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Suprême NTM › 1993... J'appuie sur la gâchette
- 1993 • Epic Records EPC 473630 2 • 1 CD
cd • 17 titres • 48:15 min
- 1Intro
- 2Pour Un Nouveau Massacre
- 3Police
- 4J'appuie Sur La Gâchette
- 5Sur 24 Pistes (Remix)
- 6En Direct De Bujolvik
- 7Plus Rien Ne Va
- 8Prisonnier Du Passé
- 9De Best
- 10En Direct Du Grand Nord
- 11Qui Paiera Les Dégats ?
- 12Juste Pour Le Fun
- 13Dans Le Vent
- 1493.2 NTMEO Radio
- 15La Révolution Du Son
- 16C'est Clair (Part II)
- 17Nouvelle Ecole
extraits vidéo
informations
line up
Kool Shen & JoeyStarr (MC's, productions)
Musiciens additionnels : Deejay Concepteur S (scratches)
chronique
Pourquoi j'aime le hip-hop ? Parce que j'aime les boucles. Les boucles dans les cheveux d'une femme, déjà, mais aussi les boucles de sons que j'aime. 3615 ma vie.com ou juste une façon de savoir d'où je cause, osef, mais il y a longtemps j'ai réalisé un court-métrage, pur exercice étudiant, en utilisant comme musique un titre de Marillion issu de mon album préféré du groupe. J'ai isolé l'introduction de "Living with the Big Lie", et je l'ai passée en boucle pendant 10 minutes, en guise de bande-son. Notation médiocre du jury, mais... feukoffe, bande de puristes jazz ! C'était hip-hop. J'étais tout content de ma boucle, bande de lopes, elle en jetait. J'aurais dû rapper dessus au lieu de filmer, mais je doute avoir un flow aussi efficace que celui du Kool Shen. Le hip-hop était dans mes veines. Il l'était dès le jour où j'ai bloqué sur les musiques répétitives-basiques de John Carpenter, devant Halloween, Assaut, puis Christine... Le hip-hop a grimpé d'un cran dans mon ADN dès le jour où j'ai compris, comme King Ju, que la boucle est la force suprême de cette musique, autant qu'elle peut devenir son talon d'achille que les détracteurs n'hésiteront pas à viser. Linéaire ou modifiée, brute ou travaillée, rudimentaire ou ciselée : la bonne boucle capte l'attention, elle magnétise, fascine, lobotomise, et, sans aucun problème, peut parfois rendre obsolète le titre auquel elle chaparde un bout de barbaque sonore - si tant est qu'elle en aie pillé le rare instant somptueux. On se lobotomise de quelques secondes d'une grande chanson, comme d'une chanson médiocre mais qui contenait juste ces quelques secondes-là de magnifiques, d'excitantes, d'intriguantes... On s'imprègne de ce son passé en boucle, et il n'existe plus que lui... Et un MC, mais c'est pas obligatoire, même si c'est une valeur ajoutée euh... humaine ? Quand j'ai découvert "J'appuie sur la gâchette", cette fausse ode au suicide aussi culte que sulfureuse du Suprême, j'ai par ricochet découvert cette merveille qu'elle sample, "Love Serenade" de Barry White, que je n'aurais jamais cru gutsien, le temps d'un slow sexuel et moite... L'équilibre fut parfait : j'avais à la fois mis la main sur un titre magnifique, et assimilé le titre qui le samplait, très différent dans l'esprit, même totalement à l'opposé. Voilà bien la magie noire dont est capable le hip-hop. Et j'écoute encore les deux morceaux avec autant de fascination sans les mélanger, ce qui est somme toute très rare. Le flow de Kool Shen sur ce titre est une leçon d'efficacité : simplement un très grand rappeur, ce type qu'on a souvent pris de haut, il suffit d'écouter comment il épouse la rythmique et s'imprègne du désespoir de son personnage au bout du rouleau, comment il appuie les syllables et accélère sans prévenir comme un rush d'adrénaline, rappeur absolu, tandis que JoeyStarr se contente d'égrener deux spoken words désespérés, en narrateur dans l'ombre, presque effacé, déjà mort... Probablement leur titre le plus noir. "Je suis le troupeau avec un numéro collé dans le dos". Le reste de cet album ? Jamais au même niveau de morbidité. Chaque NTM est bien dissociable des autres, et ici on a un peu du Authentik en mieux : en plus contrôlé, en plus politique tendance prolétaire à cran, en plus rugueusement grisâtre, tendance images brutes du conflit yougoslave aux infos, en plus anti-variété (le manifeste dans le livret est touchant, à ce sujet). Du moyen, du passable, voire du vraiment bon, et pourtant, rien qui ne se greffe réellement à mon cerveau à l'issue de chaque écoute depuis toutes ces années, sinon ce morceau, qui reste aussi sombre et expérimental que le RMI.
Dans le même esprit, Raven vous recommande...
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- GrahamBondSwing › Envoyez un message privé àGrahamBondSwing
Comme tout le monde, estomaqué par le morceau titre et son clip à la sortie. Peut-être mon morceau préféré de NTM, allez top 3 on va dire...
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- vigilante › Envoyez un message privé àvigilante
J'étais comme toi Twil' pour moi Joey c'était surtout ces frasques, une personnalité sincère mais en mode ça passe ou ça casse, trop écorché. Et pas fan de sa voix également. Et un jour je l'ai simplement vu sur scène au zénith en 95, faire son job... je n'avais jamais vu ça.
Et depuis je ne dis plus rien
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
C'est vrai que ce titre, 'J'appuie sur la gâchette', quelle merveille...Très vrai sur Kool Shen, j'ai toujours difficilement supporté la voix de Joey Starr, à part sur les deux premiers skeuds, qui fait son show dans la connerie. Kool Shen, c'est posé, froid, clair, net, couteau...Du coup, avec un titre pareil, tout l'album sonne faible et vain...
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- Rastignac › Envoyez un message privé àRastignac
A la réécoute, oui, ils sont bien à cran sur celui-ci, même sur les morceaux où ils sont censés se la couler douce sous le soleil à draguer les minchs.
- Note donnée au disque :
- fallon › Envoyez un message privé àfallon
ah!ah! tendance old school sur Guts. NTM, par évidence, méritait de figurer dans les chroniques hip hop de ce site car, au même titre que leurs "rivaux" IAM, c'est un pilier du genre. Ce 2ème album, avouons-le, a plutôt vieilli mais il recèle de pépites. Le morceau éponyme traitant du suicide d'un homme au bout du rouleau, est incontournable: glacial, prenant, suffocant mais magnifique en même temps, impossible d'oublier ces phases "j'ai toujours relevé la tête à genoux mais ce soir je suis fatigué de lutter et pense sérieusement à tout déconnecter" ou "l'hiver a posé son manteau comme si la mort était déjà, tout près de moi, le froid me lacère la peau comme cette vie dont je n'ai plus envie". A signaler cette salve contre nos autorités le bien-nommé "Police" sulfureux et vindicatif et le témoignage d'une époque troublée avec cet interlude "en direct de Bujolvik" nous rappelant l'horreur que fut l'explosion de la Yougoslavie. Le reste des titres est plus anecdotique, le temps a mis de sérieux coups de griffes aux beats de cet opus mais qu'importe....le Supreme était lancé et s’apprêtait 2 ans plus tard à sortir l'excellent "Paris sous les bombes".
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