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SIDA › SIDA (K7)

k7 • 6 titres • 21:39 min

  • Face A
  • 1Appolo 13 Sans Permis8:10
  • 2Sida1:21
  • 3Budokaï2:28
  • Face B
  • 4Famille 20244:03
  • 5Mighty Max2:26
  • 6I’m In Love With The Girl With The Skirt3:01

informations

Non renseigné.

Ces six morceaux sont d’abord sortis sous forme d’une cassette, en 2010, sur [ tanzprocesz ]. Ils sont désormais disponibles en écoute et en téléchargement gratuits via la page free music archive du label (voir lien dans la section « extraits »).

line up

Luca (guitare), Maïssa (voix, synthétiseur), Quentin (batterie)

chronique

Lo-fi, lo-fi… Comment ça, comme "basse fidélité" ? Fidélité à quoi, d’abord ? Vous pensiez que ça promettait du propre, avec un nom pareil ? Du sain ? Que ça vous devait quelque chose ? Vous croyez que ça peut dire autre chose que "tu vas douiller et puis crever" ? En fait… Ça ne dit même pas ça. SIDA, en ses débuts, n’articule rien – hormis cette agression patente et froide, ces quatre lettres frappées sur la pochette, les flyers, infiltrées dans les annonces de concerts. Tout y hurle, tout est bruit. Ce n’est pas d’ailleurs que Maïssa et les autres poliront vraiment le son, par la suite, ni qu’ils baisseront d’un ton. Mais ici c’est envoyé encore plus brut, pas ébarbé, dégueulasse. Elle s’égosille et se fait des chœurs de crissements, les doigts crispés sur le clavier. Ces nappes de crasse métal et celles que lâche la guitare de Luca ne sont pas forcément distinctes. Quentin martèle aussi primaire que possible, et le fracas des ses trucs – cymbales, fûts, éléments – sature autant que les décharges sans forme des deux autres. Il tape, à la rigueur, si on tient aux comparaisons, comme Ikue Mori du temps de DNA – à ceci près qu’ici ça pousse parfois le défonçage jusqu’autours de huit minutes plutôt que dans les trente secondes serrées. Et puis d’ailleurs… D’ailleurs si : tout ça est très "fidèle", au contraire, adéquat, logiquement combiné. Parfait pour cette intention manifeste, forcenée : vous faire la peau ou au moins que vous repartiez avec ce poison dans le sang. Encore une fois, tout est déjà dans le nom : ce ne sera que déficience, ça saisira et ça broiera les anticorps avant qu’ils aient le temps même de bouger, de voire venir ; une effraction qui imprimera la défaillance dans votre santé, votre sécurité mentale. Peut-être qu’au fond ces jeunes-là – quel âge pouvaient-ils avoir, en 2010, ces deux types et cette fille ? – voulaient simplement se défouler sans précaution, vider la rage. Il n’empêche. Je me rappelle parfaitement les avoir vus, deux ans plus tard ou à peine, quand ils jouaient une mouture, une souche encore très proche de celle entendue là, de leur brouet infectieux. Je me souviens très bien des visages verrouillés, de l’œil brillant mais fixe, coupant. Je n’ai pas oublié la méchante jubilation de leur bordel sans structure, prolifération anarchique, la raideur des arrêtes, pourtant, des segments – blam et tchack et maniaque, disais-je, insistait sans fin la batterie. Quelque chose de fermé, d’hostile, une sorte – je maintiens – de "c’est ça, approchez, on va vous saigner". Et puis bien entendu : je n’ai pas oublié comme c’était attirant. Parce que c’est attirant, les gueules de bêtes ou de machines en tessons ; que c’est réjouissant d’être assez con pour embarquer avec des inconscients qui sans prévenir éjectent le pilote et s’emparent des commandes ; tout simplement – restons lucide, ce n’est que de la musique, ou autre chose qui la démonte, déboîte, déglingue, éviscère mais bref… – parce que c’est excitant, ce chaos qui vous fond sur les cervicales depuis l’estrade. Ou depuis les enceintes, chez vous, si vous prend l’envie de faire cailler l’air entre vos murs en même temps que d’y creuser des plaies. SIDA, disais-je, ne se sont depuis pas calmé. Simplement ils ont appris – à contrôler leur bordel, à varier les attaques en angles, longueurs, amplitudes. On comprend mieux désormais ce qui y était déjà : une espèce de garage – au sens du rock du même nom, qui s’est toujours joué plutôt dans des caves que dans des garages véritables, d’ailleurs – dans les hoquets soudainement suraigus et brefs ; la torsion et l’oubli de tout ce qui aurait pu faire base solide, qu’on appellera no-wave si on veut – mais ce n’est pas le nom d’un genre ; c’est ce qui fait que ce n’est pas du twist mais du spasme. De là, disais-je, ils allaient continuer. Et nous, à mesure, nous prendre au jeu de les danser, leurs bastons, algarades, leur raids – pleine face et viande et os, pas moins déterminés, en les épousant ou en les esquivant, leurs flexions et cassures vicieuses. J’aime ce qu’ils sont maintenant, quand ça ne vous fout toujours pas la paix. Je ne trouve pas affaiblie cette première dose massive, excessive, surcharge juvénile qui sans doute ne voulait même pas entendre si elle pouvait ou non épuiser leurs propres forces.

