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Toad › #3

lp • 2 titres • 35:21 min

  • 1Marche de Chabaud/Marche de Roussel/Bourrée de l’Anglars16:36
  • 2Bourrée de l’Arabe/Bourrée de Mouret/Marche de l’Arabe18:45

informations

Non renseigné.

LP, pochette sérigraphiée. L’intégralité de l’album est en écoute libre depuis la page bandcamp du groupe (voir lien plus haut).

line up

Pierre-Vincent Fortunier (cornemuse béchonnet 11 pouces, violon), Yann Gourdon (vielle à roue, boîte à bourdons, pieds), Guilhem Lacroux (guitare)

chronique

Celui-là commence en toute lenteur. Ce ne sont que deux plages. Suites de danses, encore, selon les titres. Mais longues, cette fois, comme étirées. La pochette, elle, n’est que masses – ou surfaces, texturées de noir et de blancs. Est-ce… L’intérieur d’une grotte, comme prise en négatif ? Un ciel constellé, vu d'un sommet, d'un haut plateau loin de toute source de lumière électrique ? Ce disque… Sera-t-il la nuit, le cauchemar, le délire de leurs musiques ? Les ont-ils cette fois pour de bon hallucinées ? Il est certain, en tout cas, que le trio, sur celui-là, tient encore mieux son art des vitesses, des débits, des inflexions, aussi – des techniques et pratiques, des intuitions saisies par quoi rien de tout cela ne diffère terme à terme, par quoi ceux-là s’apparentent chimiquement plutôt qu’ils ne s’imbriqueraient en simples assemblages. Aucune hâte, disais-je. Les cycles prennent leur temps. L’emplissent, l’agrandissent à mesure. Le pas n’est toujours pas mesurable. Les montées, pour autant, attrapent encore davantage. La moindre nuance – ralentissement, accélération ; basculement, presque rupture qui fait relance – se ressent ici avec une infinie précision ; chaque changement, chaque progression, est physiquement imprimée, musique qui frappe au corps, le traverse, sonne dans ses volumes, musique qui elle-même est un corps ; l’entraîne, encore… mais il me semble que ce disque-ci, plus que les deux premiers – alors même qu'il est le seul des trois où l'un des musicien y batte des pieds (c'est Gourdon, je crois, sur une planche amplifiée par des micros-contacts) – se prête aussi à une écoute plus contemplative, qu’il suscite même cette concentration, tout de suite, une expérience différente de celle à quoi convie le groupe lorsqu’il joue en concert, où la ronde, toujours, prend – et presque d’emblée. Le début de la deuxième suite, en particulier – fréquences oscillées, tenue cinq minutes durant, incroyablement frémissantes et captivantes, avant que la guitare n’amorce le motif en giration – "installe" une atmosphère, l’instille, nous plonge dans la matière son ; la charge de chacun de ses atomes ressentie dans l’instant où sa masse attire les particules autours, les amalgame sur elle, dans elle ; ou bien au contraire, les repousse, s’y effrite, se subtilise ; où les longueur d’ondes sont chiffres moléculaires – loin de toute abstraction, variations de courant, infimes ou violent basculement d’un monde aux vibrations concrètes. Cette plage est… J’allais écrire "fascinante" ; mais alors qu’on m’entende : aucunement au sens où on y entendrait – y réussiraient-ils – une tentative d’épater, de bluffer, la démonstration faite d’un système. Je l’entends comme émanée d’un champ incroyablement libre. Je crois qu’il est une part, l’un des accomplissements d’une démarche exigeante, travail en plein cours et pas fait – pour le moment, au moins – pour se clore. En lui même, pièce d’une rare intégrité. Disque assez incroyable. Le temps qu’il joue, absolument indéniable. Un temps qu’il ne souligne pas, n’emprisonne pas. Le temps qui – ce temps là – cesse d’être dimension isolée, compte à part qui grève, et cloisonne. Temps libéré qui ne suspend pas – qui est peut-être le contraire d’une suspension.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le samedi 13 juin 2015

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Reflection Envoyez un message privé àReflection

Arggg ça me fait mal de vous lire car la Baracande est passée la semaine dernière dans un bar à 2 pas de chez moi et... je les ai raté (j'ai su ça le lendemain). Sinon ce disque... acheté à sa sortie en vinyle ! (Je crois qu'il vaut une blinde maintenant)... vous m'avez donné envi de le ressortir mais faut s'y préparer un peu... (pas sur que ce soit une bonne idée ce week-end pour l'anniversaire de mon fils).

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Je crois qu'on était quelques-uns à avoir fait le déplacement, pour celle-là ! (J'avais pu aller à celle des dix ans, aussi, en plein air, en forêt un peu au milieu de nulle-part. Grande nuit aussi... En plus on était arrivés la veille et on s'était posés, une petite dizaines comme ça de privilégiés, pour entendre Mainte Fois jouer son set entier, dernière répète de ce qui le lendemain donc allait être une création, ce groupe/cette configration de musiciens de La Nóvia n'ayant jamais joué publiquement avant. Tout ça sans les lumières de scène, sous celle des étoiles. Gros trip, ça, vraiment).

Message édité le 28-03-2025 à 18:30 par dioneo

Horn Abboth Envoyez un message privé àHorn Abboth

titre de l'image

Je les avais vu en 2016 sur cette nuit incroyable à Saint Merry. Parmi mes meilleurs souvenirs de concerts.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Pour ma part j'avais découvert le collectif via un concert de Toad + La Baracande (qui sont les mêmes avec en plus Basile Brémaud au chant et au violon), en plus à peu prés au moment de ce disque.... Autant vous dire que ça m'avait attrapé direct ! (Et que j'abonde dans le sens de Klari : s'ils jouent vers chez vous faut y aller, oui !)

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor
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bah c'est le plus prenant des Toad, qui est un des groupes la Novia les plus prenants. j'enrage de ne toujours pas l'avoir. fortement conseillé en live oui

Message édité le 28-03-2025 à 14:56 par klarinetthor

Note donnée au disque :