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Radikal Satan › El Incendio Que Se Llevó A La Ciudad

  • 2012 • XXX I • 1 CD digipack

1cd • 10 titres • 38:07 min

  • 1Alma Fugitiva1:56
  • 2Estrella del Monte5:22
  • 3Gri-gri4:28
  • 4Bolero de Pajaro Macumbero4:39
  • 5Soplai1:57
  • 6Embrujado3:42
  • 7Sendero de Fuego4:06
  • 8Lagrimana4:40
  • 9Pasajero Tumbado4:10
  • 10Tinieblas Sagradas del Agua2:57

informations

Enregistré par César et Mauricio Amarante, rue du Loup et chez Biairnais entre janvier 2011 et août 2012.

Tous les albums de Radikal Satan sont disponibles en téléchargement légal et gratuit – en mp3 320kpbs – sur le site officiel du groupe (voir lien ci-contre). Titre 7 composé par Eric Martinez (Erez Martinic).

line up

César Amarante (contrebasse, guitare, percussion, voix), Mauricio Amarante (accordéon, synthétiseur, voix)

chronique

Cette musique nous dit que la Los Angeles de Blade Runer, c’est en fait Pompéi. Qui était Babylone, Gomorrhe ; qui toutes sont Rome ; Buenos Aires, Paris, Bordeaux, New York… Elles peuvent toutes sombrer en un instant. Un volcan, une guerre… Qui sont toutes Bagdad. A l’aube, le soir, en plein midi, au milieu des heures sans nom : les civilisations finissent, tombent. Les cohortes errantes alentours seront les prochaines dynasties. Tout se renverse, par centuries, par accident de la nature ou de l’industrie – celle là même qui offre les germes, les fruits, la matière à travailler, à torturer, à étreindre, à aimer pour qu’elle ne nous tue pas ; celle-ci qui produit, que l’on poursuit au devant d’elle pour faire croire que ses rogatons et catastrophes ne doivent rien au hasard, seraient les vrais besoin… "L’Incendie Qui A Emporté La Ville"… Encore une fois le titre est magnifique. Et plus qu’une nostalgie – qu’elle est peut-être aussi : cet Exil dans l’Exil – cette évocation de ce qui fût et a été détruit, rasé, est plus que jamais une conscience qui tire, aiguillonne, une présence matérielle et un esprit qui court sa hantise. Peut-être est-ce leur disque – justement – le plus "industriel" ; dans sa manière de mener les percussions, qui sonnent métal, qui tonnent réverbérées ; dans ces sons de claviers qui jouent violons et orgues électroniques, absolument pas dupe de l’illusion qu’ils donneraient des timbres acoustiques véritables, dans leur froideur – mais que l’on joue pourtant comme au salon, au bordel, à la fête, les doigts pressant, syncopant, relâchant avec toutes ces nuances que la machine binaire ne sait pas interpréter ; aussi : dans cet usage des bribes étrangères, actualités brouillées, interférences radio, communications hachées, parasitées, incomplètes, faussées. El Incendio Que Se Llevó A La Ciudad, pourtant, également, est possiblement, à ce jour, l’album le plus folk de Radikal Satan. Dans tout ce que le terme a d’universellement frappant justement par ce qu’il garde, fiché en lui – et vice versa, ce dans quoi il se plante – de plus local, de plus ancré, de plus natif (et donc ici, ça veut dire aussi que le tango s'y marque et s'y enfonce, fort et loin). Un écrivain disait d'une langue – celle des colons qui avaient occupé ses terres, son village, les champs, la lui avait imposée – qu'elle était le "butin de guerre". Dans nos chaos cosmopolites, globaux, celui-là est aussi ce qu’on arrache avec nous le jour du départ – qui est constant, car tout nous clame qu’on ne peut plus s’ancrer ; ce qui nous travaille parce qu’on n’a pas pu, qu’on l’ait ou non voulu, le laisser. Ces chansons, des formes qu’elles reprennent – dites latines, encore une fois ; "dites", car l’histoire est bien moins simple, plus brisée, brisées – alourdissent le pas, enfoncent le poids. Elles les excitent et les harcèlent, les exaspèrent. Tumba : tombe, tumbado : tombé – le passager est il seulement remis au bas côté ou déjà prêt pour que la terre l’avale ? La Tumba Francese est une danse tambourinaire – et quel nom ironique, pour un art d’esclave transporté d’Haïti à Cuba par ceux enfuis des cheptels en quoi voulait les transformer cette Nation. (Bordeaux, disais-je… Rappelons nous quel commerce a tenu aussi cette cité). Le sentier de feu – est-il celui, lumineux, des fanatiques péruviens de ce passé pas si lointain ? Est-il dans la vision de celui qui, égaré en nuit profonde, n'a pas peur parce qu’il fixe et voit un pas en avant des ses pas ? … Le Grigri n’est pas objet de messe : il est le corps momentanément intense d’une cérémonie qui – encore – est une fête. L’espace sonore que les effets étendent et métallise, salissent, dont il aplatissent les volume : c’est celui qui se dégage, se creuse, se libère à un point des débris ou des citadelles intriquées, des immeubles en verre où pullule la vie des bureaux. Les noms des dieux et des démons ne sont que par défaut, parce qu’il en faut bien ; ils appellent et cachent les forces vivantes – qu’on cherche à retrouver, pour ne pas quelles s’échappent, pour ne pas les figer. La dernière plage dit l’antithèse, l’élément ennemi, antidote et autre extrême qui éteint le brasier. "Ténèbres Saintes de l’Eau". C’est encore une fois foutrement habité. Cette musique ne s’oublie pas. On ne peut faire, une fois lancée, qu’elle nous lâche, qu’elle flotte en agrément, au fond. C’est un gaz plus pesant. Elle marque parois le sol de traces, humus, poussière, fumées. Elle prend à la gorge. La musique, ce qu’on écrit, ce qu’on façonne, n’est pas seulement enveloppé dans la peau, la chair, les corps. Ce qu’on en nie, ce qu’on retire, qu’on fait taire – ce qu’on a, disais-je, apporté de la base anéantie ou désormais seulement lointaine – mutile la substance. Cela en est part sitôt qu’on le respire, qu’on le bouffe, qu’on le caresse, qu’on en boit des traits longs ou brefs, secs, trop forts pour les longues goulées… Blade Runer, au fait, vous rappelez vous : le film plaçait l’action à cinq, quatre ans à peine d’ici. Il n’y pas – techniquement, technologiquement – d’androïdes que l’on pourrait confondre avec nos sœurs et frères ; mais nos cités grincent tout autant, et les néons balafrent leurs façades. L’incendie, quand il est là, bondit. Il est tout le temps : car chaque instant nous nous y préparons – il n’y pas plus à faire, on ne le peut pas, pour s’y préparer, que de savoir que peut-être il couve ; ou quand sans couver il viendra d’ailleurs ; qu’il ne sera peut-être pas un incendie ; nous ne pouvons éluder complètement son pressentiment – mais peut-être mieux qu'espérer, que désirer qu’il ne soit pas tout, sa propre fin et la notre avec.

