Je lis dans l’en-tête consacré au groupe sur Discogs: ‘Depuis leurs débuts en 1993, Earto ont toujours placé la chanson en premier’. C’est exactement ça. Voilà typiquement le genre de formation qui aime le gothic rock passionnément et se fait un devoir d’y placer un maximum d’émotions pour toucher l’auditeur. A l’écoute de ‘III’, le soin apporté à la mélodie m’a frappé d’emblée; visiblement les Belges savent y faire dans ce domaine. Ils ont également un chanteur aux épaules assez solides pour relever le défi. Loin des vocaux caverneux habituels dans le style, ce dernier use d’un timbre nasillard évoquant une sorte de croisement entre Cancer Barrack et Tors of Dartmoor du plus bel effet à mon sens. Difficile de résister au charme des mélodies de ‘Vlad’, ‘Resurrection’, ‘State’ ou ‘Not my god’, voilà bien le genre de trucs qui va vous trotter dans la tête toute la journée. Saluons également le travail du clavier, spécialement efficace sur le calme ‘Breed’ pour apporter des touches malsaines sur le refrain. Pour le reste, les guitares développent des riffs plutôt traditionnels mais plaisants; difficile d’affirmer si un batteur a participé aux enregistrements tant le son sec évoquerait une boîte à rythmes. Globalement, la production est d’ailleurs dépouillée, limite synthétique en ce qui concerne la rythmique, portant le chant en avant, ce qui se justifie totalement vu que Gorik est un très bon chanteur, complétant avec la guitare ou le synthé selon l’atmosphère requise. Selon les commentaires, Erato se distingue aussi par ses prestations live prenantes; ça ne m’étonne pas, on sent que ces mecs-là n’ont pas des moyens illimités (auto-production, pochette format carte...) mais donnent le meilleur d’eux-mêmes car ils aiment ce qu’ils font. Tout sauf des poseurs, des artistes.