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Boogie Down Productions › Criminal Minded

cd • 10 titres • 46:36 min

  • 1Poetry
  • 2South Bronx
  • 39mm Goes Bang
  • 4Word From Our Sponsor
  • 5Elementary
  • 6Dope Beat
  • 7Remix For P Is Free
  • 8The Bridge Is Over
  • 9Super-Hoe
  • 10Criminal Minded

informations

line up

KRS-One (MC, production), Scott La Rock (DJ)

chronique

On me taxera si on le souhaite de petit i-con-oclaste, mais cet album légendaire a mal passé le cap des années. Le fait que KRS était SDF lors de l'enregistrement n'y est sûrement pas étranger... Les choses étaient dictées par l'urgence dans cette fameuse guerre des clans new-yorkais entre BDP et le Juice Crew de Marley Marl (respectivement South Bronx et Queensbridge), escalade verbale qui s'achèvera ici avec "The Bridge Is Over". La pose était sensée être la plus crue possible pour traduire un sentiment de danger... Voilà ce qu'en retiendront ceux qui voient, au grand dam de KRiShna-One, ce disque comme l'origine du gangsta-rap... Une chose est sûre avec Criminal Minded : les anecdotes au sujet de sa genèse sont bien plus passionnantes que son écoute. Ce n'est pas ce que je ressens en écoutant un Paid In Full. Ou même le premier Run-DMC, les modèles de BDP... Mais il faut dire, aussi, que KRS-1 n'est pas dans le contrôle total et glacial de la rime, il est de nature positive, appelé à devenir ce prêcheur enjoué qui donne dans l'onomatopée façon scat et les effets ragga. Mué par un feeling cool mais qui cache des choses moins cool. Pourtant, malgré l'attention avec laquelle j'ai suivi l'évolution du KRS au fil des albums, et le respect qu'il m'inspire, quand je ressors Criminal Minded, j'ai à chaque fois cette même sensation que quand je réécoute certains disques mythiques de funk à moumoute, classés avec des sur-notations évidentes et des chroniques qui s'attachent aux textes et au background plus qu'à l'efficacité de la musique (qui devrait toujours être l'essentiel) : une sensation de déception et d'incompréhension. Il faudrait être d'une mauvaise foi assez évidente pour ne pas reconnaître que c'est désuet. Ou fonctionner par pur mimétisme, comme ces "listeurs de classics" aux arguments et notations robotiques qui pullulent sur le net, aussi communicatifs de passion que des comptables. Quand le son ne me soumet ou ne me fascine pas, je laisse l'histoire aux historiens. Le titre et la pochette sont donc sensés être la fondation du style gangsta rap, mais on voit bien aux têtes de KRS et Scott La Rock qu'on est plus dans la provoc' ambivalente : jeu de grand gamin, humour subtil, ou simple esthétique vendeuse du noir menaçant qui a tant servi à remplir les poches de gros entrepreneurs cyniques ? Pourquoi pas les trois, dans le fond. Désuet, même si ce genre de combines ont encore la santé. "Dope Beat" est cool, mais me donne surtout envie de tèj' l'album et de réécouter Back in Black. Le sample de riff hard rock pour faire un beat n'a jamais été de mon point de vue l'idée du siècle, surtout si le titre original claque. C'est le risque de sonner timide... Réentendre "9mm Goes Bang" c'est comme revoir un vieil épisode de Magnum : après tout, pourquoi pas ? Il n'y a pas dans Criminal Minded la froideur des deux premiers Eric B. & Rakim ou du premier LL Cool J, il n'y a pas la densité de Public Enemy. Donc je décroche... pour ne me sentir pleinement repu que sur le titre final, incontestable climax, seul titre réellement indispensable de Criminal Minded, et matrice évidente de bien des titres de Esham... et de cent autres rappeurs underground. Mais la poussière s'est bien incrustée dans la wax, à part ça. En même temps c'est pas comme si on avait affaire à une ambulance : Boogie Down Productions, tout le monde ou presque sait que c'est la base. M'enfin ce qui est quand même cool dans cet album, plus que le flow du jeune KRS avec son bagou déjà bien baloo qui s'épanouira pleinement en solo, c'est ce style de beats qui appuient sur les basses, et ces samples sèchement découpés qui fusent dans la stéréo, l'effet Scott La Rock. Il faut l'écouter fort, comme la plupart des gros albums de hip-hop, et saisir la puissance crétine de "Elementary", ma préférée avec l'épo, un titre dont les scratches jaillissent comme des glapissements d'alien, où les paroles de KRS semblent même s'amuser de mon relatif emmerdement à l'écoute de son album : "Please don't sleep I hope you are awoken"... Ahah, sacré KRS ! Minimal, réverbé, et volontiers funky-bizarroïde, c'est aussi ça Criminal Minded. Expérimental ? Un peu, mon n'veu, malgré sa quasi-obsolescence évidente. "Curieuse musique quand même, ce son syncopé et ce jeune parasite social qui parle par-dessus... comment ça s'appelle déjà ? Du hip-hop ? Ah..." (scène sûrement vécue des centaines de fois au milieu des années 80). Boogie Down Productions, c'est Run-DMC avec une conscience plus affirmée, un flow plus consistant, des visées nettement moins pop, mais aussi un funk nettement moins cold. Cet album me broute, j'y peux rien : malgré ses qualités évidentes, il est mineur. La street-cred est pliée, mais la subjectivité est sauve. Ah et il paraît qu'il est de bon ton de parler du meurtre de Scott La Rock qui surviendra juste après cet album, aussi... mais aucun rapport avec la musique, du moins pour le moment, car il y aura riposte consciente du côté de KRS-One. Ce sera cet évenement brutal qui déclenchera la maturation de KRS, sa transformation en maître des MC's. Pour l'instant, la jeunesse est bancale et insouciante, elle tente d'émerger des codes établis pour créer les siens. Et Criminal Minded est la photo jaunie et délavée de cette période, encore regardée avec beaucoup trop de fantasme.

note       Publiée le mercredi 29 avril 2015

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    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    J'ai toujours un problème avec le rap de cette époque. Pour cet album, j'ai un peu le même avis que pour le premier Slick Rick : un rapeur charismatique, quelques titres indémodables avec cette fraicheur candide qui caractérise le rap des 80's. Mais aussi des trucs à l’intérêt musical proche du néant (super hoe, dope beat...). Cette musique était encore immature. A côté de ça, j'adore des titres comme "South Bronx" et "The Bridge Is Over", indémodables. En parti obsolète, excellent par moments. Inégal donc.

    dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
    avatar

    Oui oui, la date ne détermine pas vraiment la fraîcheur des choses et je n'ai jamais accroché à cet album que je trouve vraiment cheap alors que Paid in Full traverse le temps, à l'aise.