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Chocolat Billy › Jacques et ses diverses compagnes

version 3lp • 10 titres • 53:06 min

  • Face A
  • 1Trilogie 15:32
  • 2Novo5:16
  • 3Sarkoland4:22
  • 4La Hache3:23
  • Face B
  • 5Soleil7:43
  • 6La Traversée Du Désert5:50
  • 7Fond-des-Nègres/Fond-des-Blancs5:24
  • Face C
  • 8J’en Ai Marre (Trilogie Trois)2:58
  • 9La Forêt6:28
  • 10Ibiza6:30

version cd • 8 titres • 43:58 min

  • 1Trilogie 15:32
  • 2Novo5:16
  • 3La Hache3:23
  • 4Soleil7:43
  • 5La Traversée Du Désert5:50
  • 6Fond-des-Nègres/Fond-des-Blancs5:24
  • 7Sarkoland4:22
  • 8La Forêt6:28

informations

Enregistré à Bordeaux, place des Capucins au Növo Local, en mars 2011 par Manuel Duval. Mixé par Manuel et Chocolat Billy dans les mois qui suivirent. Masterisé par Adrian Riffo.

Photo prise par TG Gondard en la cathédrale de Metz. Pochette par David (Les Lastic). Le Titre Fond-des-Nègres/Fonds-des-Blancs est librement inspiré d’un thème de rara haïtien tiré de la compilation (Buda Records) du même nom. La version 2LP d’origine, sortie en 2012, est une coproduction Les Potagers Natures/Et Mon Cul C’Est Du Tofu ?/Ouse/Matamore. L’objet a été pressé à 500 exemplaires. La deuxième face du deuxième disque n’est pas gravée.

line up

Johnny Bourguine (Jo/Jonathan Burgun) (guitare, basse, batterie, cassettes), Ian Saboya (Ian) (chant, clavier, guitare, basse, percussions), Mehdi Michaud (Mehdi) (basse, guitare, percussions), Armelle Marcadet (Armelle) (batterie, steel drums, clavier, voix, saxophone)

Musiciens additionnels : Antoine (saxophone sur Novo et Soleil), Manuel (saxophone sur Novo)

chronique

La musique, parfois, nous mène dans de bizarres contrées. Du genre où par ailleurs nous ne voudrions pas mettre les pieds, que nous ne rêverions pas – même nos pires nuits de mauvais rêves – de fréquenter… Que nous n’envisagerions jamais, autrement, sans un frisson – pas forcément de plaisir, d’excitation. Des places qu’autrement nous aurions fuit. Ou simplement : que nous n’aurions pas pensé à découvrir… Là, nous restons, pourtant, avançons, nous enfonçons. Nous entrons… La musique de Chocolat Billy procède, use de cette sorte d’égarement. Elle opère cette espèce de miracle que d’aucuns décréteront "mineur" – parce qu’il est simple, finalement pragmatique, pas magnifiant, contraire peut-être, même, d’une transcendance, ignorant ou négligeant une telle visée. Ciel inconnu que le jeu du groupe – soudain, ponctuellement, en des places inattendues de la surface, de ce corps-ci – piquète d’indices pourtant familiers, en myriades ou points isolés, en rais qui découpent une forme ou filent une vitesse (de défilement, de transformation, de résurgences). Ou bien au contraire : dans le très-connu, les compositions très-lisible d’éléments sus, reconnus : c’est une brèche impromptue qui s’ouvre, une couleur qui jaillit – nouvelle, pas annoncée, peut-être un peu inquiétante parce qu’on ne sait pas, sur ce fond, dans cette matière, en dire le nom. Musique, groupe… Joueurs. Qui comme les enfants, savent bien qu’à marcher sur ce fil – sur le bord du trottoir – on ne longe pas VRAIMENT une autre gorge, précipice. Mais qui comme eux s’y prennent, au jeu. Et qui savent qu’il y a pourtant des chutes possibles, des culs-de-fossés qui se planquent dans les recoins, au milieu des grandes artères des endroits civilisés, des villes adornées, plaqués de signes rassurants. "Ne vous faites pas de mouron, on vient là pour danser". Oui… Mais pourquoi ces drôles de timbres, tout à coup électriques, dans cette paisible rumba, nonchalante, qui avait commencé ? Et pourquoi ce type, à la batterie, cogne-t-il si fort et si foutraque – comme s’il s’agissait d’exorciser, d’effrayer, d’éparpiller au loin Mille Petites Morts Qui Rôdent ? … Et savez-vous qu’en Haïti, ce village – ou était-ce une colline, j’ai oublié, je ne suis plus sûr – se nomme Fond Des Blancs en hommage à certain régiment de Polonais engagés pour mater une révolte, et dont les soldats s’étaient refusés à tirer sur les esclaves ? Qu’est-ce qui fait que, comment l’ennemi désigné, choisi de l’extérieur, à ce moment-là se retourne contre la main qui le maniait, en refusant d’agir en ennemi, se libère ? … Il fait chaud dans le bar, la salle au fond, en dessous, dans le bourg. Mais les gosses sont paumés, partis dans la nature, la forêt. Et qu’auront-ils en main, Petit Poucet et ses frères, lorsqu’ils reviendront aux logis de ceux qui là-bas les avaient lâchés pour que jamais ils ne reviennent, ne retrouvent la sente et la demeure ? Pourquoi cela fait-il sens que ce disque, avec ce titre qui paraîtrait tiré d’un catalogue d’œuvres d’une avant-garde d’avant – tout aussi libre mais autre ; allez savoir pourquoi, il m’évoque certains disques sortis dans les années soixante dix sur les labels de l’Anar Terronès (qui en est un véritable, je crois), Marge ou Futura ; peut-être justement pour ce qu’il laisse entendre de jours libres, libertaires… et de doutes quant au Jacques évoqué, qui tout compte fait n’est peut-être qu’un de ces banals collectionneurs ; allez savoir, allez, disais-je – soit tout autre chose ? Pourquoi, malgré que celui-ci soit plein de claviers en vapeurs, traversé de voix douces, luisances, nappes de rosée pulvérisées ; de danses "exotiques" prises à la fraîche, insinuais-je plus tôt ; de tourneries fantaisistes où les sons modifiés, passés dans des effets, dessinent pourtant des lignes claires, des volutes irisées… Pourquoi, pourtant, cela ne paraît-il à ce point là pas incongru qu’il tisse avec ces autres, d’une autre époque – emplis eux de fracas et d’éclats, de feux bouillonnants, souvent – dans mon entendement, aux hauteurs et modelé de mon plaisir d’y être, ces liens et rappels, et fore des galeries, pose de ces ponts dont il est réjouissant, drôle, incertain, d’éprouver les planches en courant, soudain, en sautant sans se tenir aux guides, longes, barrières ? Peut-être bien justement, pour ces questions d’évidence qui par places s’escamote, se change en trou d’énigme. Sans doute aussi pour cet humour qui n’esquive rien, lui, ne défait que les solutions figées, en une seule dimension et une direction. Possiblement, aussi… Parce que se riant du normal-ou-pas – j’entends : au même titre que pour l’autre, et à même hauteur, de la convention d’un systématique contraire – ce qu’il subvertit ne tourne pas slogan mais devient nuance autrement impossible, et conviction mouvante. Et si ces gens qui ne semblent pas savoir où ils vont, se soucier d’où "ça" va, avaient trouvé en douce quelques uns de ces chemins qui mènent en zones franches ?

note       Publiée le vendredi 23 octobre 2015

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