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Joe Hisaishi › Brother

  • 2000 • Milan 74321 80263-2 • 1 CD

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Membre Note Date
Raven      mercredi 10 décembre 2014 - 08:59

cd • 15 titres • 49:44 min

  • 1Drifter…in LAX04:22
  • 2Solitude03:34
  • 3Tattoo00:56
  • 4Death Spiral01:04
  • 5Party ~One Year Later~04:26
  • 6On the Shore01:22
  • 7Blood Brothers03:37
  • 8Raging Men01:19
  • 9Beyond the Control01:25
  • 10Wipe Out05:26
  • 11Liberation From the Death03:52
  • 12I Love You…Aniki07:38
  • 13Ballade01:54
  • 14BROTHER04:32
  • 15BROTHER - remix version -04:15

informations

Arrangé et produit par Joe Hisaishi.

line up

Joe Hisaishi (piano, direction d'orchestre), Ikuo Kakehashi (percussions), New Japan Philarmonic, Tomonao Hara (bugle), Chiharu Mikuzuki (basse), Jun Sumida (guitare)

chronique

Un sentiment de profonde tristesse émane du thème principal composé par Joe Hisaishi pour "Brother", une mélancolie presque crépusculaire, poignante, qui se distille à travers toutes les pistes de cette bande-originale, la dernière dont les deux grands créateurs seront mutuellement satisfaits. Alors que Kitano s'attaque à l'Amérique par la bande, sans céder une once de son style et de ses obsessions, là où il ne va croiser que des émigrés et des mis au ban de la société, des cholos, des blacks, et des japonais bien sûr, une vague sensation de déjà-vu se fait sentir. En cela, comme la fin d'un cycle, d'une histoire dont il aurait fait le tour. Hisaishi, alors, teinte son thème de couleurs bleues, où le jazzy d'un cuivre solitaire évoque le bleu froid et glacé du coloriste Kitano pour la dernière fois. La dernière fois où Joe-san trouvera des mélodies au goût de Takeshi, les épaules maintenant recouvertes des étoffes de Yohji Yamamoto, d'un noir de nuit, comme les lunettes de soleil cachant les yeux de son nouveau yakuza déchu. Un homme déjà mort, récréant une famille autour de lui, une famille à l'image de celle laissée au Japon, tout juste bonne à livrer une nouvelle guerre sans issue. Les grandes cordes du New Japan Philarmonic ne décollent que pour laisser planer une ombre de mort, devant l'absurde incommensurable des rites sanglants du vieil empire et de ses sois-disant chevaliers, des pauvres types en fait, prêts à s'ouvrir le ventre ou à se faire exploser la cervelle pour prouver une fidélité caduque, un lien du sang qui se répend au sol, entre autres morceaux de corps assemblés ici et là en forme d'idéogrammes morbides. Y a pas de quoi rire, et jamais n'affleure vraiment dans ces compositions le goût pour le ludique des personnages, comme si une fatigue intrinsèque était venu saturer toute l'atmosphère. Y plus de quoi rire. Et tout comme Kitano ne se heurte que peu, de fait, à l'Amérique, Hisaishi n'y va pas plus chercher une inspiration nouvelle au-delà de l'arrière goût de jazz nocturne évoqué plus tôt. Chez lui aussi, malgré ce thème sublime ré-employé à plusieurs reprises à la façon de celui de "Kikujiro", une sensation de déjà entendu par ailleurs, trainant un spleen orchestral assez éloigné des ahurissantes ritournelles minimalistes qui faisait le charme de ses premières partitions pour Kitano. Comme si, en accompagnant le cinéaste dans un récit auto-référencé, il décidait lui aussi de se replonger dans des ambiances maintenant familières et du coup, un peu moins bouleversantes qu'auparavant. Mais attention à ne pas bouder son plaisir. Comme le film lui-même est plus riche qu'il n'en à l'air à première vue, Hisaishi sort aussi de son chapeau un feu d'artifice final, comme un dernier salut cette fois énergisé par le passage du côté d'un Los Angeles interlope, sur un titre éponyme qui d'un coup se cale au rythme d'un beat hip-hop, comme le personnage de Ken, le petit frangin expatrié, bonnet vissé sur une afro approximative et check de rigueur à son posse de petit dealers de coin de rue. D'un coup, et le plus naturellement du monde, un jazz fusion élégant et non moins mélancolique vient souligner le passage d'un monde à l'autre, un monde où l'élégant Yamamoto, tiens, comme le couturier, n'est pas plus à sa place que dans un Tokyo où son clan a été décimé. Le remix final du même morceau, cette fois-ci franchement hip-hop, laisse l'album se terminer sur cette transition qui a vu le vieux yakuza friand de paris idiots, où comme dans la vie il n'est pas question de gagner à la fin, céder sa place dans le plan à son camarade de jeu à qui, au tout début du film, il avait tailladé l'oeil dans un élan de violence sèche magistrale, première ligne de contact entre le cinéma de Kitano et l'Amérique. Celle des petits voyous, des petits joueurs pour qui la réussite n'est jamais que temporaire, à l'image des jeunes paumés de Kids Return quelques années plus tôt. Sauf qu'ici, le bilan est plus amer, à tout niveau. Ne sachant vraiment comment en terminer, il laisse le personnage de Denny sur sa route, l'espace en hors-champ, sans même une seule note de musique pour l'accompagner. Les beats hip-hop ne viendront plus qu'en fin de générique, comme trop tard pour rattraper cette fuite probablement sans issue. Comme aussi, une sorte de rendez-vous écourté. Pas manqué, mais plombé dès le début si bien que, dans le souvenir, ne reste plus que cette mélodie initiale, qui avait déjà tout dit de ce qui se jouait. Sur ces nouvelles terres en fait, rien de nouveau, ni pour Kitano, ni pour Hisaishi. Et la dure constatation que le bout de chemin fait ensemble allait bientôt arriver à son terme. Comme deux frères d'arme bientôt séparés.

note       Publiée le dimanche 2 novembre 2014

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