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Radikal Satan › Viento Del Este, Agua Como Peste

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sergent_BUCK      vendredi 26 juin 2020 - 13:09
Dioneo      dimanche 4 octobre 2015 - 00:54
GinSoakedBoy      samedi 6 décembre 2014 - 15:35
Klarinetthor      dimanche 4 octobre 2015 - 02:27
cyprine      samedi 10 avril 2021 - 10:51

cd • 10 titres • 37:27 min

  • 1En el quai…2:50
  • 2.. la Màscara1:55
  • 3Se Incendian3:51
  • 4Xpress Bontempi Kerosene3:18
  • 5E Allora2:37
  • 6Excitée3:03
  • 7Avant-midi6:22
  • 8Xpress Noir6:24
  • 9Periférico6:13
  • 10Pompeya2:54

informations

Non crédité.

Tous les albums de Radikal Satan sont disponibles en téléchargement légal et gratuit – en mp3 320kpbs – sur le site officiel du groupe (voir lien ci-contre).

line up

César Amarante, Mauricio Amarante, Johnny Bourguine (?)

Musiciens additionnels : La liste des musiciens et amis de passage n'est pas donnée. Il semble que le batteur soit encore ici membre "officiel" du groupe. Tout porte à croire aussi que la violoncelliste Chichi Vlatko - partie alors former Chichi y los Putos del Orto avec Manuel J. Grotesue et Oso el Roto - est présente sur certaines pistes (au moins E Allora et Excitée).

chronique

Il y a des bouts de quotidien, disais-je, de banal, de répété, chez Radikal Satan. Des bribes de vie plate isolées, retournées, tordues et maltraitées comme d’autres instruments : pour les rendre à leur absurde, à leur horreur, à la profonde tristesse ou à la joie sans motif nommable, transcendant. Pour qu’ils fassent choc et griffes, barbes qui écorchent là où c’est découpé, rompu, déchiré. Des voix empilées, passées en boucles déformées tout bêtement, la vitesse changée. (Bonjooouuuur). Ici ça commence dès le titre, proverbe de chez eux – d’Argentine ; de la région de l’embouchure du Rio de la Plata, même, nous dit-on ; ce qui fait que c’est encore sur une frontière (avec l’Uruguay, en l’occurrence). "Vent de l’Est, eau comme la Peste". La locution première dit "pluie comme la peste". Magnifique détournement, inflexion du mot populaire : il rend mieux l’idée de stagnation, de marigot qui pourrit ; de mauvaise saison qui s’attarde, reste, s’éternise. César braille qu’il est un chien mort. Ou quelque chose comme ça. Radikal Satan, donc, enlaidissent l’hideux ordinaire, soulignent tels reliefs – on appelle aussi comme ça les restes d’un repas, par exemple – pour en montrer mieux la désespérante fréquence aux comptes et décomptes de nos jours. C’est qu’il ne faut pas compter… Quand on aime… Ou sur personne… Mais non ! Radikal Satan n’est pas le gang de cyniques, de blasés, comme tant qui baguenaudent en nos temps, nos sillons, aux interstices qui sont nos marges, où ils viendraient nous vendre nos résignations déguisées en bons mots de mauvaises têtes. S’ils retournent, triturent, ouvrent tout, c’est aussi pour en tirer ces instants en pointe dont c’est la beauté qui nous perce, la chaleur qui nous envahit. Tous ceux qui passent ici ont quelque chose à dire, à donner, un appétit qui arrache, une marque vive à laisser. Le manque, l’absence, ça n’arrive que quand on y tient. Ce qu’on aime dans le cassé, c’est aussi savoir qu’il existe un état entier, plein, après quoi l’on coure pour mieux que se consoler… J’aime cette voix féminine qui me saisit chaque fois – sans doute la violoncelliste Chichi Vlatko, qui a ce moment de l’histoire a quitté le groupe mais peut bien passer un coup – sur E Allora, qui dit à peine plus que ce titre sur la plage ainsi nommée, avec cette phrase qui suit, en italien, et que je ne comprends pas, cette langue m’étant à ce jour étrangère. Puis qui crie sur celle d’après cet autre titre ou presque : "je suis tellement… excitée". En français. Ça je l’entends. En même temps les autres mêlent des péroraisons à moitié bouffées sur les filles avec les filles et les garçons avec les garçons. "Est-ce que tu me comprends ?!"… Le proverbe, donc, réfère à une saison où sans arrêt il flotte, où tout s’imbibe, où rien ne tient. Le disque parle encore de départs, de ruptures, d’inéluctable. Retourne les signes, encore une fois : tout ce qu’on dit sans y penser, qui reprend sens ainsi. Un mot suffit à tout changer de nouveau. "La mort ça va ça vient"… Le groupe ne s’était sans doute jamais emparé avec un tel bonheur – paradoxal, subverti, subversif – de ces sons disparates, pris à priori n’importe où ; volés, recousus, au bord de l’identifiable parfois quant à la provenance, la nature même de ces choses. ("Toune, bene, bene, bene, bene… Oh, mais où donc ai-je entendu ça ? Foutre ! Mais c’était chez la Magny ! Mais oui… C’est l’appel du berger aux brebis. Voilà que je crois ouïr aussi les frottements du couteau sur la pierre…"). Radikal Satan n’ont peut-être jamais restitué aussi littéralement qu’ici ces musiques dites latines, celles de leurs terres, avec tout ce qu’elles brassent depuis toujours d’exils et de découvertes, de conquêtes et de complaisance aux goûts, aux jours qui les ont vu, qui les ont fait naître. Bien sûr, à leur manière particulière. C’est à dire : en fouillant les revers, encore, en les clamant, en nous les exposant pour leur puissance de vacillement – et cette poésie spéciale : que leurs codes exposés, on n’en est pas réduit à les comprendre ; que leur mystère conservé – et par vertu de ce tour de force, le terme ("mystère"), n’est pour cette fois pas ridicule – on n’est pas acculé à la fascination. C’est pire : on aime ça et on est consentant. La saison de l’eau, c’est celle où la nature est piquée de ce coup de méchante vigueur. Enfin, "méchante"… Ce serait lui prêter une intention. Disons qu’elle a ceci de destructeur. Végétations, murs, sols gorgés, elle laisse la fièvre, ensuite. Celle-là sera dans le titre de l’album d’après. Elle est dans les corps d’ici : déjà, encore. L’un de ses autres noms est dit, d’ailleurs. La Peste… Artaud disait qu’elle était une crise, les germes seulement éveillés par les circonstances, au delà des questions d’épidémiologie ou plutôt : celles-là déterminant celles-ci. Crise spirituelle, totale, toujours historique. "L’histoire, c’est ce qui arrive"… Radikal Satan sont à la mesure de nos heures. C’est à dire que ces gens savent la déborder, en défaire la convenance. C’est un mal qui défie l’anesthésie. La dernière scène de ce disque s’appelle Pompéi. (On croit parfois que la stéréo nous a lâché ; mais non : ce sont eux qui ont décidé de nous le dire pour quelques secondes dans cette seule oreille). Je trouve à cette souche ci, à cette région de la perturbation, une force toute particulière, un charme plus violent qu’ailleurs.

