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Bad Brains › Quickness

lp/cd • 12 titres • 33:54 min

  • 1Soul Craft3:08
  • 2Voyage Into Infinity3:14
  • 3The Messengers2:18
  • 4With the Quickness2:46
  • 5Gene Machine/Don’t Bother Me3:00
  • 6Don’t Blow Bubbles3:03
  • 7Sheba2:52
  • 8Yout’ Juice3:00
  • 9No Conditions2:23
  • 10Silent Tears2:50
  • 11The Prophet’s Eye4:26
  • 12Endtro0:53

informations

Enregistré au studio Media Sound (N.Y.C.), R.PM. (N.YC.), Sound On Sound (N.Y.C.) et Quantum Sound (Jersey City), par Phil Burnett, assisté de Jeff Lippay, Mike Krowiak, Seth Portfield et Steve Cisco. Mixé aux studios Sigma Sound (N.Y.C.), Soundworks Digital (N.Y.C.) et Muscle Shoals (Sheffield, Alabama), par Patch et The Saint (Ron St. Germain), assistés de Greg Wong, John Stuart, Lolly Grodner et Mike Scalcione. Masterisé par Bob Ludwig.

line up

Dr. Know (guitare), Earl Hudson (batterie, chœurs), Mackie Jayson (Mackie) (batterie), Darryl Jenifer (basse)

Musiciens additionnels : Chuck (McRad) Treece (chœurs), Dave (Famine) Hahn (chœurs), John (Squidly) Joseph (chœurs), Ray (Chinna) Shim (chœurs), Ron (The Saint) St. Germain (chœurs)

chronique

La même musique – métal-fusion, funk lourd industriel… appelez ça comme vous voulez – que sur le précédent ? Eh bien… Pas tout-à-fait. C’est certain, ce qui se joue là – c’est audible dès Soul Craft, le morceau d’introduction, avec H.R. qui chante le riff fracturé de la guitare juste avant que celui-là nous tombe sur le coin – est bien plus proche de ce qu’on avait entendu sur I Against I, ledit précédent disque, sorti trois ans plus tôt, que du punk-hardcore aux vitesses démentielles des deux premiers, ceux pour quoi, par quoi le groupe était devenu célèbre. Les Bad Brains, pourtant, n’ont pas calé, ne se sont pas fixés sur une nouvelle "formule". Le son, en quelque sorte, s’est… Ouvert.

I Against I, à vrai dire, était comme verrouillé. Tendu, lourd, oui. Dense, les arrangements bien plus fournis que sur tout ce qui avait précédé, les compositions bien moins linéaires. Mais dans cette foison nouvelle de timbres, ces changements de rythmes incessants, les parties solistes désormais étendues – les soli de guitare de Dr. Know, particulièrement – la musique, délibérément, s’interdisait toute chaleur communicative, ne venait pas vers nous. Entendue d’ici, encore, presque trente ans plus tard, c’est cette curieuse aura immobile, cette impression d’un bloc inamovible, dissimulant le secret de son incroyable dynamique, qui attire, dans I Against I. Une fois à distance, il nous happe toujours, nous absorbe dans son volume. Il nous refile encore sa froideur à cran, paranoïaque, son inquiétude rampante et claustrophobe. Quickness, il semble, veut faire entrer dans cette musique, à nouveau, un peu plus d’air. Les rythmes se multiplient, les approches ; un deuxième batteur – Mackie Jayson des Cro-Mags – est d’ailleurs crédité sur le disque sans grande précision quant à son rôle, en sus d’Earl Hudson (certaines versions disent même qu'Hudson n'y est crédité que pour la forme, qu'il n'aurait, au vrai, pas participé aux sessions). Le son s’alourdit encore mais en même temps, prend comme une… Ampleur. Moins opaque, moins menaçant. Dr. Know prend de plus en plus de place, développe ses soli, use d’effets de plus en plus variés, sans pour autant devenir envahissant. Il peut partir thrash, carrément, et l’on se dit, on se rappelle que certains jeunes guitaristes d’alors, du "secteur", avaient bien dû l’écouter, tant au fond, c’est celle-là, de ses manières, qui se rapprochent le plus de ce qu’il jouait sur les premiers disques. Sur d’autres passages, ce sont des arpèges en son presque clair, amenant le skank jamaïcain dans cette même musique pesante et métallique qui, cette fois, continue à plomber, autour – c'est à dire sans que les compositions, à une exception près, ne versent dans le genre, dans le dub, la forme reggae. Ou bien des phrasés à la fois coupants, incisifs et souples, groove à la wha presque psychédélique, funk soixante-dix, en tout cas.

