Meira Asher › Dissected

Il est temps de faire connaissance avec cette mystérieuse Meira Asher. Une tête, ce petit bout de femme. D'origine israelienne, elle a suivi des études de sociologie et s'intéresse de près aux cultures mondiales. Cette démarche l'a amené à pratiquer différents types de percussions qu'elle maîtrise depuis sans aucun problème. Ce premier disque, "Dissected", est l'exact reflet de ce parcours. Bien sûr engagé, le disque ne se contente pas d'aborder des thèmes politiques récurrents. De plages en plages, Meira nous fait visiter des cultures différentes à travers des styles musicaux dissemblables, mais au final, complémentaires ; sur un sample de Brian Eno, "Aids" prend vite des airs de raggamuffin robotique. Chaque instrument va donner une couleur à chacun des titres ; "Fair and Ruddy" et son didjeridoo, "Give Peace" nous évoque l'Afrique alors que "Psalm 19" nous ouvre la voie aux chemins de Katmandou. Mais déjà, le trajet effectué jusqu'ici nous démontre que Meira a une manière bien à elle de percevoir ces musiques. Elle les fait siennes, et y injècte, sans trop savoir comment, un sentiment de malaise. Peut-être est-ce dû à cette approche exclusive entre voix et percussions qui laisse comme un vide dans l'espace sonore. Comme si une menace latente pesait au dessus de nos têtes. L'érotique "Maligora The Sand Child" vient apporter sa touche de poésie sur une harpe évocatrice et un texte récité en italien, décrivant la découverte de son corps d'une femme face à son miroir. Tout un programme. Mais l'expérience, là encore, reste trouble. On l'aura compris, "Dissected", est une expérience intime, sans fausse pudeur, et qui opère, à la fois sur l'artiste et sur l'auditeur, une autopsie qui sera à même de révéler peut-être des facettes jusqu'ici indicibles de nos personnalités.