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Bästard › Bästard

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Membre Note Date
mroctobre      samedi 2 avril 2022 - 11:34
Klozer      lundi 30 novembre 2020 - 23:18
Dioneo      samedi 14 mai 2022 - 11:21

cd • 11 titres • ??:?? min

  • 1The Hunt??:??
  • 2Sittin' In A Cab??:??
  • 3In The Throat??:??
  • 4Sake??:??
  • 5Give Up??:??
  • 6The Snitch??:??
  • 7Kal??:??
  • 8Kouro Shivo??:??
  • 9Looking For Nancy??:??
  • 10Dinner For The Worms??:??
  • 11Fossils??:??

informations

Enregistré et mixé au BC Studio, Brooklyn, en avril 1994. Produit par Bästard et Martin Bisi.

L’édition 3CD Ici D’Ailleurs référencée plus haut constitue en fait le coffret/retrospective The Acoustic Machine. L’album ici chroniqué – précédé du titre One Rupee et suivi de quatre pistes enregistrées lors de concerts – occupe le premier des trois disques du coffret.

line up

Éric Aldéa (guitare, voix), Jean-Michel Berthier (sampler, bandes), François Cuilleron (guitare, violon), Franck Laurino (batterie), Stef Roger (guitare, basse)

Musiciens additionnels : Jack Natz (voix sur 10)

chronique

Bästard est plus lourd. Bästard est cru, aussi, rêche. Différemment – pas cru-meurtri-ecchymoses, maintenant : plutôt franchement écorché sur une large surface. Mais dans l’intervalle la chair à vif a pu se durcir en carapace. Bästard a la charpente apparente, la gorge pleine de graviers au rouge, à blanc, la frappe en fonte et le riff en coulées de taules dissoutes, fondues, liquéfiées.

Les types dans Bästard ne sont plus Deity Guns – un homme est parti, deux autres se sont joint – mais quelque chose demeure, pourtant, du même malaise. Ça devait muter, grandir, pousser compact, les ramifications rétractiles, arachnéennes, véloces. Bästard est la forme d’après, désinhibée ; avatar toujours jeune mais non plus adolescent du même organisme torturé, violent, paquet de connexions nerveuses prises dans l’enveloppe au milieu des galeries, des places à ciel ouvert. Un groupe qui désormais sait mieux comment et où il frappe. Et fort de ça ose taper plus loin, plus dur, tailler des brèches. Deity Guns retenait, compressait, couvait ses tourments, comme une crise gardée toujours au point de l’imminente explosion.

La voilà, sur ce premier album. Toujours cette ambiance de science-fiction – mais désormais il est admis que les mégalopoles aux cieux striés par les courses des vaisseaux sont à peine des anticipations : tout au plus qu'elles tiennent d'une exagération à peine métaphorique. Qu’en fait d’exosquelette un taxi fera aussi bien l’affaire qu’un meccha, quand il s’agit de traverser Tokyo, New York, Hong Kong – ou même de transiter entre Gerland et Feyzin un jour de pic de pollution, alors que ce brouillard local si épais monte d’un sol que l’Urbanisme, les ponts et chaussés, attendront quelques années encore avant de l'assécher.

Les scènes ont quelque chose de plus réel, de moins projeté autant que de moins rentré. La crasse est toujours là – dans ce noise rock qui a bouffé de l’indus versant punks irradiés, aussi, s’en est inhalé des doses massives pour mieux en recracher la noirceur collante et glacée, l’anthracite en tumeur. Ce disque est tout de remous puissants, de poussées impromptues faites cette fois pour emporter et renverser – l’exaltation de jaillir en pleine voie, à l’air libre, même si celui-là est après tout saturé de vapeurs hydrocarbures et traînées de combustions. Ce disque, par moment, trouve d’autres plages étales, presque immobiles, instants de repos où la tranquillité n'est jamais à sa place, où l’apaisement ressasse des histoires d’addiction, de business, hanté par les absences et habités par les bruissements ("my partner, attractive like a junkie…"). Ce disque est quête continuelle, poursuite hors des manques – l’ennui ne talonne plus mais il ne faut pas se poser (et où diantre a pu aller se planquer Nancy).

Bästard trouve là des éclats de jazz pas encore maitrisés complètement, effleure des atmosphères simili-asiatiques, orient spectral, plans et parfums de quartiers d’un bout à l’autre de cette citée amalgamée, songée, débordée des cassures de ses propres revêtements. Et ce disque éponyme à quelque chose d’unique, que le groupe ne touchera plus jamais aussi pleinement, complètement, toute sa diversité embrassée, brassée, abruptement articulée. Une sensibilité cette fois ci complètement libérée, gênée par plus rien, l’émotion tendue, excitée ; une force fraîche, inentamée, qui gaine et trace, une sûreté du geste instantané, intuitif mais certain du point qu’il doit toucher.

D’autres contrées, plus tard, se développeront – dans d’autres disques, album ou formats plus courts. Bästard saura d’autres finesses. Inventera peu à peu un folklore électrique, singulier, à ces mêmes quartiers, d’autres chants de remous, renversements épiques à l’usage des temps perturbés. Ici s'affirment son nom et sa plus brute beauté.

note       Publiée le lundi 8 septembre 2014

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Note moyenne        3 votes

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Et BLAM donc, Lyon-1994 écouté depuis Besac-2022... Ça va, on n'a toujours pas envie de programmer ça au bal de l'Hospice des Vétéran de Boomer City, Monde Antique. (Même si bien évidemment, c'est du noise rock de cette époque, hein - c'est juste que ça ne va pas finir de sitôt sur RFM avec Toto, Dire Straits et Deep Purple, quoi). EDIT : l'enchaînement des trois titres de fin, Looking for Nancy (lourd, bien industriel)/Dinner for the Worms (avec la voix assez Tom Waits versant Black Rider et suites)/Fossils (tout en tension retenue), ça calme toujours autant, entre autres, sur ce disque.

Message édité le 14-05-2022 à 11:55 par dioneo

Note donnée au disque :       
Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

l'anonymat est garanti par la prolifération - inquiétante - du lyonnais ici-bas.

Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Sans la fraîcheur de l'anonymat, taguer n'est plus qu'une formalité

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

et que les tags sont deja pubiques

Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Je pensais à le faire le tag Lyon! Mais puisque l'idée est déjà publique...