Ah ah, les canaillous, il vous a eu, le Shelleyou ; à force de ne jamais faire de sudoku, le voilà qui s’en vient vous parler de visual, nom di diou ? En fait, malgré leur pochette pastel et les consonances un brin frenchie du titre, il n’en est rien du tout. Les gens de Virus sont originaires de Hong Kong et jouent (enfin, jouaient à l’époque) du pur gothic rock ; ils citaient Siouxsie and the Banshees, Sisters of Mercy, Bauhaus, Cocteau Twins ou Christian Death comme leurs influences ; j’ajouterais même les Fields of the Nephilim vu certains morceaux ambitieux dépassant volontiers les sept minutes. Musicalement. Vocalement, c’est plutôt à un Peter Murphy asiatique que l’on songe et c’est fort bien ainsi car cela participe aux ambiances. Les ambiances justement, ce sont elles qui centrent d’emblée ‘Vague Elegance’ avec les guitares tendues frisant parfois le deathrock, parfois plus colériques dans les riffs, la rythmique tantôt sèche, tantôt tribale. Viennent ensuite les mélodies, à mon sens franchement prenantes, légèrement décadentes grâce aux vocaux. La plupart des paroles sont en anglais, sans trop d’accent mais avec une pointe spéciale qui fait le charme. Si l’on cite des influences occidentales, il est clair que les musiciens sont assez matures pour composer à leur manière, ainsi l’excellent ‘Demon’s deal’ qui s’arrête tout net après quatre minutes, pour reprendre sur un beat plus lent mais avec des parties de guitare travaillées limite heavy avant un final tourbillonnant et grinçant. Idem pour le non moins bon ‘Behind the bars’ qui s’offre plus d’une minute d’intro instrumentale glacée avant un départ électrique. Parmi mes favoris, je mentionnerai encore ‘Better watch out’, ses riffs tendus, légèrement grinçants, et les vocaux toujours plus menaçants de Xerxes. Les deux ultimes compositions sont interprétées en chinois (j’ignore quel dialecte), ce qui confère une touche exotique à des climats déjà bien prenants. ‘Vague elegance’ est un disque passionnant qui tient la dragée haute à pas mal de formations occidentales de l’époque; il se profile sur les même terres mais démontre son habilité à voyager bien au delà. À ma connaissance, un one shot, car le groupe modèlera complètement son line up pour changer de style par la suite.