Mourn › Mourn

Nous n’avons jamais su si la scène s’était déroulée à l’aurore car elle aurait aussi bien pu se passer au crépuscule…Les arbres de la colline s’étaient étrangement illuminés comme si des fragments d’étoiles étaient tombés du ciel pour s’emmêler dans leurs branchages. Alors qu’une légère brume léchait le sol, nous avons cru distinguer des silhouettes encapuchonnées se diriger lentement vers les troncs et se fondre dans l’obscurité. L’espace d’un instant, une impression de paix et de tristesse a empli l’air, qui a paru durer une éternité, avant de se dissiper en un instant…Un peu comme Mourn, obscur combo british apparu le temps (après deux démos) de pondre un album culte avant de replonger dans les ténèbres de l’oubli. Très old school dans ses sonorités, même (et surtout) pour l’époque; encore des bâtards du Sabb’ égarés en plein chaos nu metal. En réalité, Mourn n’est pas un groupe si génial et c’est bien là sa qualité. Le chant de Caroline Wilson, assez propre, est bon et bien qu’on ait entendu de bien meilleures vocalistes qu’elle, il se fond bien dans la musique intense, pas trop épaisse, de ses comparses, comparses qui paraissent avoir choisi de jouer la carte du travail collectif plutôt que la mise en avant de soli trop techniques. Tout au plus pourra-t-on reprocher à cette voix une certaine linéarité un peu lassante à la longue. Au moins n’en rajoute-t-elle pas des tonnes et reste-t-elle sincère jusqu’au bout. Comme je l’indiquais précédemment, le travail de la guitare demeure lui aussi accessible, juste dans ses émotions légèrement mélancoliques sans surjouer dans l’émotionnel. Si avec la tendance revival de notre époque, le son de nos Anglais peut sonner un brin banal, en le replaçant dans son contexte, sans faire d'eux des pionniers, reconnaissons-leur un minimum d'originalité pour les canons de leur décennie. Etonnamment, la basse se voit accorder bonne place au mixage, en retrait mais bien présente pour mener la marche funèbre, pas si funèbre que ça au final, car pour reprendre l’image du départ, Mourn est un groupe apte à tourner les yeux vers le haut de la montagne en laissant la mort derrière, non sans un dernier regard.