note       Publiée le mercredi 24 décembre 2014

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    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Pas encore réussi à vraiment rentrer dedans, avec celui-là. Je lui trouve moins de profondeur, des strates empilées, qui faisaient le "charme" des précédents. Ce qui n'empêche que certains moments font mouche (l'arrivée de ce clavier au beau milieu d'Estrella del Monte, brrr !).

    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    Remarque pertinente de Dioneo : l'asso s'appelle "Les Potagers Natures" ( http://lespotagersnatures.org) et pas Les Jardins des Potes Agés comme je l'ai malencontreusement écrit. Toutes mes confuses.

    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    Merci du tuyau, mais je dois être une quiche, je ne trouve rien sur le ouaibe. Y'a que "Les Jardins Potagers" qui sort, c'est une asso qui organise des concerts privés. Le hasard veut que ce soit dans le même coin des Capus, mais rue Jules Guesde. Du coup, cette histoire de Maucaillou m'échappe.

    dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
    avatar

    Apparemment c'est au 10 place du Maucaillou, près des Capus. Plutôt discret comme endroit, d'après ce que n'en dit pas le ouaibe. Bah, je ne pouvais pas y aller, de toute façon.

    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    Au Local Maucaillou à Bordeaux ? Jamais entendu parler. Le Château Maucaillou, je vois à peu près, mais le "local" ? Un truc privé, du genre.