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Arnold Schoenberg (1874-1951) › Verklärte nacht ; la nuit transfigurée.

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GinSoakedBoy      samedi 4 avril 2015 - 13:51
Sigur_Langföl      dimanche 24 juin 2007 - 18:06
mroctobre      mardi 15 mars 2005 - 14:36
Saïmone      dimanche 31 octobre 2004 - 12:22
Sheer-khan      samedi 6 juillet 2002 - 20:55
Coltranophile      mardi 13 novembre 2007 - 18:02

8 titres - 61.22 min

  • Suite, Op. 29, pour 2 clarinettes, basse clarinette, violon, alto, violoncelle et piano
  • 1/ I. Ouvertüre 8.36
  • 2/ II. Tanzschritte 7.24
  • 3/ III. Thema mit variationen 6.04
  • 4/ IV. Gigue 7.21
  • 5/ Verklärte Nacht, Op. 4, sextuor à cordes pour 2 violons, 2 altos, 2 violoncelles 29.16
  • 3 pièces pour orchestre de chambre
  • 6/ I. Rasche viertel 0.55
  • 7/ II. Mässige viertel 0.36
  • 8/ III. Gehende viertal 0.45

informations

Enregistrement : Ircam, centre Gerages Pompidou, Paris ; 14 juin 1982 (1-4) ; 6 novembre 1983 (5), sans précision pour 6-8.

Je ne connais pas d'autres interprétations. Mais disons que Boulez/Schoenberg est un choix qui s'impose, souvent, assez objectivement.

line up

Membres de l’ensemble InterContemporain ; Pierre Boulez (direction)

chronique

  • musique de chambre-xxième siècle

Arnold Schoenberg, ou l’influence théorique la plus importante du vingtième siècle. Père inventeur du dodécaphonisme et instigateur du sérialisme, il fût le plus grand révolutionnaire de toute l’histoire de la musique. Son choix de redistribuer la composition sous l’angle de l’approche logique et mathématique, réglée, n’est rien d’autre à bien y regarder que la réaction directe et radicale au romantisme, qui avait mis au coeur de l’expression musicale, pathos et intimité dévoilée. Schoenberg, lui, voulut que la musique retrouve sa plastique pure. «La nuit transfigurée», achevée en 1899, fait partie de la période de jeunesse du compositeur et ne relève pas encore du vocabulaire atonale libre. Mais le futur maître d’Alban Berg s’y montre déjà essentiellement fasciné par la forme ; le choix de sous-tendre, pour la première fois de l’histoire, une œuvre de musique de chambre d’un programme d’ordre narratif (un poème , ici) démontre de fait bien plus la volonté de travailler la musique comme vecteur, et donc comme forme pure, que celle d’investir l’œuvre d’un quelconque pathos fictif. Le choix du sextuor à cordes, de ses multiples possibilités alliées à la cohésion sonore profonde d’une telle formation, est sans ambiguïté. Une demi heure durant, les aigus acérés et tendus à l’extrême des violons vont tirer leurs atmosphères inquiètes, sur les plans dissociés d’altos sérieux et pendulaires, et de violoncelles proprement immobiles, à la limite de l’abstraction. Contrastée, l’œuvre l’est évidemment, par son caractère évolutif et narratif, ménageant ses moments de silences angoissés, de mélancolies nocturnes et de tourments emportés. Mais il s’agit avant tout d’un travail de sculpture ébéniste sur un même matériau : celui du crin frotté sur les cordes tendues. On passe de la mélodie sensible et postromantique la plus poétique à l’expressivité sonore pure, par le jeu des dilations de l’espace musical créé… intime et harmonique pour souligner la mélancolie délicate des violons qui sanglotent… ample et purement texturé lorsque les trois pupitres (violons, altos, violoncelles) fonctionnent en vagues distinctes, mais forcément siamoises. Les distorsions parfois éprouvantes du rythme, tensions extrêmes, saillies aiguisées, chargent les moments mélodiques d’une émotion névrosée, qui tend, parfois, vers l’hystérie. Toute la partition est bien comme annoncée une vision transfigurée de la nuit… un moment dessiné d’une seule couleur profonde, entièrement faite de creux, d’ombres et de faux-semblants… de courbes de violoncelles et de voûte céleste, de pizzicati et d’étoiles, de la lune nuageuse et du lent déplacement des cordes les plus profondes. Et l’angoisse est partout, constamment insinuée par les traits affilés de violons émotifs. La suite opus 29, elle, appartient à la période dodécaphonique pure. Dissonance totale, donc, et pourtant cette pièce est toute entière chargée d’une dimension atmosphérique incontestable, et très familière de celle de la nuit transfigurée. La merveilleuse pluralité des sons, clarinettes, basses clarinettes, cordes et piano allié à une orchestration très aérée rendent la musique immédiatement séduisante. Le piano peut sonner soudain comme la pluie, la clarinette comme un langage absurde, et chez Schoenberg la trilogie des cordes a toujours quelque chose des romans de Gustav Meyrink. Encore une fois, la beauté plastique immédiate de l’opus 29 est une porte d’entrée idéale vers le monde abscons du dodécaphonisme. «La nuit transfigurée», opus 4, est quant à elle plus qu’une porte, une véritable plongée dans un monde visuel et musical, à la qualité formelle absolument exceptionnelle. Dès cette œuvre, le compositeur nettoie tout pour revenir à l’expressivité pure des sons qu’il choisit, et nous apprendre, plus avant, à les écouter.

note       Publiée le dimanche 30 juin 2002

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Retour vers le passé : le "dommage" des Grosses Têtes a disparu des plateformes ! Petite autocensure dû à l'obscène, probablement (oui, je cherchais ça ! Pour la citation exacte. Tant pis, elle restera au moins dans ma mémoire). (Et je ris de ce Saïmone d'il y a 16 ans qui ne savait pas ce que voulait dire "chromatisme". La route est parfois un peu plus longue pour certains...)

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    Sigur_Langföl Envoyez un message privé àSigur_Langföl

    Navrant. Un tout grand.

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    à écouter, le dommage à Boulez des Grosses Têtes...

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    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Dernier à s'en aller de cette génération qui a pas mal renouvelé la musique classique : Stockhausen, Berio, Nono, Ligeti, Xenakis, et Boulez donc.

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Pierrot "Lunaire" BOULEZ est mort le 5 janvier à 90 ans (l'a bien vécu le gusse)...