Nocternity › Harps of the Ancient Temples

Qu’est-ce que c’est beau Nocternity… que cet album est beau ! Poignant ! Prenant ! Trippant et pas du tout consternant, à aucune seconde… l’équilibre entre le lyrique de certaines musiques dites gothiques et la dépression nerveuse propre au black metal est ici atteinte, lentement, tristement - un double strike sur deux albums, Onyx et celui-ci, sur dix ans, un groupe à l'expression rare, à l'évolution à ce point exemplaire qu’on s’en mord les doigts d’attendre le faux-pas qui fera dire "moué vous avez vu, comme les autres plaf !". D’ailleurs je ne retrouve pas trace de ce groupe ici donc je m’y attelle et je commence par la fin parce que c’est moi le chef de ma chronique. Non mais ! Alors, Nocternity, groupe grec amateur d’armures étincelantes, d’histoires de sociétés esclavagistes avec des dragons et des trônes de fer, et du sang, et du fer, et de la pierre et du sang, et du sable, et du chaud, et la mer tout autour et du froid de la lame sur la peau, le heaume sur le cuir qui chauffe, l’obstination de l’âme vers la destruction de la cible ou de soi-même (on reprend son souffle), Nocternity nous livre son dernier album après un Onyx qui m’avait déjà rendu complètement crêpe suzette. Ici sur ce "Harps of the Ancient Temples» , les mélodies s’enlacent autour de la batterie comme un serpent à deux têtes, les nappes de guitares tracent le paysage derrière, tout de bois, tout animal, minéral, pas plastique du tout, et somme toute on se retrouve dans la bulle de la tête du créateur de ce conte de fées inquiétant alias le pseudonymé Khal Drogo (j’imagine tout de suite un gars bouffant de la viande séchée qu’il a chassée à mains nues avec ce blase, c'est ça le formatage...). Oui, je disais, on est tout seul avec lui, ses armures étincelantes, ses pierres chaudes et ses épées froides. J’ai beau le réécouter, vraiment, rien à jeter, une production très propre, une intention déprimée mais du genre "démon déprimé" vous voyez, un peu comme si une entité s’amusait juste pour le style à nous faire tourner la tête tout en nous endormant au son des cordes et de voix incantatoires trainantes, glairantes mais très bien intégrées à la corrosion des autres instruments. Comme si un grand musicien prenait le temps de bien s’appliquer pour nous faire partager ses obsessions, lentement, sûrement - ne vous attendez pas à écouter un fou hurler à la mort avec des méga-blasts, non, plutôt une rêverie à moitié éveillée, juste avant que ça devienne trop glauque et que vous réveilliez en sueur. Enfin voilà, si vous vous posiez encore la question, quand même, malgré les autres multiples voix de la presse musicale chantant votre succès, j’ajoute la mienne en vous serinant que la mission est accomplie Mr. Drogo - je ne crie pas encore au chef d'oeuvre, je laisse encore mijoter quelques années, mais ne vous inquiétez pas, cette entité Nocternity pousse bien dans le fond de mon chakra du vide - "grower" comme on dit, mais "grosse claque de suite" comme on dit aussi.