‘Apologies, we had technical problems’, vous en connaissez beaucoup des live officiels qui démarrent ainsi ? Surtout qu' à peine le premier titre entamé, une version bien punk de ‘Public image’, Johnny continue: ‘Everything is broken, everything is broken, can’t you fixt that ?’. Visiblement, ce concert à l’Ile de Wight ne sera pas placé sous le signe du beau fixe, tant niveau météorologique (on comprends aux commentaires du chanteur que le public a subi la pluie) que technique…Les problèmes vont se succéder sans que le groupe ne se laisse réellement déstabiliser, c’est ça être pro. Les musiciens continuent imperturbablement tandis que notre Johnny dialogue avec le public pour excuser ces tracas à répétition. A peine plus d'un an après la sortie du live à Londres, ne pourrait-on pas qualifier ceci d’arnaque ? Pas pour moi. Etant peu friand de disques live, je traque ceux de Public Image Limited comme autant d’épisodes d’un feuilleton sans cesse empli de surprises et de rebondissements. Et là, des rebondissements, il y en a, les soucis techniques se poursuivant sur le second titre, ‘Home’, (‘Now, I cant’ hear my self at all’)…A tel point que John avertit ses fans, la coupe est pleine ! On va faire un break et régler tout ça. Pas question de leur donner une performance bâclée. Les gens comprennent parce que Johnny, il a la tchatche, les spectateurs, il sait leur parler, s’excuser avec humour mais fermeté parce que Tonton Lydon, il est pas trop du genre à qui on dit non…Finalement, le concert reprend, la partie technique étant plus ou moins arrangée. J’adore, ça c’est du live pur jus comme si vous y étiez et c’est passionnant à suivre. D’autant plus que, ironiquement, le son est vraiment bon et l’interprétation des musiciens impeccable, à commencer par la version de ‘This is not a love song’ franchement bandante entre mutant disco et guitares électriques. Faut dire que Johnny et ses acolytes sont gonflés à bloc, le retour de P.I.L., ils y croient et comptent bien le prouver. Idem pour les morceaux suivants, ‘Flowers of romance’ (même si le chanteur lance mi-blasé mi-goguenard: ‘It would be so nice if we could hear ourselves but we’ll go through’), ‘Death disco’ (avec des vocaux proprement terrifiants), ‘Warrior’ (qu’il dédie entre autre à ses parents)…Que des classiques, entendus certes sur les autres albums en direct du combo, mais chaque fois dans des écrins différents. P.I.L. fait partie de ces formations qui publient beaucoup de live, tout simplement parce que la scène est leur maison. Plus de trente ans après, l’esprit de Johnny Rotten n’a jamais déserté John Lydon qui reste l’insoumis qu’il a toujours été. Je vous laisse méditer cela en attendant une chronique après la sortie prochaine du Live 2015 à Londres en vous précisant que ‘Live at the Isle of Wright festival’, c’est en plus un double digipack car Tonton Johnny, il aime pas se foutre de la gueule de ses fans et même s’il confesse que ‘ça a été éprouvant en raison des problèmes de ce soir’, il adore leur patience et les remercie chaleureusement avant d’entamer un ‘Open up’ sur plus de dix minutes… Après tout, ils sont Public Image Limited et sont hors du ‘Shitstem’, ‘No record company support’ pour eux, si ce n’est leur foi et leur public, les armes les plus redoutables.