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Acqua Toffana › El Veneno

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Ntnmrn      jeudi 1 janvier 2015 - 02:07
Dead26      vendredi 1 juillet 2016 - 11:45

cd • 13 titres • 50:00 min

  • 1Introducción (El Prólogo)
  • 2Nuestra Vida
  • 3Diciembre
  • 4Malaria
  • 5Cine Negro
  • 6Hagakure
  • 7Como Tú
  • 8Autos
  • 9Madre Tierra
  • 10Perdición
  • 11Entre Tú Y La Gloria
  • 12Orgullosos
  • 13Outro (El Preludio)

extraits vidéo

informations

line up

Kael (MC), Elio (MC), DJ Tony Karate (Scratches), Dano (Prod)

chronique

C’est chez la populaire Giulia Toffana que se rendaient les femmes siciliennes piégées dans des mariages désagréables. Cette magnifique dame aux bras blancs et à gorge rebondie avaient appris, en effet, au contact d’apothicaires qui devaient certainement se pignoler sur elle, à composer un poison discret et efficace, qui porte depuis lors son nom : acqua Toffana. Avec sa fille complice, elle mit en place un biz qui attirait tant de candidates au veuvage, qu’aspirant à accroître son commerce mortifère, elle bougea sur Naples, puis Rome, afin de profiter d’un marché plus florissant. Mais ce fut une sombre erreur : le succès et l’utilisation croissante de son pharmakon eurent raison d’elle ! Car quelques clients un peu poucaves sur les bords la dénoncèrent aux autorités, qui, après le rififi et la torture habituels, procédèrent à son exécution sur la place du Campo’ de Fiori. C’était en 1659. Trois cent cinquante ans plus tard, une tchaquée de kilomètres à l’ouest de l’Italie, naît un obscur collectif de rap espagnol, qui, non content de s’éponymer de ladite, appelle son premier (et dernier ?) disque "El Veneno". Mais, pensez-vous, cette bande d’Espingouins dont l’économie nationale est ravinée par la crise, qu'ont-ils cure de bonnes femmes dégoûtées par leurs grigous de mari ? Eh bien ! c’est que le fameux poison n’aurait pas seulement éliminé des cocus posthumes, mais aussi fréquemment contribué à la mise en bière de notables et aristocrates ! Car la bande à Kael et Elio — les MC du groupe — est à première vue un de ces ersatz d’apôtre du rap conscient, qui crie sur tous les toits son fantasme d’ouvrir un tunnel au mbeli dans la gorge du Riche. Heureusement, c’est plus compliqué que ça, et puisqu’ils s’en vantent, on ne peut effectivement refuser de reconnaitre leur "estilo característico y único". A ce titre, les prods de Dano parlent d’elles-mêmes : classiques et inoriginales, toutes serties de violons et pianos, elles ont cependant cette patte, cette teinte, qui envoie à chaque titre le skud émotionnel en pleine poche lacrymale... En vérité, les prods sont d’une simplicité magnifique : synthés feutrés et perlottes mystérieuses sur "Como Tú", boucle de saxophone grelottant sur "Diciembre", sublimes pianos sur "Hagakure", "Perdición", "Outro", samples de guitares discrets et flûte orientale (?) sur "Autos" ; quel que soit le titre, un motif et un bon beat, formule tout à fait cheap mais efficace, pose la structure rachitique et tristoune que viennent habiter Kael et Elio. Il y a de quoi être dépaysé, si l'on débute le rap à l’espagnole ! Cette langue roucoulante, sèche, ensoleillée, indolente, débitée nonchalamment sur lesdites instrumentales, est un délice grotesque, auquel on ne s’habitue qu’avec plaisir. "Nuestra vida" est la première rencontre avec cette altérité rapologique : passée la sensation étrange de l’acapella en espagnol pincé-du-nez sur beat mobbdeepien et clavier VST, les choeurs style Funeral Doom et le saisissant couplet de Kael (pour qui va ma préférence) sont pure délectation ! "Apuntando al cosmos a solas, a falta de estrellas yo conté farolas." Abstraite, poétique et engagée, sa prose articulée est au nerf auditif ce qu’un saumon fumé bio est à la bonne conscience gustative. Elio, le compère est un petit peu en dessous, moins sophistiqué dans l'écriture et moins convainquant dans l'élocution. Cependant, on se laisse aller à être bouleversé, à partager les mélancolies amoureuses, sur l'anaphorique "Como tú" : "Como tú: me enamoré una noche de verano; tiré tres flores al suelo, ya tenía una en la mano. Como tú…" ; à être traversé par la beauté désespérée de l'alternance des maximes d’ "Hagakure", la moiteur inquiétante du dialogue avec soi-même de "Perdición", ou encore la sincérité touchante de ce couplet de l’invité Cabal sur l’ "Outro", qui vise si juste : "lo recordarás como el día que Acqua Toffana te marcó". Une foutrée de fabuleux moments que vient couronner le solo de saxo d'El Gonzo sur "Entre Tú Y La Gloria", qui relève un titre par ailleurs moyen. Moins gnangnan que ce combattif ramolli de Nach, plus mélancolique que les énervés de chez Delerium Tremens, Acqua Toffana tape tout à fait dans le mille du juste milieu musical. Je ne saurai que trop vous recommander d’y flanquer une esgourde, et de dépasser l’amateurisme léger de la production, qui masque une succulente authenticité et vous offrirai, peut-être, comme pour ma pomme, un premier contact avec la scène rap de la presqu’île limitrophe du Portugal !

note       Publiée le jeudi 1 janvier 2015

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