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Enregistré, produit et mixé au Centre de Musique Contemporaine de Mills College dans le campus déserté en été (Oakland, California), au Centre Culturel Américain (Paris, France) et aux Mastertone Recording Studios (New York City).
Automatic Writing se veut une oeuvre musicale composée de façon "inconsciente", émanant directement de l'inconscient de Robert Ashley. Ce-dernier, souffrant d'une forme légère du syndrome de la Tourette, a enregistré ses phrases dans involontaires dans l'intimité du studio. Il y a ensuite adjoint les 3 autres personnages de son "opera" : une voix féminine traduisant en français les phrases involontaires d'Ashley, un Moog, et un orgue formant un bourdon harmonique en fond sonore. La chronique a été écrite avant de connaître les conditions de création et "d'écriture" de l' oeuvre.
De Profundis ? Automatic Writing, du musicien expérimental Robert Ashley, n’a rien à voir avec la méthode d’écriture de Burroughs, sauf peut-être le côté pharmaceutique. Car par « écriture automatique », Ashley entend les phrases automatiquement générées par son propre cerveau droit, pensées parasites sortant à haute voix et ici triturées par des effets hantologiques avant l’heure , désagrégeant la voix de somnambule du convalescent, comme ausculté avec une infinie bienveillance par Mimi Johnson, la voix française au délicieux accent qui répète les mots d’Ashley durant tout l’album, comme un double rationnel consignant ses enfantillages dans un carnet intime. Intime comme aucune musique ne l’avait alors été. Automatic Writing est à la fois cette chambre d’hôpital de mourant, minuscule, bien confinée hors de l’espace-temps, ce refuge immobile et amniotique dans lequel l’inconscient recroquevillé semble lentement se désenrouler, se dévoiler, et demander l’asile politique comme dans Ghost in the Shell… Un inconscient inextinguible, qui ne dort jamais. Où plutôt qui rêve à haute voix. Et en même temps, Automatic Writing est aussi cette expérience profondément Dérangeante de confrontation sans échappatoire à la psyché d’un être atteint d’un mystérieux syndrome, sur cet autel intérieur reclus et plus apaisant que le plus sourd des silences… Méditation de l’âme isolée dans le corps, tel un poisson dans son bocal ? « vas-y laisse-toi aller », « ne regrette pas », « qu’est-ce que tu caches »… paroles rassurantes susurrées en français (au passage, chers programmateurs radios, ça rentre dans les quotas, pensez-y !), tandis qu’une basse vient entonner une mélodie, comme si Arthur Russell répétait tranquillement derrière les murs capitonnés du studio… Tout cela serait le disque d’ambient le plus familier, le plus limpide du monde, si la persistance de ces deux spectres sur disque ne rendait pas l’impression diffuse mais bien réelle d’écouter aux portes, de surprendre une conversation à la Resnais qui ne nous était pas destinée, nous renvoyant à notre propre condition de spectres, assistant à une scène à laquelle nous ne pouvons bien sûr pas prendre part. Il y a un homme et une femme qui vivent dans mes enceintes, leur soliloque est doux mais eux ne peuvent m’entendre… Et maintenant ?
note Publiée le samedi 20 juin 2015
Note moyenne 3 votes
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oups... lapsus révélateur
(au passage le label, c'est "Lovely Music", pas "Lonely" ;) )
OH YES BOBBY EST DANS LA PLACE!!!!