note       Publiée le vendredi 5 décembre 2014

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    cyprine Envoyez un message privé àcyprine

    radikalement chiant, comme la peste !

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Je viens de me réécouter celui-là, en buvant un rouge pas forcément si finaud - mais charpenté et fort - nommé le "Mythique"... Y'a un espèce de croix des templiers aux branches ouvertes, avec des points au bout de chacune, moulée dans le verre... Une espèce de drôle de hibou façon figurine-ocarina en terre cuite sur l'étiquette, aussi. Enfin bref... Il est toujours aussi prenant, ce disque. Et déboussolant. La sensualité débraillée, enflammée, à la fois rieuse, yeux-qui-brillent, de l'enchaînement E Allora (... cette voix parlée ...)/Excitée emporte le morceau à chaque fois, ici.

    Vivement lundi soir en banlieue de par là, décidément.

    (Et il y a d'autres dates prévues, je rappelle, dans d'autres villes... J'aimerais bien dire "vivement le 30 à Moscou" mais ce sera pas pour ce coup-ci, là-bas, pour moi, eh...).

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Vas y, c'est qui l'hybride ?!

    (En fait tu as découvert la réelle identité des frères Amarante... Bravo. Il va falloir qu'on t'élimine par contre, du coup. Rien de personnel, c'est pour la Cause. Et puis... ¡ La muerte viene, la muerte va !).

    Bienvenu dans le Cercle, allez, en vrai ! (Si on peut appeler ça un cercle... Pas facile de tracer à distance constante d'un centre, avec tout ce picrate et tout ce qui flotte dans l'air question brumes, fumées, fragrances tape-à-la-tête-et-viande).

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Je test, ça a l'air excellent - un mélange de Buck et de Dariev Stands

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Non mais oh, c'est qu'il va me dire dans quel ordre et pourquoi j'ai le droit de les faire, lui, oh ?!

    (Bon, et il en reste quelques-uns, en vrai, de celui au dernier - qui est sorti en 2012... Je vais en faire une liste de lecture géant que je lancerai en aléatoire, allez, et... Je la chroniquerai une bonne fois pour toute, sous cette forme. En y joignant des impros bourguignonnes. Et d'autres Bordelais avec des noms hispaniques).

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