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Paris › The Devil Made Me Do It

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Seijitsu      lundi 27 avril 2015 - 09:31

cd • 17 titres • 62:15 min

  • 1Intro
  • 2Scarface Groove
  • 3This Is A Test
  • 4Panther Groove
  • 5Break The Grip Of Shame
  • 6Warning
  • 7Ebony
  • 8Brutal
  • 9On The Prowl
  • 10The Devil Made Me Do It
  • 11The Hate That Hate Made
  • 12Mellow Madness
  • 13I Call Him Mad
  • 14Escape From Babylon
  • 15Wretched
  • 16Break The Grip Of Shame (The Final Call)*
  • 17The Devil Made Me Do It (Poach A Pig Mix)*

informations

[*] pistes bonus première réédition. L'album a été retravaillé, remixé et augmenté, puis sorti en 2003 dans une réédition deluxe (seconde pochette).

line up

Paris (MC, production)

Musiciens additionnels : D.R. (co-production), Kenny M (guitare)

chronique

  • politique > black power

Public Enemy dans le corps de Rakim... ou pas loin. Un seul rappeur de San Fransisco, seul aux lyrics, quasiment seul aux prods, absolument seul au micro, pour incarner la panthère noire pendant que d'autres la jouent plus native tongue ou étalage de funk au bling-bling. La pochette est assez explicite : le contenu sera un hybride de rap conscient à la KRS-One mais bien plus tendu du mic, et d'egotrip traditionnel de MC musulman. Revenir à Paris quand on est amateur de rap politique c'est presque l'évidence, et ça permet aussi une voie parallèle par rapport au plus écrasant et encyclopédique groupe de Chuck D et Terminator X, pour aller dans le versant plus solitaire et intime, avec à la place du chaos funk des beats certes bien plus modestes, mais électrisants et atypiques. Paris aurait eu grand besoin du Bomb Squad pour l'appuyer, il n'aura au final que des beats maison. Consolation underground, car les samples sont souvent difformes, funky-âpres, parfois presque abstract avant l'heure. Il y a aussi du smooth plus enveloppant, comme "Ebony", ou la superbe "Mellow Madness" avec son saxophone de film de boules sur lequel Paris développe son egotrip de félin aux pattes glacées. Une odeur de nuit très late 80's, avec un grain magnétique... Et le flow reste tendu tout du long, juvénile mais accroché au micro avec sa colère froide incompressible. Le skit instrumental où une sirène de l'intro de It Takes A Nation mélangée avec un rugissement de gros félin (qu'on entend déjà sur "Panther Power"), est un des grands moments cachés dans cet album faussement minimal. Paris n'a de toute façon pas besoin de s'étaler, comme le prouve la minute de "The Hate That Hade Made" dans laquelle il aligne un constat froid sans autre forme de procès ni refrain. Le titre épo avec son sample reverse-twisté chelou et son ricanement flippé à la cartoon psychopathe n'est qu'une preuve parmi d'autres, comme la reverb du sinistre "This Is a Test", ou "Escape From Babylon" avec ses nappes de synthé insalubres et ses verses adressés à ses frères. Tout est compact. Monotone comme un speech politique, au premier contact... Puis on saisit que le skeud date de 1989 et que le MC n'hésite déjà pas à envoyer chier les rappeurs faisant le taf pour les hit-parades... Akhenaton fera plus fort quelques années plus tard avec "J'ai pas de face", mais c'est dans le même esprit. Sans parler de la muzz-attitude : les deux prennent ça très au sérieux, bien que Paris soit beaucoup plus dans la menace glaciale que dans la finesse poétique. Renvoyer l'amateur juvénile de gangsta rap actuel qui y voit souvent abusivement un "messâge", vers MC Paris, c'est presque comme refourguer du Bakounine à un néo-anar revendiquant sur son sac-à-dos et greffé à sa cannette de 8.6. Y a 86% de chances pour que ça ne serve à rien, mais il faut avoir foi en l'homme. Même si les ambitions de Paris sont aussi naïves que celles de Zack de la Rocha et qu'en dehors de la musique le rap politique est toujours une voie de garage... la colère est crue, dans les deux sens du terme. Paris n'a que des influences attendues pour un rappeur de son secteur : Islam, Black Panther Party, Malcolm X... Mais on est dans les années où les rappeurs sont encore assez peu nombreux, et il est un des rares à les avoir insufflées dans un album aussi compact et solide. Dead Prez ne seront guère plus qu'un accessoire après ça, et It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back et Fear of a Black Planet seront comme deux buildings captant les regards, et gardant dans leur ombre monolithique cette petite pépite. Rappeur austère, seul dans la nuit...

note       Publiée le lundi 27 avril 2015

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    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    Cet album de Paris et le suivant sont merveilleux ! Du rap teigneux dont le dynamisme n'est pas si courant dans le rap (à mon grand regret). Du hip hop qui rock en quelque sorte.

    Note donnée au disque :