Les vacances sont terminées, finies les errances bucoliques, les images de nature propices à la rêverie, le ton est au noir sur ‘Poverty’, un noir dépouillé, recueilli. Pour son troisième opus, Motorama réduit les guitares au profit de la rythmique et du clavier. Idem pour les paroles, plus concises, déclinées sous forme de phrases courtes. Rien de funèbre pourtant dans la musique des Russes, l’impression de cocon qui se dégageait des précédents albums se retrouve ici même si dans une version plutôt hivernale. Bien que l’on retrouve des échos des Smiths (‘Corona’), Joy Division (‘Dispersed energy’, ‘Heavy wave’), voir des Cure, Motorama parvient toujours à y apposer sa griffe au travers du chant de Vladislav Parshin, grave mais étrangement rassurant. Le plus bizarre est que les neuf compositions semblent dictées par une urgence qui ne dégage pourtant rien de stressant. La batterie sèche, très binaire, comme on la trouvait sur ‘Seventeen seconds’, bat comme un coeur plein d’espoir tandis que les synthés répondent aux guitares tantôt fraîches, tantôt cristallines, pour ciseler des atmosphères comme autant de niches hors du monde. Pas la moindre lassitude dans cette étrange poésie cold wave, le groupe parvient à se renouveler sans se départir de ses racines, s’autorise même quelques éclats (‘Old’ plus libéré au niveau de la voix, ‘Similar way’ plus riche dans sa batterie) et nous charme encore et toujours, nous donne l’impulsion pour courir à en perdre haleine sous les étoiles, pour sentir la vie circuler dans nos veines et notre âme. Concis. Magnifique. Intemporel.