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Deftones › Diamond Eyes
informations
Enregistré à The Pass, Los Angeles, CA et North Amerycan Studios, North Hollywood, CA. Produit par Nick Raskulinecz.
line up
Stephen Carpenter (cordes), Abe Cunningham (batterie), Frank Delgado (claviers, samples), Chino Moreno (chant, guitare), Sergio Vega (basse)
chronique
- metal alternatif mélancolinoisy
En cas de crise majeure, se plonger dans le travail. Ne pas relever la tête, au cas où la submersion guetterait d'un peu trop près. La traumatisme, ça se traite la tête dans le guidon. Pas histoire d'oublier, l'oubli c'est bon pour les morts, et tout le monde est bien vivant, encore. Histoire de penser à autre chose. Se forcer à penser à autre chose. Alors évidemment, du coup, remettre la machine en route n'est pas toujours aisé. Ca patine, ça dérape, ça s'embourbe un peu, les pensées, les sentiments, tout ça est d'une grande confusion. Pas évident de reprendre un rythme. Le temps, toujours le temps. Aussi impitoyable que nécessaire. Un temps à occuper, à découper en parcelles à remplir comme on peut. Est-ce pour ça que le premier album que les Deftones enregistrent après l'accident terrible de Chi a du mal à décoller ? Qu'il rentre dans le mou sans fioriture, sans regarder en arrière, qu'il se presse de vouloir se mettre en branle au plus vite, au risque d'un démarrage en automatique, un peu saoulé de volontarisme ? C'est l'impression qu'il donne. Pas eu le temps de digérer, il fallait y retourner, pour simplement continuer à vivre. Sans trahir, les bandes d'"Eros" dont remisées de côté le temps que Chi aille mieux, parce qu'il ira mieux n'est-ce pas ? Pas le temps de réfléchir au pire. On espère sans y penser. Penser au pire ne sert jamais à rien, et surtout pas à l'éviter. Ne penser à rien et balancer du son, vite, tout de suite, avec un nouveau bassiste qui prend sa place, discret. La sienne, pas celle de Chi. Faire du Deftones. Ils savent faire, ils font ça depuis près de vingt ans maintenant. C'est toujours un peu la même chose, Deftones, parce qu'ils ont un son à eux. C'est rare un son à soi. Même quand une partie de soi est ailleurs, qu'elle ne reviendra peut-être plus. Rester debout en ayant perdu une partie de soi. Ils savent faire les Deftones. Faut juste un peu de temps pour se remettre dans le bain. Un morceau ou deux. Ou trois. Tout y est pourtant, sans la moindre velléité de geindre sur son sort. C'est juste un peu appliqué, parce que les Deftones sont les artisans de leur propre formule. Faut faire vite et bien. Quel besoin de décrire pour la millième fois le son des Deftones ? Cette pesanteur orageuse, ce chant mi-suave mi-arraché, cette frappe au groove improbable et colérique. Jamais trop su où les coller finalement ces Deftones. Du post-metal-cold-wave à relents de hip-hop de cracker-slacker-skater dépressif ? Non mais les labels, les tags, toujours aussi impuissants à décrire la musique, finalement. Ecoutez comme ça rugit les riffs, comme les textures se chargent d'électricité statique, plus que jamais. C'est familier. Presque trop, même si c'est toujours beau, les Deftones. Une sensation d'atavique mal-être. Et puis au bout d'un moment, ça reprend. Presque tout seul. Comme un matin on se réveille et l'absence pèse un peu moins lourde. Un tout petit peu. Mais y a quelque chose qui fonctionne vraiment à nouveau. "You've Seen the Butcher", tout là haut, dans les nuages, qui tombe comme une pluie à la voix de rouille, une suspension dans l'air qui roule comme un tonnerre de mauvais aloi, qui vient enfin réveiller l'âme du groupe. Oui, la vie reprend. Tant qu'on n'est pas mort, faut pas trop s'en faire. Alors ça s'enchaine d'un coup, les Deftones, les grands Deftones, ces mélodies aux détours merveilleux, ces coups de lattes, ces baisers, la voix de Chino qui s'évertue à faire mentir le temps, "Beauty School" et son refrain qui cajole dans l'oeil du cyclone. Parce que ça tient de la secousse, les deux morceaux suivants en attestent, remués par une paire Cunninghan/Carpenter qui ne desserrent pas les dents, Chino au gré des courants, balançant après force hurlements un de ses "wooo" enveloppé dans les ondulations électroniques de Delgado, plus inquiétantes peut-être encore qu'à l'accoutumé. Ca se permet même de pondre la ballade qui fera bien sur les radios, la somme toute très peu sexuelle "Sextape". Back to business en quelque sorte. Même si le risque de s'essouffler guette à tout moment, parce que malgré tout, ça abîme, le manque, l'angoisse, tout ça. Alors les Deftones font du Deftones jusqu'au bout, et plutôt bien. Sans forcément de génie, mais ça fait plus de quinze ans et un bassiste dans le coma. Travailler pour survivre, en attendant mieux, ça donnera toujours quelque chose, comme ce "976-EVIL" du meilleur cru. Et sans se répandre, rester cryptique comme forme de dignité. Même "This Place is Death", contrairement à ce que son titre augure et à la mélancolie qui en suinte, pas évident que l'ombre de Chi plane là-dessus, la tension y est plutôt sensuelle. Insaisissable ces Deftones. Et par là même, admirables.
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- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Mérite trois boules, mais deux pour la pochette.
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- Rastignac › Envoyez un message privé àRastignac
Il est un peu plus chouette que le précédent. Ah. Ah. Même si la guimauve trop sucrée reste collée malheureusement (cf. sextape…)
- Note donnée au disque :
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Un peu Deftones versant gel fixation béton tenue 24heures celui-ci, mais pas dégueulasse, Chino a encore une ou deux mélodies qui collent bien (...), même quand c'est du refrain à teen movie que pourrait avoir sorti Linkin Park sans trop pousser (le titre épo, feeling neo deostické ....et pourtant suave à mort). On sent qu'il est sorti a un moment de pas glop pas trop dedans, il a quelque chose de mécanique, de forcé. Comme pour Around the Fouf, pas le maillon fort de la disco, plutôt le skeud patafix qui colmate entre les gros bouts. Gore est nettement plus fin, du bout des trois dernières écoutes très plaisantes je dirais bien : "leur album à la Chameleons".
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Ah ah ! Je sais pas, je pense ne pas en avoir ré-écouté un seul morceau depuis la rédaction de cette chronique (cette intro, oh la la...).
Ben Gore je sais pas, j'aurais du, déjà tu peux écouter l'album de Palms qui est chroniqué, lui, mais je suis pas sûr que ça te plaise.
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Et lui, on en parle ? (ce Numéro 6, quel prescripteur de modes, oh la la TPPT...)
Edit : rectification, y a rien à en dire en fait. Elle arrive, cette chronique de Gore, oui ?
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