Suprême NTM › Pose Ton Gun / On Est Encore Là (Part II)

Pas la peine de la faire longue pour celui-là. Pose Ton Gun est un titre qui parle de lui-même. Sans abonder dans le sens des clichés régulièrement ressortis au sujet du cas Joey Starr, il faut reconnaître qu’à l’époque, il n’y avait pas grand-chose d’aussi siphonné, ivre de bizarrerie et de décadence urbaine que ce refrain, qui aujourd’hui encore parvient à fasciner. Quelle est la part de véritable arrachage de cordes vocales et de vocoder là-dedans, je me le suis toujours demandé. C’est fou qu’on soit aussi loin, en deux-trois ans, du Joey Starr encore jazz-rap et presque furtif des débuts. Il y a comme l’idée, à l’inverse du refrain chanté de "Laisse pas traîner ton fils", que Pose Ton Gun serait la seule chanson à parler au cœur des véritables hors-la-loi, truands ou types armés potentiellement homicidaires ou futurs condamnés à prison auquel NTM prétend s’adresser. Les mags de rap reprendront un peu le mythe : NTM, groupe devenu hardcore à force de street-cred et de disques de plus en plus sombres et durs, serait donc le seul qu’écoutent encore les gangsters, le seul qui les touche par ses instrus violentes et décharnées, son flow sans répit et délaissant toute prise de chou, et puis ces basses programmées pour faire vibrer l’asphalte environnant dans votre autoradio, jusqu’à en faire sursauter les chats errants tel du pop corn sur une poêle à frire brûlante. J’en fais trop ? Eh bien trop n’est jamais assez quand il s’agit de NTM. La preuve, "On est encore là", dont on ne trouve ici que la "part II". C’est l’un des cas, très rare, d’une autoreprise figurant sur le même album. Alors un conseil aux réticents à NTM qui ont lu jusqu’ici : pump up les infrabasses, et écoutez "On est encore là part. II" AVANT d’écouter la "part. I". C’est le même texte, le même morceau, mais avec une instru et une intensité de flow différente. L’effet est garanti pour peu qu’on commence par la part. II, avant la part I survoltée et fatale. Ça passe comme du bon death metal, du bon Melvins ou de la bonne techno hardcore.