...plom-plom blam-blam... PLOM-PLOM BLAM-BLAM. Voilà, c'est aussi ça la composition selon Zimmer ! Et c'est de rigueur avec ce film techno-bourrin ! Plus que jamais en 2008, cinéma américain post-9/11 = Valeurs vs. Nihilisme. Tu prends le Joker comme la métaphore prospective de Daech qui casse des statues et fait trembler de peur les "gentils" et les "innocents", je te laisse deviner qui est Batman... Voilà ce que le Dark Knight de Nolan m'inspire, vu que de toute façon il met le flingue sur la tempe pour souligner son idéologie, avec des répliques de comic's qui comme Incassable de Shyamalan tentent de confiner à la philosophie via un logos lourdement Hollywood ("You complete me" - "I'm an agent of Chaos"), avec la glaciale et pompière puissance de feu typique de la caste, et aidé par la musique adéquate de H. Zimmer et J.N. Howard. Sifflement-sirène en intro, cliquetis malingres, puis matraquage aveugle... Obscène comme du symphonique imaginé par un trader mégalo, épique comme sa mort sans sommation du haut d'un building. Monolithiquement sérieux, comme le film : premier degré total et totalitaire, qualité Imax (toi aussi achète ce blu-ray), photographie juste assez cold-dark pour ne pas être trop bleutée et ainsi éviter l'AOC Luc Besson. Quand ils veulent montrer leurs gros bras, ces têtes d'ogive de l'humanité sont les meilleurs ! Et quand je suis d'humeur big mac je fais pas les choses à moitié : je dégaine la grosse B.O. bien corbac-music de Zimmer pour The Dark Knight, comme un smicard frustré se tapant son bad trip capitaliste dans un 4X4 anthracite énorme. Why so sombrex ? Parce que j'suis de mauvais hummer ! Alors circulez, twingoïstes blattes, ou je vous écrrrrrrase - ughrrrrrrrrr, salauds d'pauvres, j'écoute Le Sombre Chevalier Piste de Son GRRRRR ! Pimpon-pimpon ! J'suis capable de tout sur mes gros pneus très noirs eheheh... Pas pire que Hollywood après tout, qui en 2008 ont été capables des plus grandes escroqueries artistiques emballées en chef d'oeuvre grand public, et qui ont bien été capables de sortir ce film, brouillon gonflé ni vu ni connu pour ressembler à un blockbuster parfait après la mort accidentelle de son méchant principal, ex-cow-boy amateur de bivouac (à la montagne de Dos-Cassé) grimé pour l'occasion de l'adaptation griffée DC Comics en pur méchant apocalyptico-nihiliste un truc de fou, à rendre jaloux tous les black-métalleux ! Heath Ledger a bien trippé, et sa voix du Joker inspirée par celle de Malcolm McDowell dans Orange Mécanique restera dans les annales sombres et expérimentales. Il aurait mérité de profiter de son cachet avant d'en prendre quelques-uns de trop, tellement ce rôle a placé la barre haut dans le top 10 des psychopathes de compète générés par Hollywood depuis La Nuit du Chasseur. Oui, gneusuidésolé ! Toute cette cinéphilie parasite me fait encore dériver de la chronique purement musicale ! Mais je ne suis pas dans le hors-sujet : je suis lourd comme Nolan, et je temporise comme lui... C'est de rigueur ! Alors why so "connais pas CTRL+roulette" ? Cette B.O. de Dark Knight, c'est souvent du lourd, aussi, avec un Zimmer plus que jamais lesté à ses patterns obsessifs d'Albert Speer des blockbusters contemporains. Enfin c'est du lourd surtout le titre d'ouverture et de fermeture à dire vrai, ce qui est entre les deux étant pure variation un peu plus mielleuse avec quelques thèmes héroïco-clichesques heureusement minoritaires qui serviraient très bien dans Fort Boyard ou Koh-Lanta. Ce qui est peut-être déjà le cas, ma télé est débranchée depuis cinq ans... Mais tout de même, quel beau buffet militaire ! Contrastes souvent sublimes, crescendos luxueux et charges impétueuses, avec une prédominance à la menace latente qui mue en gros bourrinage orchestral bien bas du front. Pur truc de ricain à gros moyens dans son trip dark-sympho-dark-ambient. Plus Penderecki pour beaufs par endroits et électronique que la première, cette B.O. tabasse sévèrement sur ses meilleurs passages. Le thème du Joker qui dure neuf minutes en intro dé-boîte, je dis que ça. Une symphonie dark-hollywood ciselée qui me donnerait presque envie d'investir dans un matos audiophile avec des tours laquées à mort pour pilonner le plafond de mes voisins du dessous en growlant "I'm not wearing hockey pads". Car cette musique est lourdement ricaine, avec un feeling volontiers à la NIN instrumental de classe moyenne. Zimmer et Howard ont peaufiné en bons hoplites de la bande originale, et créé une ambiance de Braveheart hi-tech, de neo-péplum technologique, encore légèrement mâtiné de flotte orchestrale plus typiquement hollywoodienne façon ambiance film de guerre aseptisé. Y a encore du fade, certes : mais le fade n'est pas si soupasse, et ce qui tabasse tabasse. Même si j'aime à peu près autant les deux B.O., c'est incontestablement plus puissant que pour Batman Begins. Bien que Zimmer, aussi symphoniquement subtil que Zemmour ne l'est idéologiquement, en recycle des thèmes qu'il customise, car dans cette période il enchaîne les musiques de film comme une usine ("And I Thought My Jokes Were Bad") et il a recours à quelques effets vu et revus. Mais réussir ça après la B.O. de Kung Fu Panda, moi je dis chapeau. Même si le Joker c'est un panda aussi, crari scandinave, vous savez ceux qui brûlent des églises... ben lui il crame des piles de billets de trois mètres ! Nolan a bien mis la pression au binôme pour qu'il lui compose un impeccable building de B.O. à blockbuster sombre et plus ou moins expérimental (moins, o.k.), et l'ex-Buggles et son collègue se sont pas fait prier ! Musique parfaitement à l'image du film dont elle démultiplie la puissance tape-à-l'oeil en bon gros tape-à-l'oreille : bourrine, et qui se croit raffinée. Et pourtant ça marche ! Classieuse comme celle du premier et même un petit cran au-dessus, c'te B.O... Moins de passages verveine-violette, plus de gros plam-plam à macadam, et des accalmies moins Fébrèze, plus volutes de cèdre dans un loft surplombant Manhattan. Ou Gotham. T'façon vu par Nolan c'est à peu près la même, il manque plus qu'une scène dans le Ground Zero avec Omar Ben Joker pour scellé la finesse du bousin. Musique à gros sabots totalitaires, pour une série B de gros richards populos destinée aux ados, attardés ou non, mais juste assez geeks, qui vont kiffer ce combat épique entre un justicier masqué méta-nietzschéen et le chaos incarné en cinquième membre de Kiss minutieusement barbouillé par dix maquilleuses. Why so grosses bottes ? Une musique que les possesseurs dépressifs de home cinema qui ont fait un crédit sur quinze ans pour installer le système d'alarme de leur barraque apprécierons le plus, mais que je vous recommande froidement. Il faut dire qu'ici Zimmer et Howard ont mis le paquet : orchestration massivement inquisitrice, rythme de corrida pour cargons blindés, mélodies dignes d'être samplées sur le prochain Rammstein, et détails électroniques donnant un cachet plus glacial à leur style atlantiste décomplexé. Moins classique que la première B.O. des Batman, et plutôt dantesque ! Il fait nuit, je t'invite à me rejoindre pour contempler la ville du haut du building...