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Toad › #1

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Klarinetthor      lundi 15 août 2016 - 14:36
Alfred le Pingouin      jeudi 11 juin 2015 - 12:08
merci pour le fusil...      samedi 27 juin 2015 - 21:57

cdr • 8 titres • 63:52 min

  • 1Bourrée à Chabrier/Bourrée à Mouret/Lo Becat5:46
  • 2S’avia una mia/Planta chau/Marche à mouret4:38
  • 3Mariton ton pucelage/Mazurka de l’Anglars5:38
  • 4Ont menarem/Abati pauvre garçon/Faï bon dançar4:41
  • 5Valse de la chasse/Valse à Chabrier4:42
  • 6Polka à Mouret/Lamor de bicóta4:03
  • 7E quau te mena/La Marion plora/Bourrée de l’Anglars7:38
  • 8Bourdon26:46

informations

Non renseigné.

CD, pochette carton pliée à la main. L’intégralité de l’album est en écoute libre depuis la page bandcamp du label (voir lien dans la section "écoutes").

line up

Pierre-Vincent Fortunier (cornemuse béchonnet 11 pouces, violon), Yann Gourdon (vielle à roue), Guilhem Lacroux (guitare)

chronique

Toad sont pour la danse. Souvent, en concert, ils jouent après la Baracande – qui sont, eux, pour la veillée. Les deux groupes se composent d’ailleurs des mêmes membres, au chanteur Basile Brémaud près, ici absent. Mais à vrai dire… Toad ont précédé, en existence, la Baracande. Et tous les autres – au moins sur disque – du collectif La Nòvia. Numéro de catalogue : 001. Et… la danse, donc. Elle y est, déjà, trait saillant, moteur. Ses figures annoncées dans les titres : bourrée, valse, marche, mazurka, polka. Autant que les climats d’histoires, ici déroulées ensuite sans paroles, sur quoi les mouvements s’amorcent, s’emballent. La danse… C’est ce rapport à l’espace, la mise en corps de sa vibration, de son souffle. C’est une question de résistance – il faut rester debout –, une question de lâcher prise. Elle entraîne. C’est un rapport au lieu, à la place, aux autres corps danseurs. Il faut pour tout ça que sa vibration soit pulsée. Pourtant, ici, aucun des instruments n’est de ceux qu’on admet communément comme "rythmiques". Pas d’élément à priori percussif. Des machines à sons tenus, surtout, à cycler les fréquences : vielle à roue, violon, cornemuse. Le bourdon… Nous en reparlerons plus loin. La guitare, entre eux, qui trace comme les autres des motifs courts et répétés, longtemps, innombrables. Au vrai, ce premier disque – surtout sur les plages qui l’ouvrent – pourrait sembler un point d’attache avec ce qui dans nos contrées, sur les territoires folk, avait précédé. Le "mouvement folk", avec ses suites (de danses, encore), ses répertoires repris, amplifiés, timbrés autrement pour d’autres atmosphères. Aussi – plus que sur d’autres disques de Toad, ou d’autres formations sises dans cette même "maison" – on entend, je crois, moins transformées, moins fondues, moins "métabolisées", des influences extérieures, identifiables à d’autres… "genres". Un sorte de scansion rock – singulièrement, dans la guitare de Guilhem Lacroux, justement (dont le jeu, cependant, deviendra peut-être bien l’un des éléments les plus libérés de tout emprunt patent, ensuite, dans l’art de "ces gens" – qu’on parle encore de Toad ou de ses concert en solo, en duo à l’allure d’impromptu avec le dénommé Sourdure ; l’un de ceux-là dont la substance coulée, les fluides et cassures rendra encore plus subtiles et puissantes leurs mécaniques d’ivresse, leurs intuitions exactes dans la taille des angles). Bien sûr, toutefois, c’est autre chose qui survient. Très vite. Une pulsation qui naît, disais-je. Et qui n’est pas duplication de ce qu’en avaient fait quelques aînés, leur vision. Il semble qu’eux cherchent à toucher une autre moelle, afin de refaire… Vibrer, encore. Une propulsion plus vive, vivace. Ce n’est pas une question de "bête" modernité – qui ne serait qu’adaptation, de conformation. Si ça joue contre ce conformisme, même, il