Indéniablement, la musique des Bad Brains n’avait jamais été aussi complexes, les idées tendues et lancées depuis et vers autant d’azimuts – c’est parfois même confondant, comme sur No Conditions, où l’on entend siffler les harmoniques, la whammy, pendant qu’H.R., devant, gronde "Hailé Sélassié" et autres mots de passes rasta, à quoi les autres rétorquent en chœurs des "Yes I" et autres répons de liturgie caraïbe. De toute évidence, ils n’ont pas fini de chercher, d’essayer. Et prises une par une, chacune de ces compositions se tient campée, sans défaut apparent. On entend bien ce qu’elles annoncent. Ce que deviendra le genre "fusion", encore, bien sûr, son inflexion vers un métal de plus en plus produit, un son plus épais, son éloignement du funk-punk des débuts. Mais au delà… J’y entends les prémices d’une bonne partie du rock dit "alternatif" de la décennie suivante. Singulièrement, j’ai l’impression qu’une partie du grunge – sans forcément que ces groupes-ci aient puisé à celui-là, peut-être bien plutôt parce que certaines intuitions de celui-là auraient précédées de peu celles de ceux-ci – en serait assez proche parente. Mot fourre-tout – "le grunge" – oui, alors je précise : ceux qui parmi ceux-là, rangés sous l’étiquette, étaient allé chercher l’étincelle, l’énergie, l’issue hors-du-glam chez Black Sabbath, Led Zeppelin… généralement deux décennies avant plutôt qu’au punk ou au garage crasse de leurs aînés direct ou plus anciens aïeux. Pas Nirvana ni Mudhoney, donc ; plutôt Soudgarden, Alice in Chains, quelques autres. Aussi… Je trouve Quickness curieusement proche, par moments, d’un certain "métal alternatif" (lui aussi… décidément), qui allait bientôt éclore, et de là muter rapidement. Des tout-premiers Tool, en particulier. Cependant… C’est sans-doute cet aspect-là – ce côté "manifestement en avance sur son temps" – qui, contre toute attente, rend Quickness, à mon oreille, moins… singulier, en quelque sorte. Là où les disques précédents – même quand ils m’évoquaient d’autres, souvent à venir (et parfois bien plus tard) – m’avaient toujours semblé se tenir dans leur dimension à part, alors uniques et le restant ensuite, en dépit des années, des "héritages"… Celui-là me surprend toujours par tous les liens qu’ils tend, plutôt, par son côté "connexions multiples". Excellent, certes… Mais moins à part, moins isolé malgré qu'on puisse y déceler influences, éléments pris à tels ou tels genres, des descendances. Et puis, aussi… J’y entends, quelques passages – oh, assez rares – où, il me semble, le groupe essaye pour la première fois de se rattacher, justement, à ce qui se passait autour, plutôt que de se l’approprier pour partir ailleurs, là où ces "inspirateurs" n’auraient jamais pensé, jamais pu, jamais osé se propulser. Ce moment ou H.R. se met à rapper, par exemple… Il faut bien avouer que ça tombe un peu à plat – enfin… Pas que ça sonne mal, mais à chaque fois je pense plus, précisément, à ce qu’allait devenir la "scène fusion", avec ses tics bien vite adoptés, qu’au coup de génie permanent qu’avait été jusque là le parcours des Bad Brains.

Certes, ce n’est pas, ce disque, une dégringolade. Même, à mon sens – et encore une fois : en soi je le trouve même très bon – c’est un dernier coup d’éclat. Et l’écouter est un plaisir, toujours, véritable, immédiat, quand bien même on y revient plus rarement qu’à d’autres. Il est surtout dommage qu’il soit resté, en quelque sorte, sans suite… H.R. – qui à vrai dire, pour celui-là, avait posé sa voix de justesse, au dernier moment, un autre ayant d'abord assuré le poste à sa place, avec le reste du groupe ; c'est d'autant plus étonnant qu'ici, il sonne si juste, encore concerné malgré les dissensions, semble-t-il, qui minaient le groupe – allait bientôt partir, embarquant avec lui son frangin de batteur. Cette fois tout se brouillerait, et ce serait "celle de trop".

note       Publiée le jeudi 26 novembre 2015

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ouais hein... Assez impressionnant comme ils tiennent leurs compos sans encore y perdre en énergie... (Et de nada, j'allais pas garder ça dans mon coin).

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    kranakov Envoyez un message privé àkranakov

    Merci pour le live qui bute.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Un petit live de la période entre le précédent et celui-là, tiens...

    With the Quickness/The Prophet's Eye/I Agains I

    On s'demande comment ils ont pu choir autant après celui-ci, n'empêche, en voyant comme ils avaient encore la patate/leur truc en main à ce moment là.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ben c'est simplement que je l'ai "retrouvé" - je me suis remis à écouter toute la disco du groupe assez intensivement il y a un moment, chose que je n'avais pas fait depuis longtemps (mais que jadis j'avais pratiquée beaucoup... bref) - bien plus "solide" que dans mon souvenir... J'y entends plus d'idées - dans le compos - que ce dont je croyais m'en rappeler, surtout. Après - comme les notes en attestent - ça reste mon "moins préféré" parmi ceux que j'aime, oui.

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    kranakov Envoyez un message privé àkranakov

    Drôle de réhabilitation d'un disque plutôt générique. Plaisant - quelques fois : les premières... mais carrément dispensable à mes oreilles.

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