Au début : on voit le vide majoritaire. Après, on perçoit les gouttes de plomb dans l'air, les silhouettes de rythmes se découpent en ombres pointues dans ce drap de lumière dépigmentée. La cérémonie du tech est prête, le germain peut déployer sa force minérale naturelle. Efdemin opère comme un Pantha du Prince, peut-être avec encore moins de mobilier, pour donner ce caractère horloger à cette musique de pas grand chose qui a la politesse de la pierre. Efdemin fait de la minimal house allemande, et est donc à peu près aussi prévisible qu'un programme politique européen à l'heure atlantiste, on pense même, si on est un peu coutumier du rayon, à de la musique de vegan yoguiste coiffé en bol, trop souvent équivalent techno de cette cuisine dite moléculaire qui se pignole en empilant une demi-feuille de basilic sur une émulsion fadasse vendue au prix d'une entrecôte pour deux. Sauf que Efdemin, c'en est de la raffinée et avec une épaisseur, une saveur - de la taillée au scalpel, malgré les limites évidentes du D.j., académique mais armé du contrôle d'un sixième dan, et d'une économie d'effets rappelant pourquoi l'allemand moderne nous est tant japonais. Pour le tanzfloor ? Il y a les basses ventrues de la montée "Acid Bells", peut-être la seule vraie tuerie du disque (imparable comme les plus gros passages d'un Dark Enough), et le très 90's "Back to School", seuls titres qui soient vraiment qualifiables de house dans cet album. Le reste est destiné à l'écoute agoraphobe, pure modulation de beat ultra-fétichiste, avec groove orthodoxe et esquisses de mélodies ficus, une techno tightissime qui se grignote - et nous grignote - lentement mais sûrement, comme une version sobre du plus sobre Underworld, passé par dix alambics avant de finir au goutte à goutte sur le bout des tympans. Grower (post scriptum : casque ou rien).