Mysticisme › Répandre

Vous vous souvenez de cette pub (désolé, je suis une éponge à jingle) ? "Quand t'as vraiment faim, cacahuètes, biscuit et chocolat, hmmmm". Ce jingle, ce slogan c'est une de mes amériques à moi, ça reste ce qui résonne dans les neurones quand une envie irrépressible de se faire du bien arrive au fond de ma glotte. "Allez bon sang, balancez les cacahuètes, je vais m'en mettre plein la panse !". Ben en ce moment je me remplis le bide de black metal triste, atmosphérique, je sais pas, c'est peut-être l'air du temps qui souffle sur les steppes - vous trouvez pas qu'il y a comme une ambiance steppeuse en ce moment ? Non ? Bon, ok. Alors, parmi les nombreuses choses étiquetées de ce genre, je vais commencer par le moins loin. Ici, "Mysticisme", groupe de Strasbourg. Sur le bandcamp du groupe il est bien décrit que le propos se veut spirituel, ça me rappelle dans l'abstraction du propos ce que racontait le gars de Spectral Lore : "tout vient de là les mecs, c'est transcendantal" - sauf que chez Mysticisme on reste sombre et réactionnaire (comprendre aujourd'hui c'est moins qu'hier, donc perte, donc chagrin) alors que le grec multi-instrumentiste essayait plutôt de ramener la transcendance là où elle était, c'est à dire partout, dans le bien, le mal, le moche, le beau. Bref, ici ce qui se jette à mes oreilles toutes noires c'est tout d'abord la boite à rythmes, très gonflée, trop mise en avant, envahissante même en écoutant cette musique avec un casque, ça colle toujours moyen dans un album qui se veut tout de pierre et de bois, mais passé ce détail un peu désagréable par son côté synthétique jurant avec les trémolos jolis et la voix raclée (de bon goût), quand on arrive à ne pas trop tiquer là-dessus se dégagent des chansons assez belles, en français, qui font penser à un certain romantisme cocorico black metal typé années 90, (enfin, presque, les tranches chrono-géographiques sont toujours poreuses hein) - surtout quand on a les yeux plantés sur les paroles qui respirent une jeunesse fraiche, un peu brut de décoffrage. Un certain romantisme français tout court est revendiqué ici : je comprends mieux pourquoi je vois des groupes comme Varsovie se retrouver dans les coups de cœur des sombres mectons qui se droguent au Nokturnal Mortum... En fait, ils partagent dans cette frange de scène black metal tristoune et corbeau un dénominateur commun, celui qui faisait que les mecs de Darkthrone écoutassent défoncés dans le noir cet album de Diamanda Galas - idem, complaisance dans les thématiques mélancoliques, goût pour exprimer une souffrance pleine d'épithètes (longue, noire, pré-cadavérique), esprit curieux se retrouvent sur ce "Répandre". Ici, la sauce prend assez bien, si encore une fois patience est travaillée face à cette grosse rythmique qui ne colle pas trop avec la musique, même si aussi quelques rimes deviennent étranges quand on commence à regarder au fond du texte. Premier album après un premier EP, premières sensations, pots cassés et possibilités, un gros 3,7 pour moi !