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Michèle Bokanowski › Tabou

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Scissor Man      dimanche 24 mars 2019 - 18:58
SEN      vendredi 11 octobre 2019 - 19:43
Dariev Stands      dimanche 23 juin 2019 - 16:41
cyprine      vendredi 5 février 2016 - 10:02
GinSoakedBoy      mardi 16 septembre 2014 - 14:20

mini cd • 1 titre • 16:12 min

  • 1Tabou16:12

extraits vidéo

informations

Musique concrète réalisée en 1983-84. Collaboration à la prise de son : Michel Chion.

Mini-CD (3 pouces) sorti par le label Metamkine dans sa collection Cinéma pour l’oreille.

line up

Michèle Bokanowski (orgue électrique, musique), Debbie Berg (voix), Tom Berg (voix), Peggy Frankston (voix), Régis Pasquier (violon)

chronique

Le son tourne, passe, orbite rapide, insaisissable avec ses brisées. Comme un animal. Aile d’oiseau qui frôle. Insecte qui volette autours de la lampe. De la source ambrée. D’autres fréquences lancent leurs trajectoires avec leurs amplitudes propres, leurs torsions et alternances. Leurs vitesses. J’aime cette pièce. J’aime – ayant leur nom en mémoire, ou même imprimé sous les yeux – ne pas reconnaître les sources de ces battements qui surgissent et disparaissent, se masquent et se fondent, se soustraient et ré-affleurent… J’aime soudain les retrouver : familières mais libérées du fardeau d’énoncer, de dire, du sens – fragments de mots et de timbres, de lignes mélodiques tournée en pure plastique ; en simple temps et amplitude, masses atomiques qui sont textures, sensibles au toucher, présence pleine ; rendus enfin à la vibration. J’aime ces quelques notes luisantes, carillon final, et ce craquement cette fois pleinement identifiable : c’est un feu, ce sont des braises, la consomption ; le rougeoiement des bûches, le mouvement des flammes, saisie avec exactitude, qu’on nous restitue là dans sa dimension proche – plus intimement pris dans son halo, même, que ne nous permettrait sans doute le foyer véritable, celui capté d’abord par le micro ; comme on entend qu’en état de demi-sommeil, en fait, de rêve lucide. Michèle Bokanowski, ici, pratique une musique concrète au sens propre. Sa matière, ce sont les paramètres – hauteurs, timbres, durées, intensité – des sons qu’elle enregistre, collecte, combine. Qu’elle travaille, monte, découpe, traite. Elle les déploie, ici, les noue, les superpose, les tient en contrastes comme on ne peut faire qu’en fine intuition des semblances et affinités – des natures et chiffres distincts, aussi, peut-être inconciliables ; avec cette conscience de ce qu’ont de furtifs, d’illusoires, de médiats toutes associations, idées, exclusives ; en toute conviction de ce qu’elles ont de juste, analogues, affirmées, distinctes. Des phases, des longueurs et dessins de l’onde sonore attrapée sur la bande, la compositrice – la femme qui œuvre – façonne des rythmes ; choisit une séquence, la met en boucle, en change la vitesse pour qu’en devienne sensible l'oscillation, contenue, cachée jusqu’alors dans le mouvement des phases ; d’échos, de résonances, elle fait des axes et des mobiles, palpables, solides avec leurs propres densités et souplesses ; rubans et pivots sensibles, pointes et disques des toupies ; des registres, fondamentales et harmoniques, de leurs proportions, intervalles, articulation, elle révèle les couleurs sans en trahir les noms. Ce titre, en fait, est lui aussi une littéralité – certes poétique mais exacte, vraie. Car Tabou nous plonge dans l’aura du sonore, cette bande-ci du spectre – de vingt à vingt-mille hertz – émise par les corps, ou depuis eux, reliant un courant, marquant l’empreinte d’un geste dans l’audible ; la pièce nous en enveloppe, nous en couvre ; elle nous absorbe comme un halo, comme une chaleur émanée ; nous absorbons, répercutons, dévions la course de ses particules. Et toutes lignes et tous volumes sus, le mystère demeure de l’objet, de l’être, du moment mis en branle ; l’invention fixée sur le support, en champs magnétiques, son nom ne peut-être dit vraiment ; seulement approché – terme de technique magique prise au sens le plus humble, le plus brut, avertissement et aveu d’impossible translation ; Tabou : parce que sentie toute entière, cette forme unique ne peut être transmise en une image ; parce que tenter de la mettre en phrases ne pourrait que la réduire ; parce que vouloir la définir, seulement, serait la ramener faussement à l’abstraction d’un songe creux.

note       Publiée le mardi 16 septembre 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Faudra forcément à un moment oui !

    SEN Envoyez un message privé àSEN

    dans le genre sombre, fou, expérimental et obsédant, aucun chroniqueur pour s'attaquer à Tazartès ?

    Note donnée au disque :       
    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Longue interview de Michèle Bokanowski dans le dernier numéro de Revue & Corrigée, où il est notamment question de la genèse de ce disque ! Avis aux amateurs ;)

    Scissor Man Envoyez un message privé àScissor Man

    Ce petit bijou est réédité en CD par le label Trace agrémenté de Trois Chambres d’Inquiétude (1975-1976) et un inédit, Phone Variations. https://tracelabel.bandcamp.com/album/mich-le-bokanowski

    Note donnée au disque :       
    allobroge Envoyez un message privé àallobroge

    Très étrange ce disque et ces sons inusités qui nous plonge en terre inconnue. Je note "L'ange", merci pour la référence ci dessous!