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Noir Désir › Du ciment sous les plaines

  • 1991 • Barclay 847973-2 • 1 CD

cd • 14 titres • 50:16 min

  • 1No No No
  • 2En route pour La Joie
  • 3Charlie
  • 4Tu m'donnes Le Mal
  • 5Si rien n'bouge
  • 6The Holy Economic War
  • 7Tout l'or
  • 8La Chanson de La Main
  • 9Pictures of Yourself
  • 10Les Oriflammes
  • 11Hoo Doo
  • 12Elle va où elle vient
  • 13Le zen émoi
  • 14The Chameleon

informations

line up

Bertrand Cantat (chant, guitare, harmonica), Serge Teyssot-Gay (guitare, voix), Frédéric Vidalenc (basse, voix), Denis Barthe (batterie)

Musiciens additionnels : Jean Blaute (accordéon, orgue)

chronique

Voilà donc, très chers gentlemen, pieds-tendres, et autres dames de compagnie du saloon, le mal-aimé de Noir Désir. Accueillez-le, servez lui une lichette de sky, c'est un bon pote. Il fût acheté par la populace, hein, aussi - c'était la condition pour le laisser moisir comme la dernière des merdes : être possédé par quantité non-négligeable de bons Français, qui l'auront tout autant laissé prendre la poussière... ce qui finalement, lui est est destiné comme le sable et le ciel, tant ce Noir Désir-là sentait le désert de l'autre côté de la grosse rivière de sel entre Hexagone et States, le périple à dos de canasson far far away from bassin d'Arcachon. Mal-aimé, comme l'a toujours été Il était une fois la révolution après Il était une fois dans l'Ouest - puisqu'on cause western. Après, faut aussi dire qu'il demande un peu de pousser l'hymen à l'ongle, c't'album, avec ses airs de resucée brouillonne et bougonne : je me souviens très bien avoir emprunté la chose en médiathèque, avant de la rendre un peu dépité, juste amusé par La "Chanson de la main" - mais n'y retenant qu'une œuvre faite avec les pieds. Et puis, j'y suis revenu un peu par hasard... et je m'y suis attaché, au détour de soirées de lose qui m'ont révélé son appartenance à la catégorie serrée des albums qui vous sauvent la mise, avec ces chansons qui ont l'air de pas grand chose dix fois, pis qui vous choppent à la gorge soudain, quand vous êtes avachis à moitié bourré, à soudainement vous sentir capable de noyer de votre amour corbeau toutes ces connes d'ex et de futures ex, et tous ces cons de potes fâchés, à vous lever et à vous taper une gigue hallucinée; limite, à chercher deux-trois plumes pour vous garnir le scalp, même. Veuillez rendre l'âme II, c'tout - avec déjà un peu de Tostaky, soyons honnêtes : dans cette imperfection rugueuse. Il y a tout de même l'enchaînement des cinq premiers titres, que j'estime au minimum inattaquable. Des successeurs pour ces sombres héros assis à l'arrière des taxis, telles "Tu m'donnes le Mal" avec la sublime spirale infernale, ou ce "Charlie"... "elle coule, la rivière de sang chaud". Oui, elle coule, mon Bébert : ta passion, même fainéante, reste là qui brûle sous la peau, et attend de jaillir comme le sang chaud d'une carotide fendue au coupe-papier, sous les riffs en peau-de-serpent du si singulier Serge Teyssot-Gay. Les mauvaises langues vous diront "trop d'harmonica". Comme pour les deux d'avant. Elles n'auront pas forcément tort. Moi ça me gêne pas, ça donne un côté encore encore plus alty-country, par facilité peut-être - genre "recette répétée" - de même que ces chœurs vaillants en font la touche morriconienne prononcée. Et y a ce côté 'à l'arrache', avec cette pincée de titres bien butés façon Comanches keupons, tels la culte "Chanson de La Main", ou ce "Zen émoi" ouvertement posé pour remplir ("O sole mio", ahahah quel con), du meublage pour l'objectif auditeur qui n'est qu'un virevoltant que le vent que je suis balaie. Et oui... les titres en anglais sont ici parmi leurs meilleurs ; "I'm so silly", j'accroche mortellement, et ses reprises façon "j'suis Jeffrey Lee piercing-sourcilien, cherche pas chérie j'ai trop la classe" ont autant sinon plus de sel que l'original : Bertrand avait cet anglais terreux et approximatif, mal dégrossi, du gars qui écoute mais maîtrise pas la langue, qui fait comme capté direct en sortie d'alambic, et qui faisait aussi le charme "reprise en fin de soirée pour les copains" de Noir Dez. C'est aussi ça qu'était bon avec eux : ce côté arty oui, mais ce côté ouvrier, cette sensation d'avoir un "groupe de potes deluxe". On a tous été leurs potes un jour, nous qui sommes nés entre 70 et 90. Alors, merde, chique et tord-boyaux : pourquoi ce second Noir Dez a-t-il été abandonné à sa solitude comme la dernière des catins indiennes de la dernière réserve, comparé à tous les autres ? Parce qu'il a la même flamme que le premier, sans en avoir les sommets incandescents ? Parce qu'il est le cuir entre deux chairs ? Non. La raison est évidente - vous ne la voyez donc pas ? Faites un effort, allons... Voilà. On sous-estime toujours les albums maudits à cause d'une bête erreur d'emballage, mais se sont aussi ceux-là qui vous emballent, à la sournoise. Je préconise écoute impulsive, à minuit, pour y voir plus clair et frôler l'épiphanie. "Moralité : il est mort alité"... Tostaky aura encore pas mal de restes de celui-ci, c'est évident, tout comme celui-ci préfigure par endroits une forme de passage du gothique au noise-rock, mais Noir Désir s'y fracasseront volontairement quelque chose de beau, comme contre un mur un peu froid. Ici, on est au chaud, et le sang bat dans les tempes.

note       Publiée le vendredi 23 mai 2014

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Que j'aime les parties de grattes de Serge T-G, toujours tendues avec cette reverb' a l'ancienne et ses fulgurances.

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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A ressortir oui, cette chro m'interpelle

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

le mal aimé, parmi la foultitude de titres de noir dez dont on ne peut oublier le titre, combien viennent de celui-ci? The holy economic war, de part son coté prémonitoire peut-etre (ça sonne très bush years en tout cas). Ressorti il y a quelques jours, en m'apercevant que je le connais très mal; belle idée de réparer ça.

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