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Scientist › Scientist Wins the World Cup

cd • 16 titres • 49:45 min

  • Ten Dangerous Matches
  • 1Untitled03:37
  • 2Untitled03:10
  • 3Untitled03:04
  • 4Untitled03:29
  • 5Untitled02:21
  • 6Untitled03:36
  • 7Untitled03:39
  • 8Untitled02:53
  • 9Untitled02:50
  • 10Untitled02:22
  • Extra Time
  • 11Untitled02:44
  • 12Untitled03:26
  • 13Untitled03:09
  • 14Untitled03:00
  • 15Untitled03:42
  • Golden Goal
  • 16Untitled02:43

informations

Enregistré à Channel One Studios, mixé chez King Tuby.

Les cinq Extra Time et le Golden Goal sont des bonus de la réédition de 2002.

line up

Gladstone Anderson (piano), Bo Pee (guitare lead), Erroll "Flabba" Holt (basse), Nambo Robinson (trombone), Scientist, Style Scott (batterie), Sky Juice (percussions), Sowell (guitare rythmique), Skully (percussions), Deadly Headly (saxophone), Hugh Mundell (voix), Johnny Osbourne (voix), Wayne Jarett (voix)

chronique

Soyons bien clair, la Coupe du Monde, je m'en tamponne le coquillard avec une patte d'alligator femelle. Si mon avis sur cette purge médiatique vous intéresse, vous pouvez toujours vous référer au texte de Pierre Desproges (comique du vingtième siècle cité à tort et à travers) intitulé "À mort le foot". Ceci n'est qu'un prétexte, assez bassement utilisé il est vrai pour tenter de faire découvrir un autre de ces albums géniaux dont personne ne parle parce que bon, le reggae c'est formidable cinq minutes et puis chiant pendant une heure et demi comme disait Michel Blanc (auteur à tendance rigolote du vingtième siècle et au-delà, si il veut bien se bouger le cul). La bonne nouvelle c'est que Hopetown Brown s'en contrefout aussi des empapaoutés milliardaires de la baballe, cette thématique ne valant guère que pour la magnifique pochette version vignette Panini-Banania qui nous renvoie à notre enfance, nous, les vieux, enfants du vingtième siècle (et au-delà pour les plus vivants d'entre nous). Point de bruitage lourdement évocateur d'une autre lourdeur, celui de l'univers chamarré et parfaitement grotesque de ces stades remplis jusqu'à la gueule d'hurluberlus peinturlurés aux couleurs du drapeau chéri (un peu comme en 36 à Berlin), brandissant force cornes de brume et autres vuvuzelas comme autant de godemichets qu'ils n'hésiteraient pas à s'enfiler joyeusement dans l'anus, justifiant ainsi les cris de bœuf en chaleur que la vue d'une chiée de blaireaux singeant Tarzan devant des filets de pêche ne saurait susciter chez des individus non atteints par une tumeur du cerveau. À peine si on entend un coup de sifflet sur un morceau, un seul. C'est dire si Scientist, lui aussi, joue du prétexte, alors pourquoi pas moi ? Et puisque la bande originale de GTA III ne saurait vous avoir conduit jusqu'ici, il est bon de rappeler que si rien ne ressemble plus à un album de Scientist qu'un autre album de Scientist, c'est pas une raison pour laisser sur la touche (ah ah ah, c'est beau d'avoir de l'esprit) un album qui, une fois bien imprimé par le cerveau, ne révèle quasiment que des morceaux de dub qu'on pourrait qualifier sans trop se palucher de parfaits. Alors pour le dub, l'histoire du truc et tout le bouzin, mon éminent collègue diplômé de l'Université de World Music Denez Prigent a déjà pondu ce que j'appellerais vite fait une chronique phare sur laquelle je vous renvoie de ce pas, il est temps de profiter un peu de la bibliographie sur Guts sinon ça sert à quoi qu'on se décarcasse ? Donc il y a quoi dans ces dix pistes, agrémentées des bonus non dispensables de sa dernière réédition ? Dès le bip familier qui vient souligner la première frappe de batterie, la messe est dite, bientôt cette basse flottante, ces grelots fantomatiques, ce balancement aquatique gonflé de reverb, et à leur suite cette guitare qui joue à cache-cache, ces cuivres aux accroches mélodiques