semble que les musiciens pour autant, ne cherchent surtout pas à imiter "ce qu’il y avait avant", à sauter une génération. Il ne s’agit pas, sans doute, d’être de son temps ; sans doute pas de se séparer, de s’isoler sur un coin de terre – il est impossible, non-avenu, d’être ailleurs que maintenant, conscience d’où l’on est planté ; l’horizon dit des limites et des lancées ; entre les murs – bergerie, squat, salle municipale… – sont commensaux et étrangers, tous venus en familiers ou en curieux ; tous venus pour quelque chose. Danser, on le répète encore. "Qu'ils se Fassent un Village, ou Bien c'est Nous qui s'en allons", clamait, un jour, un autre. Je ne sais pas s’ils l’ont entendu. Il me semble qu’ils le prennent au mot. Jusque dans cette syntaxe – étrange et fine – qui pour les affirmer, sans tous les formuler, feint de brouiller le "je", le "nous", le point piqué de consistance de l’individu, le corps collectif, l’endroit partagé, occupé, les intervalles comme vecteurs et comme écarts, ouvertures où articuler. Les titres, au fait – j’y reviens – sont parfois en dialectes. Quelquefois on les comprend. Pour d’autres – selon comment et où on a grandi, là où l’on vit – le propos nous échappe. Faï bon dançar, décidément, c’est évident pour tous ; même si La Marion Pleure ; mais est on sûr, au deuxième titre, qu’ils s’agisse de Planter Chou ? Et puis où est-ce, Mouret, ou Chabrier ? Ou bien… Sont-ce les noms de quelques notables ? Passons… En fait de dialectes, ce sont pleinement des langues. Et plus on se plonge dans ce disque, plus on entend ce qu’il affirme. Plus on est gagné par sa pertinence, frappé par cette matérialité puissante du son. Complexes d’harmoniques en nuages. La pulsation, j’insiste : ce sont ces particules qui courent le long du tourbillon, de la trajectoire vrillée, le couloir d’air creusé en ronde. Le flux s’en serre et s’en dilate, c’est ce qui fait le rythme. C’est le rythme lui-même. La dernière plage s’appelle simplement Bourdon. C’est un maître mot, un indice – il en sera encore question, souvent, lorsqu’on reparlera de cette même Nóvia. C’est cette même matière. Qui tourne, tout autant, se meut sans quitter la place en remous fantastiques et proches, désengagés des formes, des codes et comptes des pas, mais non rendus à l’indistinct, l’espace pas neutralisé. Le ciel, les faces éclairées des montagnes, s’étalent en un verdâtre qui tire sur le jaune acide. Les épis et les ombres se tracent, creusent en un vert d’eau profond. Le temps de ce disque, on peut comprendre pourquoi, combien, ce sont des teintes exactes et belles, vues de là où il sonne.

note       Publiée le mercredi 10 juin 2015

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    Eliphas Envoyez un message privé àEliphas

    Oui de même que l'écurie La Nóvia, j'aime beaucoup ces énergies qui se rassemblent par passion, ça me fait penser dans un genre tout autre à Hummus records. C'est je pense l'avenir de la création.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Ah ben de rien... (Du coup, j'imagine que tu as également goûté aux suivants... Donc je n'en rajoute point de couche).

    Eliphas Envoyez un message privé àEliphas

    Merci pour la découverte.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Hmmm... Justement, je trouve que sur celui-là ils ont déjà fait un bond hors du "rock". (Avec des guillemets oui, parce que bon, déjà à la base c'est de l'ordre du "parce qu'il est agréable de parler comme tout le monde, et de dire le soleil se lève, quand tout le monde sait que c'est une manière de parler", ce terme - rock - pour cette musique).

    merci pour le fusil... Envoyez un message privé àmerci pour le fusil...

    Encore trop imprégnée d'une efficacité rock (la longueur des morceaux) et d'une esthétique dronExpé. Ca se cherche mais sent déjà bon.

    Note donnée au disque :