- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
J'en ai pas l'impression, plutôt de nouvelles compilations ont dirait (de toute façon, c'est le format habituel). Mais difficile de savoir comme ça. Me souviens pas les avoir vu sur place.
- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
et dont des albums sont enfin sorti recemment sur un label dedié; tu sais si c'est de la reed?
- Note donnée au disque :
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Pour les trois qui suivent, le Satiroglu mentionné par M. Clarinette, c'est Asik Veysel, le troubadour folk aveugle repris ici sur deux titres.
- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
et... comme pour Selda, l'occasion de remonter encore d'une bonne generation dans la musique turque. Si la voix d'Ersen me fatigue un peu au bout d'un moment, celle de Satiroglu m'a bien emu.
- Note donnée au disque :