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Zothique › Faith, Hope and Charity

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Klarinetthor      mercredi 2 septembre 2015 - 19:09
Dioneo      lundi 31 août 2015 - 19:32

cd • 9 titres • 53:06 min

  • 1Venus (Part 1)7:52
  • 2The Tower of White Moth4:35
  • 3Hijra4:30
  • 4Faith, Hope and Charity7:04
  • 5The Circular Ruins7:09
  • 6Amyotrophy2:31
  • 7Nomadic4:58
  • 8Valley of Tears5:46
  • 9Venus (Part 2)8:39

informations

Enregistré et mixé par Kenji Kuroda au Noise Room Recording Studio Koenji Sound Studio D.O.M.

Paroles et artwoork par Shusuke Shimonaka. Le morceau-titre, Hope Faith and Charity, est inspiré d’une nouvelle de l’auteur américain Irvin S. Cobb, écrite dans les années 1930.

chronique

Je crois que ça y est… Ils ont réussi. Ou bien la chose du dehors qui agissait en eux – appelons ça Nature, Chimie, ou l’Expérience ; chacun selon sa mythologie, sa méthodologie, dans cette optique c’est pareil : une voie, un outil, que l’objectif dépasse en se réalisant, qui rend ses noms accessoires. Voilà, en tout cas : on sent bien qu’ici, il se passe encore autre chose. Zothique avaient toujours été étranges. Mutants – je me permets ce cliché car chez eux, comme rarement, il a toujours fait à mon sens définition des plus pragmatiques. Je l’ai dit et répété : la musique du groupe m’a toujours semblé une question… Environnementale. Une question de milieux et d’habitants, dedans – natifs ou envahisseurs, espèces distinctes qui cherchent et changent sans arrêt leurs équilibres : par parasitages, alliances, en dévorant ou se greffant, organismes opportunistes ou colonies dispendieuses de déchets, ceux-là saisis par d’autres voisins comme aliments… Combats et combinaisons. Guérillas et greffes, hybridations, pollinisations, chasses. Maladies et pollutions, aussi. Musique anormale. Lourde, souvent. Psychédélique, aussi, parce que dans ces marécages et ces cités – ruinées ou glorieuses –, le venin des piqures, les adjuvants qu’on prend pour atteindre à la vision, à l’étape, l’état d’après, finissent toujours à un moment par monter à la tête et convulser le corps, le traverser de leurs fulgurances et fluctuations. Ici, disais-je, plus que jamais. Il me semble, j’insiste, qu’ils "y" parviennent. Au lieu où la bestialité est une dimension cosmique. Où la plainte au ciel et les imprécations des mourants, des blessés, sont une louange à l’immanent palpable. Où tout va vite et tout en un instant peut devenir immobile, soudaine contemplation où s’éploie en nuage l’intuition de l’emballement, de l’accès suivant – de fureur, de félicité, de fièvre. Oui, la fièvre… Il apparaît qu’ici, elle les touche directement, eux derrière les instruments. Tournis, ivresse, Saint-Guy. Ou Saint-Elme. Soûlerie de marins à la gnôle d’ergot – Valley of Tears, nom d’un ! Cet orgue ! Cette voix ! ... Ce sont tous les temps, aussi, par quoi ils passaient auparavant sans toujours s’y immerger, qui débordent là, entrent, infusent. Les temps… J’entends : les époques passées qu’à travers leur sludge, leur crust bizarre, les variétés de métal – métaux ? – bien de nos jours, ils drainaient jusqu’ici. Le doom – au sens "historique", celui qui avait commencé à pousser ses moisissures et couler ses délices hallucinés, anxieux, mornes, rêveurs dès les années soixante dix – n’a jamais été aussi présent, chez Zothique, que sur ce disque. C’est visible dès la pochette (et le titre, d’ailleurs, avec ses accents d’histoire gothique – au sens que prendrait le terme dans une certaine littérature américaine, et même si selon toute vraisemblance, à parcourir les notices sur l’auteur de la nouvelle à quoi ils l’ont emprunté, le texte d’origine devait sans doute le parer d’une ombre de sarcasme ou du moins d’ironie). C’est frappant dans la musique, dès les premières notes de basse qui ouvrent le disque, et puis plus loin encore. Dans cet usage immodéré, irraisonnable, des wha-wha. Dans ces claviers plus que jamais flots de couleurs dénaturées ou rendues trop fortes, trop directes, à leurs substances chromatiques premières, nuances trop saturées pour ne pas – décidément – intoxiquer ; ou trop délavées pour ne pas nous absorber dans leur délectation morose. Jamais, non-plus, le bruit n’avait à ce point rongé, dans leurs stratégies ; ni à la fois fait mouvement, flots qui, noyant l’obstacle ou le contournant, sa surface ou son cour s’en voyant déformé, révèle les reliefs, les arrêtes, structures et vides impromptus. Le plus beau c’est que dans cette nouvelle place, cette strate inédite qu’ils atteignent, ce domaine étendu de leur science si particulière des écologies, rien n'est aboli des disques, approches, possibles d’avant. Même, les deux morceaux ici repris de leur tout premier EP – The Tower of White Moth et The Circular Ruins – paraissent eux-mêmes comme des surgeons de leurs versions premières, reconnaissables mais changés, nouveaux individus d’une même logique moléculaire, tous échanges modifiés dans cet espace – et ses nouvelles caches, ses nouvelles inconnues – où ils viennent de déboucher, où leurs auteurs les ont plantés, de nouveau, implantés. Tout ça exsude des gaz aux fragrances entêtantes, qui tapent aux récepteurs avec une nouvelle force ; des jus et des liqueurs plus fortes, disais-je, qui viennent plus vite, instantanément et longuement, cramer la tête et le ventre, et transporter… "Là-bas". Où ils ont accédé. On n’a pas dit que l’exploration était un jeu sans risque et qu’au détour d’un accident, on ne trouverait jamais que c’était après tout un piège qui patientait. (Et Venus (Part 2) surgit du fond, en dernière lame, pour nous trancher – lien ou membre, chair, c'est la question du point qu'on expose au contact).

note       Publiée le lundi 31 août 2015

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Nouvel album en vue (Limbo)... Sortie prévue le 15 mars (dans huit jours, quoi). Je me chauffe les cervicales.

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

Je pense que je vais vite peter le 6 vu comment le disque s'enfile tout en fluidité, la maitrise des divers genres en toutes circonstance. Plus le gout japonais plus prononcé sur Valley of tears et une autre au debut. Impressionant (de discretion pour l'instant).

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