Vaz › Demonstrations In Micronesia

Formé par deux ex-Hammerhead, ce duo qui tire son nom d'un vieux modèle de voiture russe est une énigme, comme les meilleurs groupes de l'ère Amphetamine Reptile. Ce premier album est unique. Sa photo intérieure what-the-fuck désigne déjà la tendance malsaine au déguisement de Vaz, comparable à l'esthétique d'un Crust. Et comme Crust, ils pètent la baraque en live, même si y a pas de langue de bœuf. Et sur disque, la sauce piquante est là. Et puis la date de sortie de Demonstrations in Micronesia rajoute à son charme, car moi, ce que j'entends ici, c'est un des grands albums de noise rock des années 90. Le chant harmonidélavé de Paul Erickson, quelque peu perturbé par son alter-ego cryptique Apollo Liftoff. Sa guitare au pluriel. Ses effets David Yow parfumé au menthol. La touche blues du genre blouse. Biaiseux, rythmique, riffu, anguleux, et un peu déprimant il faut bien le dire. Vaz ça va peut-être aussi vous faire penser autant à Jesus Lizard qu'à Shellac qu'à Don Caballero et j'en passe, comme à moi, mais c'est pas du tout un patchwork de tout ça même si l'effet bordélique est là, et c'est même très différent, car c'est du crari noise grunge math rock des plus moroses, des plus tenaces et des plus bipolaires... Un skeud très spécial, comme ce groupe, et accessoirement fortement recommandé à tous ceux qui s'extasient encore sur les meilleurs albums de Tool ou At The Drive-In. Les chromosomes de Vaz sont beaucoup plus crapuleux, en même temps. Groupe... anormal - et album à écouter de préférence par un matin pluvieux, la tête dans son slip et sans envie.