note       Publiée le mercredi 8 avril 2015

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    C'est vrai que leurs chroniques - allez non, j'ai honte - leurs rubriques debordent souvent de contextualisation; et de texte qui s'ecoute un peu trop parler comme tu dis Damoda. Mais le pire c'est l'impression d'etre pris pour un con en lisant le truc; on a l'impression qu'il sue a l'idee d'amener son lectorat generaliste plus fan des Stones et de Noir desir que de caves de banlieues (ou de province) vers l'underground encore tout boueux.

    Bon, on ne leur demande pas non plus d'ecrire en prose dioneesque ni en poesie mallarmeenne.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ben comme je disais à Klari ailleurs, que Théorème - ou d'autres parfois - aient comme ça de soudaines "fenêtres de visibilité" sur/dans ce genre de média "pas cachés", en soi je trouve ça plutôt cool mais... Voilà, que des journalistes qui se disent "pointus", au courant de ce qui se passe sous les lignes de flottaison publiques attendent comme ça que des machines à buzzer (BRRROOOMP) comme la souterraine leur servent la becquée pour découvrir telle ou tel, et en considérant ça comme "source suffisante" (et surtout en avalant le côté "c'est nous qui faisons les artistes" desdits... ce qui est archi-faux dans ce cas précis et bien d'autres). J'avoue que ça me fait toujours tiquer, que je trouve ça un poil agaçant, disons. Ce serait quand-même un peu leur taf - pour quoi j'imagine ils sont un peu payés, de plus, contrairement à tous ceux qui écrivent pour des blogs voire certaines publications papier (à New Noise par exemple - dont je suis loin d'être an mais c'est pas la question ici - les pigistes sont bénévoles, il semble) - d'aller d'eux-mêmes voir ce qui se passe dans les recoins ou simplement... Ben un peu partout et tout le temps, en fait, vu que les groupes et autres des scènes actuelles tournent souvent pas mal, au moins en France et autour (Belgique, Suisse...). Et ouais, ce serait pas mal aussi qu'ils cherchent autre chose à en dire que "le rock ne parle pas aux populations radicalisées" (... putain...) ou ramène ça à des modèles/oppositions/problématiques/etc. périmés depuis longtemps, à une histoire de la musique passée livresque - comme s'il n'y avait rien à faire maintenant des musiques de maintenant... Enfin bref, encore une fois, oui : plutôt que nous lamenter nous-mêmes, essayons plutôt d'en écrire autre chose, de ce qu'on entend, allez.

    Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

    Olivier Lamm est assez fan de lui même je crois... quand il intervient en radio/podcast/webTV il aime bien s'écouter on dirait.

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    "Souterraine comme théorème" hahahahaha, le gros titre de feignasse... j'en connais qui vont pas aimer. Olivier Lamm a toujours eu très bon goût, mais il raconte de plus en plus de bêtises journalistiques au fil des ans...(encore ce vieux réflexe de l'opposition punk/supertramp qui date de quand lui-même n'était peut etre pas né...). Bon,il cite Jun Togawa sur l'article sur Heimat (autre putain d'album récent), toujours dans Libé, donc il est absout de sa flemmardise.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Non mais apparemment tu l'avais vu sur le coup (tu avais commenté).