Leviathan › Massive Conspiracy Against All Life

Sale année que l’année 2008, pour Wrest. Notre starlette, qui tient les hauts des charts black-metal amerloque en friction avec Xasthur s’est fait chopper pour possession de drogue en Thaïlande. C’est qu’il doit y prendre du bon temps en corpse paint sur la plage, ou à claquer son pognon avec le Seth Gueko au Phuket Tiger Bar, à se faire exotiquement dorloter dans les salons de massage... Mais ce n’est pas tout car avant cette villégiature à issue malheureuse, le mec dur en affaires comme pas deux et "vrai traitre" avait organisé un parachutage d’avocats sur ces "vraies putes" de chez Moribund Records, qui voulaient le forcer à sortir ce skeud chez eux ; et il s’en fallut de peu, paraît-il, pour que la présente galette sortît sous le nom de Lurker of Chalice sur un autre label, mais la Justice donna raison au label. Voilà qu’on se retrouve donc avec ce skeud programmatique que le titre annonce aussi grandiloquent que peu nietzschéen. Pour en faire un peu la mise en situation discographique, il faut voir aussi qu’en comparaison, l’année 2005 avait été marquante pour ce cher Wrest, car elle avait été celle de la sortie d' "A Silhouette in Splinters" et du premier et unique Lurker of Chalice ; c’est-à-dire, en quelque sorte, l’avènement et l’affirmation de ce qui fera l’originalité de la musique du tattoueur californien : les plages dark ambiant, les guitares nuageuses, les voix râlantes à la "Odinist", et les breaks de batterie jazzy. Car si le tenancier a une qualité et une originalité pour un one-man-band, c’est aussi qu’il joue de tout très bien, et que le son s’en ressent dans son organicité. Mais s’il a un défaut, et pas des moindres, c’est qu’avant son bon "Massive Conspiracy" sont déjà sortis "Kénôse", "MoRT", "Black One" (qu’il parsème d’ailleurs de quelques borborygmes), et "To Violate the Oblivious"… et pour violer l'évidence - au lieu de l'oublieux - ce Leviathan-ci, justement, se propose en quelque sorte de venir boucher les détestables absences des groupes précédents (surtout les deux premiers) en leur empruntant sa matière, ce qui fait de lui, en toute cruelle objectivité, un skeud de black seconde catégorie. Alors je ne dis pas qu’un morceau du Leviath ne se reconnaît ni n’a de gueule - au contraire, je trouve qu'il remplit plus qu'efficacement son rôle de sidekick - mais quand même ça hume le patchwork d’influences mal mâchées (très frappant sur "Vulgar Asceticism"), et autrement, y a une petite tendance désagréable à tomber dans le riffing blackeux sans originalité. Mais le skeud a évidemment ses moments de bravoure, j’y vois notamment la fin terriblement vide de "Made as the Stale Wine of Wrath", les accélérations de "Merging with Sword, onto Them" (clin d’oeil à la BO de Blade Runner dit-on, sur la fin), et tout le rampant psyché dernier morceau "Noisome Ash Crown". Car si la psychopathie est tout de même un caractère un peu téléphoné dans le genre, c’est bien la psychédélicité du skeud qui le rend par ailleurs intéressant, sur quelques trop rares passages à guitares évanescentes ou à touche progressive. Trop exubérament psycho et inexagérement psyché, c’est un effort remarquable malgré la porosité des influences, et la suite ne résoudra guère le problème... Ah, si Wrest pouvait lire Burroughs, Michaux et passer plus de temps en Thaïlande sans ses disques de BAN et DSO, qui sait ce qu'il nous balancerait !... car y a v'la le potentiel, comme on dit.