Avez-vous seulement déjà entendu de la musique concrète qui soit, comment dire, accessible ? Entraînante ? Pour ne pas le dire, Pop ? Oui, je sais, ce n'est pas censé être compatible. C'est pourtant le cas de cet album – le meilleur – de Brume. Se définissant lui-même comme sculpteur de sons, Chrisitian Renou (c'est son nom) s'en carre de la noise, de l’électroacoustique contemporaine et autres saloperies. Ça, il connaît déjà, il en a bouffé pendant dix ans. Pas sa période la plus intéressante. Entre temps (ou dès lors ?), monsieur Renou s'est attelé à taper dans les premiers Schaeffer / Henry, dans la méthode Ground Zero, puis dans celle, on n'a plus peur de rien, d'un Coil (sur Dark Forest, ça saute au crâne) ; autrement dit un art du collage, de la superposition, du montage (cinématographique), du sample répété ad nauseam. Filez-lui des bandes magnétiques, des objets (des instruments ? Soyons fous), bazardez-le dans une pièce et regardez le gigoter. (Gigoter, pas seulement, le mastering du truc est absolument dantesque). Xerxès est à l'arrivée totalement bluffant. Dense et aéré, complexe sans être oppressant ; le flippe sans l'angoisse, la confusion mentale sans la décompensation. Un petit tunnel sombre mais avec des repères, un humour un peu glauque pas très éloigné d'un Rudolf Eb.er (sur Please, Die !!! j'y ai vu un clin d’œil hilarant au Bogue de Programme, mais je délire peut être) ; c'est ça aussi le gutsien, ça aime l'inconfort confortable, le chamboulement avec des références – et vous l'avez compris, cet album de Brume tape dans ce qui fait notre identité. Objectivement, donc, aucune idée de la qualité de celui-ci, je peux juste vous dire qu'il nous doit un sacré paquet en copyright !