Spider Kickers › Alcoholic

Quand un groupe grec fait du « alcoholic metal », ça fait du tsipouro metal. Pour ceux qui ne connaissent pas, le tsipouro est un alcool fabriqué avec du marc de raisin, alcool parfumé, parfois anisé qu’on peut déguster en Grèce, tout seul ou surtout en compagnie. Pour ceux qui connaissent et qui ont ripaillé avec du tsipouro, on peut créer un groupe d’anciens combattants… ben oui, on peut être passé par la folie provoquée par certains alcools bizarres comme l’absinthe ou le mezcal, ben le tsipouro c’est pareil, procurant une ivresse vraiment extrême. Bref. Spider Kickers, quel drôle de nom, est un groupe de thrash fondé en 1986, qui fait dans le plus de 3000 tours / minute. La particularité sur cet album, à l’instar d’un Tankard est de beaucoup parler de picole et de destruction, mais aussi comme tout bon groupe de thrash de misère sociale et du système fucké, avec des perles lyriques comme, traduit par mes doigts boudinés, « ne me parle pas de mes libertés fondamentales, aide-moi juste à retrouver ma route parce que je suis saoul comme un cochon » (à peu près)… enfin, l’album sous ses allures « oué, on picole on s’amuse comme des zombis metal » et son packaging brut de décoffrage traite surtout de tous les tracas qui vont avec la consommation quotidienne d'alcool jusqu'au dernier verre souhaitable, de ses effets secondaires ainsi que de la difficulté à redevenir sobre quand on a trop tété de l'eau de feu… comme dirait not'François préféré, « O Bouteille, plaine toute de mysteres, d'une aureille je t'escoute : ne differes.". Une vraie sirène boudeuse ouais que cette bouteille, qu’on soit auteur humaniste, philosophe tabagique, pilier de comptoir adepte de tiercé quarté quinté plus ou tout simplement chevelu revêtant avec style veste à patches et cartouchière. En tout cas, si vous avez besoin d’un peu de soutien type AA mais thrash (voire trash), ben Spider Kickers est là. Vous y retrouverez des petites recettes certes un peu éculées, bien ancrées dans la tradition du style version morbide et sombre mais c’est bien joué, le chanteur a la voix caverneuse qu’il faut, au bord du death metal, les solos ne sont pas pénibles, on sent que les gars ont mis le temps de composer et de ne pas reproduire le propos multiplié par douze pistes, les breaks sont poussiéreux, l’ambiance n’est pas à la fête même si les petits clins d’œil sont marrants (coucou Hanneman sur l’intro de « What Is Hell ») ! Un bon petit album qui passe comme une bonne rasade de bière, une bonne pioche dans les couches géologiques de mes tas de plastique ronds, et un rappel un peu pénible d’une des problématiques centrales de la condition humaine : pourquoi TOUT ce qui est BON est-il MAUVAIS pour la santé ?