White Suns › Totem

Les coordonnées d'une rencontre sont gouvernées par le hasard, ou l'ennui, ou l'errance. Notre ami Raven va sûrement crier au scandale, quand il entendra que l'abscisse dont je parle se situe sur Facebook, et l'ordonnée sur le mur de Kayo Dot. Quelque chose comme une sorte de sondage, à propos du prochain album du groupe ; genre « quel label devons-nous démarcher blablabla ». Candidement, votre serviteur a répondu Profound Lore. Normal. Et un autre internaute de répondre « Flenser Records », récoltant au passage un bon paquet de « like ». Le Bandcamp nous renseigne sur l'écurie, et un clique au hasard sur cette pochette qui arrive à sublimer les mauvais souvenirs d'une biture en une demi fresque psychédélique et ésotérique va tout de suite calmer mes ardeurs. Non mais cette espèce de violence brutale et crue ! Vache. Un train rouillé lancé à la vitesse d'une fusée. Coupures et tétanos. Noise rock, ça ? Oui, si tant est que la rencontre entre Sister Iodine et Drunkdriver puisse porter ce nom. Le son tranche comme un piège à loup, salement. Non mais ce mix de batterie, quoi, c'est tellement n'importe quoi, c'est du GoPro sur les baguettes. Et les guitares, enfin, guitares... de la tôle fricassée au marteau piqueur, plutôt. N'allez pas imaginer que je vais vous parler des riffs, il n'y en a pas. Juste un gros paquet de larsens, du delay, et d'autres trucs non identifiables. Masayuki Takayanagi ne se retourne pas dans sa tombe : il en sort armé d'un câble électrique gros comme le bras pour se battre avec les gaziers. Electric Dragon 80.000 V. Ça crisse, crispe, cartonne, grince. Le punk du futur, c'est lui. Heureusement encore qu'il y a un type pour gueuler des trucs, ce serait bien ça le seul et unique repère dans cette guerre totale des ruines métallique et des circuits ferroviaire atomisés. Ça n'a ni queue ni tête et ça vous déferle dessus sans rien demander. L'ultime noise rock, prit enfin au sens propre : faire du rock avec du bruit. Éreintant.