Jesuseater est une expression péjorative désignant en anglais les religionnaires ayant foi en la transsubstantiation, c'est à dire la téléportation divine du corps de Jésus leur prophète, messie, papa et frangin dans un bout de pain sans sel à bouffer avec recueillement à la fin de la messe, avant d'aller purger cet instant érotico-cannibale dans un bon gueuleton familial. C'est pas sympa comme terme, mais peut-être que les tatoueurs derrière ce projet étaient eux-mêmes catholiques... ça ne m'étonnerait pas, chaque "communauté" aime bien prendre elle-même comme étendard des insultes que les autres d'à côté infligent à leurs rites, apparences, habitudes... Alors, Jesuseater malgré le packaging très hardcore tatoué qui rigole pas genre H2O ou Sick of It All joue plutôt quelque chose comme du Unsane mais sans aucun groove, tout sec, tout dur, un peu Fu Manchu aussi, mais pareil, en plus teigneux, en plus huile de moteur, en moins sympathique. Un peu comme si vous voyiez un chevelu d'apparence sympa dans la rue, que vous lui tapotiez dans le dos en faisant "ouech cousin" et qu'il vous retourne une grosse mandale avant de traîner votre corps derrière une poubelle pour le transpercer d'une dizaine de coups de surin... Cet EP est donc très rock and roll, mais sans le côté reluisant ou jouasse de ce genre qui se voudrait être forcément lumineux, grâce à des gros relents de hardcore bien sûr, parfois, dans les refrains (le chanteur est une figure du hardcore washingtonien), quelques plans de batterie un peu oï aussi ("Your Airstream Future"), et ce feelling stoner metal grincheux qu'on ressent tout le long, à l'instar d'un Clutch sorti de zonzon, les fringues moches et les marques sur le corps, l'after-shave pourrave sous les bras et la gomina gluante dans les cheveux. Leur musique très agréable à s'envoyer est en tout cas rare, cet EP étant la seule chose à se mettre sous la dent avec un autre album longue durée sorti en 2002 également. J'imagine finalement ce disque comme la BO idéale d'un film d'horreur version "auto-stoppeur/routier démoniaque", comme ce truc là avec Rutger Hauer, vous vous souvenez ? Comme quoi, faut pas faire confiance à tout le monde... ce disque est là pour vous le rappeler de manière plus funny que le 19/20 sur France 3 !