Turbo › Ostatni Wojownik

Plus je gratte dans le fond des tiroirs de l’histoire musicale et plus je me rends compte que la Pologne fut le pays le plus metal du bloc communiste ! Enfin, c’est ahurissant tous ces groupes de heavy, thrash et death ayant pu balancer la sauce dans un endroit qui n'était j'imagine pas un modèle de respect des expressions particulières, et je ne crois pas qu’une scène similaire ait autant prospéré ailleurs dans « l’Empire du Mal »… bon, finalement ça se tient, ce qui est Satan pour Reagan pouvait tout à fait jouer du rock qui sent le soufre. Un des groupes ayant eu le plus de succès en Pologne c’est Turbo. Ayant démarré dans le heavy à burnes, celui-ci passa ensuite la quatrième pour se transformer en groupe de thrash furieux adepte d’album à pochettes inénarrables - vérifiez notamment « Kawaleria Szatana », du crayolacore comme on en fait plus ! Comme les autres de sa génération, il ne put que tourner à l’intérieur des frontières, les autorités de l’époque n’ayant pas vraiment prévu la liberté de mouvements - enfin de fuite - pour les gens qui en avaient plein le fion de trimer à la mine pour se faire taper dessus ensuite par les flics ou l’armée quand ils avaient le malheur de râler un peu… (ça rappelle les méthodes de gouvernement de l’Empire du Bien aussi, mais bon, bref). Malgré ces blocages, Turbo put s’exporter à partir de cet album, en anglicisant ses paroles et titres, via le label allemand Noise Records - selon les éditions, les paroles ne seront donc pas beuglées dans la même langue, un peu comme lorsque les Beatles chantonnaient Love Me Do en allemand pour le marché d’outre-Rhin, ce qui enlève forcément un peu de cachet, l'accent allemand de McCartney comme celui anglais de Grzegorz Kupczyk n'étant pas forcément très au point… Alors, Turbo, qu’est-ce que tu donnes ? Eh bien une pelletée de riffs mega speed comme il faut, très influencés par les mélodies de la NWOBHM, par l’esprit bourrin de ses voisins teutons et les lointaines mèches de cheveux de Mustaine et Hetfield, en somme un florilège de thrash qualité ++, sans balades, sans un gramme de mièvrerie, aussi balourd et rageux que Schwarzy qui fait des katas avec sa hache de guerre, à poil, dans le désert. Tout cela est balancé brutalement, avec talent, sans temps morts, une musique super bien chiadée niveau tricotage de guitare qui savent à la fois lancer clins d’œil aux stars du genre tout en créant une musique originale, pas du tout "progressive", primitive à souhait. L’album est bien produit, les gars sont loin d’être des manches, le batteur a des bras en titane, et on ne s’ennuie en fait jamais tout au long de l’écoute de l’album ! Quant au chant, celui-ci sera hurlé méchant comme j’aime, avec en plus de temps en temps de grandes envolées aiguës à la King Diamond, et là c’est cagnotte cinq étoiles pour le Rastignac. En résumé laissez-vous tenter et rejoignez le côté contestataire mais chez les rouges du thrash, ça change des râleurs crossover américains, mais finalement c’est la même intention, celle de jeunes et mauvaises pousses rageuses utilisant guitares pour foutre le boxon, on se laisse pousser les cheveux, on se déchire les jeans, on envoie le pâté... à conseiller aux amateurs de thrash bien crade mâtiné de heavy metal, à ceux qui ont besoin de brutalité pas chère et de revendre leur énergie comme une centrale thermique à charbon !