évidentes qui passent en coup de vent, ce piano qui jazz en intermittence, et enfin une voix de rasta dont les mots n'ont que quelques secondes pour marquer leur empreinte dans cette matière sonore argileuse. À écouter très fort c'est déroutant, ça fait virevolter les sens. À écouter au casque, c'est une chatouille profonde aux trompes d'Eustache, un mélange de gazouillis psychédéliques pour les synapses et de labyrinthe jubilatoire et hypnotique qui conduit direct au nirvana, en prenant toutes les contres-allées possibles. Il va pas nous refaire le coup toutes les fois le savant fou de Kingston ? Ben si, un peu, chaque nouveau morceau qui s'enchaîne dévoilant systématiquement de nouvelles idées, de nouvelles variations, de nouvelles mélodies aussi fugaces que tenaces, oscillant sans vouloir choisir entre chaque instrument, les emprisonnant dans ce piège aqueux qui répercute d'un coup une note qui sera alors la dernière, avec toujours cette guitare rythmique caoutchouteuse comme un scratch de hip-hop tout en réglisse. Avec toujours les impeccables Roots Radics aux commandes instrumentales, fidèles au poste et fin prêts à se ramasser de plein fouet les ondes de sorcelleries qui déforment et malaxent jusqu'au vertige. Si Scientist lui-même n'a pas jugé bon de ne pas différencier ses morceaux en ne leur donnant aucun titre, c'est pas pour donner dans le track-by-track, de toute façon c'est un peu toujours pareil tout du long de l'album. Sauf que c'est jamais vraiment pareil et c'est pour ça que c'est aussi génial, aussi jouissif. Chaque nouveau redémarrage après en gros trois minutes (juste le temps pour que la mixture prenne comme il faut) est comme une nouvelle gorgée de breuvage estival et hallucinatoire au goût toujours renouvelé, aux saveurs subtilement changeantes. Comme je suis pas chien, je vous sers vite fait ma liste des meilleurs cocktails du Scientist, tirage dans le désordre : le 1, le 8, le 4, le 5, le 9 et puis les extra-balles (ouais, c'est pas la bonne métaphore, mais je vous avais prévenu, j'aime pas le foot), la 11 avec ses coups de fouet et son rastaman complètement paumé dans le flou, la 13 avec son irrésistible riff de cuivres et son clavier aigrelet et pour en finir la sublime 15, orchestration riche et phosphorescente, empreinte de magie. Voilà, vous savez ce qui vous reste à faire au lieu de regarder des conneries à la télé. Élevez votre esprit, débranchez de tous vos réseaux, roulez-vous en un petit si ça vous chante, mais surtout ouvrez vos esprit et laissez-vous dériver au fil des échos échappés de l'étrange labo de Mr. Brown.

note       Publiée le jeudi 12 juin 2014

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Puisqu' apparemment le puissance médiatique totalitaire du cirque romain moderne s'insinue partout, même dans les confins les plus sombres et expérimentaux du net, piqure de rappel sur ce qu'il est bon d'écouter quand les celsius s'envolent un peu trop.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    la coup du monde, ca sert a ce que le FN fasse la une que 11 mois par ans les annees paires non bisextiles.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    "l'Université de World Music Denez Prigent ", ah ah ah, técon... ! (Je ressors mon Almanach, pour la peine ? ... Allez, y'a moyen).

    En vrai merci pour le lien. Et bien cool d'en rajouter un du gars, oui, parce que bon, au moins pour ceux de cette série - celle avec ces pochettes incroyables - ce serait difficile de trouver du mauvais ou même du moyen ! Je trouve toujours le Rids The World... un poil au-dessus des autres mais c'est perso et de toute ça se joue vraiment à pas grand chose ! Super psyché et toujours bien, bien inventif dans la variation, ouais, tout ça. Je lance le Encounters Pacman, tiens, pour fête ça, allez hop. (Ça faisait un moment... Et ça fait toujours autant de bien).