Rob ‘The Baron’ Miller… Survivant des squats de Bristol, de la dope, des années anarcho-punk, devenu fabriquant de sabres sur l’île de Skye… Voilà bien un mec qui aurait pu clamser une dizaine de fois mais non, l’homme est un roc. Idem pour son frangin, même si ces années ont laissé leurs stigmates sur les gueules. Voilà que quatre ans auparavant, contre toute attente, Amebix sortait un nouvel album et visiblement, pour le Baron, la route ne s’arrête pas là puisque le voilà vocaliste d’un nouveau projet accompagné dans l’aventure par le batteur de Voivod et le guitariste de Misery. Attention, bip bip, lumière rouge ! On sait que les super-groupes ne sont pas toujours à la hauteur des espoirs… Dans notre cas, si, Tau Cross est une tuerie, entre lourdeur métal, rage after-punk et cieux gothiques lointains. Des noms défilent à toute vitesse dès le premier morceau : Killing Joke, Motörhead, Black Sabbath… Si vite qu’ils se mélangent en un tout porté par la voix de maître du Baron, toujours au sommet malgré les atteintes du temps et des excès, et je ne parle même pas de sa basse. C’est noir comme l’enfer, lourd comme le plomb, bourré d’énergie électrique, intense et au final aurait pu sonner comme du Amebix, c’est ainsi, on ne se refait pas. Je pourrais m’arrêter là mais impossible de faire l’impasse sur la touche épique grandiose de ‘Hangman’s Hyll’ et ses dualités chant de gorge/vocaux clairs, les apports de violon et de flûte sur ‘We control the fear’ qui, avec ses accents folk rappellent ‘Sonic Mass’ ou certains travaux de New Model Army (même feeling sur ‘Sons of the soil’, cet aspect punk folk celtique mystique). Les musiciens démontrent qu’ils ont du savoir faire et l’atmosphère générale du disque y gagne en richesse et en profondeur, en diversité aussi. Après tant d’intensité, ‘The devil knows his own’ clôt sur une note mélancolique, enrichie à nouveau de violon, parfait au milieu des arrangements folk. J’irais jusqu’à affirmer que ce mélange de violence et de calme est mieux maîtrisé et équilibré que sur ‘Sonic Mass’, ceux qui avaient été déçus par ce disque pourraient trouver davantage leur compte ici. Épouvantails crucifiés, ciels de cendre, lune malade, collines sèches, l’univers de la croix en tau…